Baabda reproche à Hariri d'avoir refusé tout amendement à la formule proposée

La présidence libanaise a accusé jeudi l'ancien Premier ministre, Saad Hariri, d'avoir refusé tout amendement à la mouture de gouvernement qu'il a proposée au chef de l'État et d'avoir préalablement décidé de se récuser. A l'issue d'un entretien plus tôt dans la journée avec Michel Aoun, Saad Hariri avait annoncé sa récusation, neuf mois après avoir été désigné pour former le cabinet et au moment où le pays est confronté à la pire crise socio-économique de son histoire.

"Au cours de leur entretien, le président Aoun a fait part au Premier ministre désigné de ses remarques sur la mouture proposée, en lui demandant d'apporter quelques amendements pour revenir à l'accord conclu dernièrement après les efforts du président de la Chambre Nabih Berry. Cependant, M. Hariri n'était pas prêt à discuter d'un amendement quel qu'il soit, suggérant que le président Aoun prenne un jour de plus pour accepter la formation proposée", souligne un communiqué de Baabda. "Le président Aoun lui a alors demandé à quoi servait une journée supplémentaire si la porte était fermée à toute discussion. C'est ainsi que la réunion s'est terminée et que M. Hariri est parti", ajoute le texte.  "Le président Aoun a souligné la nécessité de respecter l'accord conclu précédemment, mais le Premier ministre Hariri a rejeté tout amendement lié à tout changement dans les ministères, la répartition communautaire et les noms des ministres", poursuit la présidence. Selon le communiqué, M. Hariri a aussi refusé de prendre l'avis "des groupes parlementaires afin que le gouvernement obtienne la confiance nécessaire au Parlement". Pour le palais présidentiel, "le refus du Premier ministre désigné de s'entendre avec le président et de discuter avec lui pour procéder à des changements dans les noms et les portefeuilles montre qu'il avait préalablement décidé de se récuser, et ce malgré la volonté manifestée par le président de la République de lui faciliter la tâche".  Enfin, Baabda indique que M. Aoun "fixera au plus tôt la date de consultations parlementaires contraignantes".

Saad Hariri avait présenté mercredi au président Aoun une proposition de gouvernement composé de 24 ministres, dans l'esprit selon lui de l'initiative du président du Parlement Nabih Berry et de la feuille de route du président français Emmanuel Macron. Il avait affirmé attendre la réponse de M. Aoun jeudi avant-midi, "afin de pouvoir agir en conséquence".  Jeudi après-midi, le Premier ministre désigné a annoncé qu'il renonçait à former un gouvernement, près de neuf mois après avoir été nommé et au moment où le pays est confronté à la pire crise socio-économique de son histoire.