La Chine, à la fois "partenaire" nécessaire et "rival systémique", affirme Jean-Yves Le Drian

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a affirmé que la Chine était à la fois un "partenaire" nécessaire du monde occidental et un "rival" en terme de modèle, lors d'une visite à Washington mercredi.

La Chine a "changé", a affirmé le ministre des Affaires étrangères, citant par exemple le discours au "contenu agressif" de Xi Jinping lors du centenaire du Parti communiste chinois. "C'est une nouvelle histoire", a-t-il dit à l'occasion d'une conférence organisée par la Fondation Carnegie pour la paix internationale, évoquant les "objectifs de domination" de Pékin. "Cette évolution-là, peut-être que nous avons tardé à l'appréhender." Un "partenariat" est "nécessaire" avec la Chine, pour être "à la hauteur des grands défis d'aujourd'hui", a déclaré M. Le Drian.

Pour autant, il doit y avoir une "exigence de transparence", de "réciprocité" et une "fermeté sur les grands enjeux", car Pékin est un "concurrent stratégique et économique" et un "rival systémique". "Nous portons un regard lucide, dénué de naïveté sur les défis posés par la Chine et sa façon d'affirmer sa puissance", a déclaré le ministre.

Interrogé sur l'attitude nécessaire face à Moscou, M. Le Drian a affirmé que "refuser de parler avec la Russie, c'est l'entraîner vers l'Est", notant un "rapprochement militaire avec la Chine" ces derniers mois.

Constatant une "dérive autoritaire" de la Russie, le chef de la diplomatie française a insisté sur l'importance du dialogue avec elle, quelques semaines après le sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine.

"Quand on a un voisin, surtout quand il est très encombrant, il vaut mieux parler avec lui", a-t-il dit. "La Russie restera là", a affirmé M. Le Drian, "elle est insupportable, elle a un sale caractère, mais elle est là".

Questionné sur les propos tenus par Emmanuel Macron, qui avait dénoncé la "mort cérébrale" de l'OTAN en 2019, M. Le Drian a expliqué qu'il y avait eu pendant les quatre dernières années, soit le mandat de Donald Trump, "une forme de doute partagé" sur "la solidité des liens, la fermeté des engagements". Mais l'arrivée de Joe Biden au pouvoir a changé la donne, et le "sommet de Bruxelles peut être considéré comme une relance de l'alliance", a-t-il dit.

Appelant l'Union européenne et les Etats-Unis à travailler ensemble, M. Le Drian a affirmé qu'aucune des deux puissances ne pouvait se permettre "d'agir seule dans le monde brutal d'aujourd'hui".