Le Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun) et le courant du Futur, dirigé par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, ont à nouveau échangé samedi des critiques et se sont, une fois de plus, accusés mutuellement du blocage dans la formation du gouvernement, qui est attendu depuis onze mois. Les communiqués des deux partis semblent confirmer que la tentative d'ouverture opérée cette semaine par le chef du CPL, Gebran Bassil, en direction de Saad Hariri, ne parviendra pas à réconcilier les deux camps.
Le Liban est sans gouvernement effectif depuis la démission de l'équipe de Hassane Diab dans la foulée de l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Nommé en octobre de la même année pour former le nouveau cabinet, le leader du courant du Futur, Saad Hariri, n'arrive toujours pas à accomplir sa mission, en raison de sa querelle politique et personnelle avec le camp du chef de l'Etat. Les informations concernant une éventuelle récusation de Saad Hariri restent donc d'actualité et continuent de faire l'objet de tractations.
"Il n'est ni normal ni naturel que la formation du gouvernement au Liban fasse l'objet de discussions entre les capitales du monde entier tandis que le premier concerné continue d'ignorer son obligation constitutionnelle, près de neuf mois après sa désignation", a critiqué le bureau politique du mouvement aouniste dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion hebdomadaire. "Si le temps qui s'écoule rapidement ne suffit pas à agiter sa conscience, les scènes de gens craignant pour leur vie et qui attendent en colère devant les stations-service et les pharmacies ne peuvent-ils pas le faire ?", s'est interrogé le parti.
Obstacles internes surmontés
Le CPL a encore estimé que la visite à Riyad des ambassadrices américaine et française à Beyrouth, Dorothy Shea et Anne Grillo, afin de discuter avec les autorités saoudiennes de la crise libanaise, prouve l'existence d'obstacles internationaux à la mise sur pied du cabinet. "Que disent aujourd'hui ceux qui s'obstinaient à nier le facteur externe du blocage", s'est interrogé le parti aouniste, estimant que "toutes les calomnies" qui rendaient Michel Aoun et le chef du parti, Gebran Bassil, responsables du blocage "ont échoué". "Malgré tout, le CPL appelle le Premier ministre désigné à trancher rapidement" concernant une éventuelle récusation et à former le nouveau gouvernement "par indulgence pour les Libanais, maintenant que tous les obstacles internes ont été surmontés", poursuit le communiqué.
Par ailleurs, le mouvement aouniste a estimé, en ce qui concerne la levée de l'immunité de trois députés que le juge chargé de l'enquête sur l'explosion au port de Beyrouth souhaite obtenir, que "rien ne peut supplanter la justice". Le CPL a appelé à ce que la vérité soit faite au sujet des "personnes qui ont fait preuve de négligence professionnelle, celles qui ont importé le nitrate d'ammonium et l'ont utilisé et qui ont pu le faire exploser à des fins terroristes", soulignant toutefois qu'il ne fallait pas se contenter de "restreindre le crime à des négligences professionnelles et à des surenchères injustes envers ceux qui sont innocents". "Il faut que toutes les personnes recherchées soient interrogées, quel que soit leur position ou leur rang".
"Pauvre Gebran Bassil"
Dans son communiqué, le courant du Futur a de son côté violemment critiqué Gebran Bassil. "Le gendre du mandat présente la pire image possible" du mandat actuel et "est passé maitre dans l'art de s'insulter lui-même et la présidence à chaque fois qu'il s'exprime et cible Saad Hariri", a estimé le Futur dans un communiqué. Il a ajouté que M. Bassil souhaite faire porter au leader du Futur la responsabilité de la crise actuelle, alors que "le président de la République est le principal responsable des souffrances des Libanais". "D'où Gebran Bassil tire-t-il son audace lorsqu'il dit que les obstacles dans la formation du cabinet ont été surmontés ?", a lancé le Futur. "Pauvre Gebran Bassil, le peuple est victime de ses paroles et il a fait tomber avec lui le mandat dans un bourbier dont il est impossible de se sauver", a ajouté le courant haririen.
Dans deux entretiens accordés cette semaine au Nahar et à la revue électronique as-Sahem, le député de Batroun avait pris le soin d’adresser des messages soi-disant positifs au Premier ministre désigné avec qui les rapports sont complètement rompus. "Si Saad Hariri se récuse, nous serons les plus grands perdants", avait-il notamment déclaré, affirmant que le "problème de l'octroi de la confiance" des aounistes à un cabinet Hariri avait été résolu.
Une nouvelle réponse du CPL a rapidement été publiée par le "comité central pour les médias" du parti, accusant le courant haririen de "se cacher à nouveau derrière les insultes et les propos offensants" afin d'éviter d'avoir à faire face "à la vérité et à un moment décisif". "Le Premier ministre désigné a personnellement la responsabilité de trancher : soit il forme rapidement un gouvernement, et c'est cette option que nous soutenons, soit il se récuse, ce qui constituerait une abomination", a souligné le courant aouniste.
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Impérieux et impétueux droit dans ses bottes, le doigt pointé vindicatif, défiant toute personne désirant le contrarier dans sa démarche à l’assaut de la Présidence de la République. Ainsi est, le capricieux de la république, prêt à vendre beau-père et ses principes, même les plus inexistants pour arriver à ses fins. Se contre disant sans vergogne, ce qui était vrai à ses yeux hier n’est que balivernes aujourd’hui. Avec lui nul ne sait de quoi demain sera fait ! Dangereux jusqu’à la moelle des os, il ne doute jamais de sa capacité de nuire. A paupériser le pays jusqu’à la déchéance collective. Il a promis monts et merveilles, on a trouvé famine et misère. Le plus étonnant c’est qu’il y ait quelques irréductibles, qui ont la faiblesse d’y croire aux promesses d’un bonimenteur. Quant à Hariri il s’est pris les pieds dans le tapis, s’il se récuse, il n’aura plus droit de citer ni d’être cité. L’Eventuel remplaçant n’y changera rien. On tournera en rond jusqu’en 2022 pour élire le judas de la République Président, et ensuite lui nommer des députés aux ordres du Hezb. Ce sera donc la fin de Haricots. L’Iran débarquera avec armes et bagages, nos mères, nos femmes et nos filles porteront la burka, nos églises seront des mosquées et les récalcitrants finiront leurs jours dans les geôles Iraniennes au lieu des Syriennes. Tout cela pour les caprices d’un gendre officiel qui veut emmener aux enfers le Pays du Grand Cèdre. Que Dieu sauve le Liban.
Le Point du Jour.
15 h 07, le 12 juillet 2021