L’Association des banques du Liban (ABL) va renouveler aujourd’hui son conseil d’administration, deux ans après la désignation du PDG de Bank of Beirut, Salim Sfeir, à la tête de l’association où il avait succédé en 2019 à Joseph Torbey, PDG du Crédit libanais.
Outre les membres actuels du conseil qui sont tous candidats à leur propre succession, deux nouveaux dirigeants de banque se présentent à cette élection : le PDG de la banque BEMO, Riad Obegi, et celui de la FFA Private Bank, Jean Riachi, qui ont tous deux confirmé l’information à L’Orient-Le Jour. Les deux hommes espèrent intégrer le conseil en tant que membres. Si le premier n’a pas souhaité faire de déclaration particulière pour commenter sa candidature, le second a affirmé se présenter pour « faire passer un message ». « L’ABL fait aujourd’hui face aux conséquences d’une série de mauvais choix qui ont entraîné le secteur dans la tourmente. La première a été de ne pas se tenir aux côtés de son président, François Bassil – alors PDG de Byblos Bank –, qui avait fait part dès 2011 de son hésitation à investir dans les obligations émises par l’État libanais, jugeant qu’il n’avait pas, déjà à l’époque, respecté ses engagements de réforme. En 2014, il avait même fini par convaincre l’association de ne pas souscrire à ces obligations. Il était ensuite revenu sur sa décision après avoir été menacé, notamment de poursuites pénales », a exposé Jean Riachi. En 2014, François Bassil avait effectivement fait l’objet d’une procédure pour diffamation lancée contre lui par le député Hani Kobeissi du mouvement Amal. « La deuxième grande erreur de l’ABL est de ne pas avoir mesuré les risques des opérations d’ingénierie financière lancées par la Banque du Liban à partir de 2016. La troisième a enfin été de gérer la crise actuelle en refusant de regarder la réalité en face », a conclu Jean Riachi. Contactée, la direction de Byblos Bank n’a pas réagi.Outre Salim Sfeir et Joseph Torbey (qui est membre du conseil), les autres membres du conseil actuel sont : le directeur général au sein de Fransabank, Nadim Kassar (vice-président de l’ABL) ; le PDG de la Banque libano-française, Walid Raphaël (secrétaire) ; le PDG de la Lebanese Swiss Bank, Tanal Sabbah (trésorier) ; le PDG de Bank Audi, Samir Hanna ; le PDG de Bank of Beirut and the Arab Countries (BBAC), Ghassan Assaf ; le PDG de BLOM Bank, Saad Azhari ; le PDG de Byblos Bank, Semaan Bassil ; le PDG de Fenicia Bank, Abdel Razzak Achour ; et le PDG de la SGBL, Antoun Sehnaoui. Makram Sader occupe toujours le poste de secrétaire général de l’association. Elu en 2019 en tant que membre du conseil d'administration de l'ABL, Mohammad Hariri a, lui, démissionné en 2020 de son poste de PDG de BankMed.
Cette élection survient dans un contexte pour le moins exceptionnel marqué par une crise sans précédent dans l’histoire récente du Liban, dans le cadre de laquelle le secteur bancaire a imposé des restrictions aux déposants sans obtenir la couverture légale du Parlement qui a attendu le printemps dernier pour relancer ses travaux de préparation d’une loi instaurant un contrôle formel des capitaux. En juillet 2020, l’ancien directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, avait affirmé au Financial Times que près de 6 milliards de dollars avaient été envoyés « en contrebande » hors du pays par « des banquiers qui n’autorisent pas aux déposants de retirer 100 dollars » de leurs propres comptes, reprochant à « l’élite politique et bancaire (du pays) d’essayer de continuer à profiter du système, sans accuser de pertes ».
commentaires (2)
S’ils étaient compétents au point d’occuper un poste pareil ça se saurait et le Liban n’en serait pas là. Du sang neuf et abat les collaborateurs des vendus et du système. Les libanais en ont plus que marre de ces mafieux.
Sissi zayyat
12 h 09, le 29 juin 2021