Des "mesures pratiques exceptionnelles" vont être prises par les autorités libanaises pour permettre à la Banque du Liban (BDL) de faire les "arrangements nécessaires" afin de limiter la crise des carburants au Liban. Depuis plusieurs semaines, remplir son réservoir d'essence s'apparente en effet à un véritable parcours du combattant, de longues files d'automobilistes s'agglutinant devant les stations-service tandis que les produits hydrocarbures sont rationnés à la vente. L'annonce de futures "mesures exceptionnelles" a été faite à l'issue d'une réunion au palais présidentiel, en présence des ministres sortants de l'Energie, Raymond Ghajar, des Finances, Ghazi Wazni, ainsi que du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé. Aucune précision n'a toutefois été apportée, jusqu'à présent, sur les dispositions qui seraient appliquées.
La banque centrale fournit depuis octobre 2019 au taux officiel (1507,5 livres pour un dollar) près de 90 % des devises nécessaires aux importateurs de carburant, le reste étant payé au taux du marché parallèle qui a passé la barre des 15 000 livres libanaises pour un dollar depuis une semaine. Toutefois, les réserves en devises de la BDL ayant atteint un seuil critique, l'institution limite désormais les crédits octroyés aux importateurs. A cela s'ajoutent les problèmes de stockage illégal des carburants par certains commerçants et la contrebande en direction de la Syrie, où l'essence peut être revendue à un prix plus avantageux pour les trafiquants.
"Plusieurs propositions"
Lors de la réunion présidée par le chef de l'Etat, Michel Aoun, "plusieurs propositions ont été étudiées" pour résoudre la question des pénuries d'essence et éviter toute "répercussion négative" de cette crise sur "la sécurité et la stabilité" dans le pays. Plusieurs incidents, avec parfois des personnes armées, ont déjà éclaté ces dernières semaines dans des stations, entre clients ou avec les employés.
Le président Aoun a ensuite appelé le Premier ministre désigné, Hassane Diab, afin de discuter avec lui des différentes suggestions proposées, rapporte le bureau de presse de Baabda. "Il a été décidé de prendre des mesures pratiques exceptionnelles pour permettre à la BDL de procéder aux arrangements nécessaires afin d'empêcher que la crise ne s'aggrave, dans l'attente de lois étudiées au Parlement qui permettraient des solutions plus exhaustives concernant les subventions", ajoute le communiqué.
Les commissions parlementaires étudient actuellement un projet de cartes d'approvisionnement qui seraient distribuées aux familles dans le besoin, afin de compenser la levée des subventions sur les produits de première nécessité et donc l'augmentation de leurs prix.
Selon notre correspondante au palais de Baabda, Hoda Chédid, l'une des solutions qui auraient été discutées consiste en l'ouverture de crédits en dollars au taux de 3 900 livres libanaises pour un billet vert, au lieu du taux officiel de 1 507,5. Il n'était toutefois pas clair, jusqu'à présent, si la BDL couvrirait l'intégralité du prix des produits importés à ce taux ou à raison d'un certain pourcentage, et le reste au taux du marché parallèle, comme c'est actuellement le cas.
Fonds débloqués "sans retard"
Avant la tenue de la réunion, le syndicat des propriétaires de stations-service au Liban avait appelé jeudi le président Aoun à prendre rapidement des mesures "radicales" pour assurer les livraisons d'essence en quantité suffisante aux stations. "Il est temps d'épargner aux Libanais les files de voitures", a écrit Georges Brax, porte-parole du syndicat, dans un communiqué. "Nous encourageons le président Aoun et les personnes qui participeront à la réunion à Baabda à prendre toutes les décisions nécessaires et à les mettre en place immédiatement", a-t-il ajouté. M. Brax a souligné que, quel que soit le mécanisme adopté, il faudra s'assurer que les fonds nécessaires soient débloqués "de manière constante et sans retard" par la Banque du Liban (BDL) à tous les importateurs. Il a encore réclamé que des mesures soient prises pour que tous les produits importés soient distribués "dans toutes les stations de tout le territoire", en limitant les pratiques de stockage illégal et de contrebande. Si ces questions ne sont pas réglées, les Libanais "continueront à souffrir" des pénuries et les réserves en devises de la BDL continueront de fondre.
La semaine dernière, des propos du ministre Ghajar concernant les subventions sur le carburant avaient suscité l'indignation, lorsqu'il avait affirmé que, la levée de ces subventions étant devenue quasiment inéluctable, "ceux qui ne peuvent pas payer 200 000 livres pour un bidon d’essence devront trouver d’autres moyens" de transport, alors même que le réseau de transport publics dans le pays est vétuste.
Mais oui des mesures exceptionnelles telles que puiser dans les réserves obligatoires. La BdL va bruler sa dernière carte et la livre libanaise ne vaudra plus rien. Aucun pays du monde n’a eu un régime aussi fort avec un président encore plus fort sans oublier le superman gendre
20 h 23, le 24 juin 2021