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Culture - Arrêt sur image

Du haut de ces silos, le cataclysme du 4 août vous contemple...

Du haut de ces silos, le cataclysme du 4 août vous contemple...

Dia Mrad, « Dunes of Beirut » (150 x 200 cm, 2021).

C’est une photo d’une beauté captivante. La première d’une série, signée Dia Mrad, immortalisant les silos de Beyrouth après le cataclysme du 4 août.

Intitulée Les Dunes de Beyrouth, cette image grand format (150 x 200 cm) d’un homme qui semble avancer dans le désert vers les hauts blocs blancs entourés d’une nuée d’oiseaux charognards est à la fois d’une douloureuse et douce poésie.

Élégie de ce qui furent les puissants greniers à blé du Liban, et qui ne sont plus aujourd’hui qu’un édifice défait vomissant ses entrailles, cette composition est d’un symbolisme éloquent. Comme un mémorial du terrible sort de cette ville...Car c’est tout le fracas de l’explosion du port qu’elle narre subrepticement, mais aussi son impact sur le visage urbain de cette capitale blessée, isolée, abandonnée, ramenée des siècles en arrière par la tragédie, qu’elle évoque à travers ces monticules de grains formant des dunes désertiques. Un paysage à la fois dévasté mais d’où émane une force silencieuse empreinte d’éternité, vers lequel l’homme se dirige résolument, comme s’il s’engageait dans le chemin de la résilience.

D’autres images de ce même paysage traduisent également la vision qu’a Dia Mrad de l’âme profonde de Beyrouth, de son essence immémoriale et immortelle. En dépit de tous Les oiseaux de malheur (Birds of Hell) qui tournoient dans son ciel et des Arbres de l’apocalypse (Apocalypse Tree) enracinés dans son sol, pour reprendre les titres des deux autres clichés qui, ajoutés à cette photo, forment un triptyque. Une série spécialement conçue comme un hommage à ces silos à grains. « Lesquels, en protégeant une large partie de la capitale, sont devenus un des “monuments” de cette ville », indique leur auteur

dans sa note d’intention.

Dia Mrad, « Oil on Water » (90 x 120 cm, 2021). Photo DR

Charge émotionnelle

« Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or », écrivait Baudelaire en préambule de ses Fleurs du mal. Une citation qui vient spontanément à l’esprit devant la vingtaine de photographies de Beyrouth post-4 août de Dia Mrad, accrochées pour la toute première fois sur les cimaises d’une salle d’exposition. En l’occurrence, celle d’Arthaus* à Gemmayzé, dont les murs en béton brut se prêtent à la scénographie immersive qui sous-tend ces œuvres à forte charge émotionnelle.

Une première solo d’une belle intensité, intitulée The Road to Reframe (La route à recadrer), que ce jeune photographe d’architecture (dont le talent avait déjà été repéré par L’Orient-Le Jour et présenté dans ces mêmes colonnes) dédie aux victimes de l’explosion au port de Beyrouth. Aux familles desquelles seront reversées 30 % des recettes des ventes de ses tableaux photographiques. À découvrir.

* « The Road to Reframe » de Dia Mrad à Arthaus, Gemmayzé, jusqu’au 30 juin. L’exposition est ouverte au public tous les jours de 13h à 22h.

C’est une photo d’une beauté captivante. La première d’une série, signée Dia Mrad, immortalisant les silos de Beyrouth après le cataclysme du 4 août. Intitulée Les Dunes de Beyrouth, cette image grand format (150 x 200 cm) d’un homme qui semble avancer dans le désert vers les hauts blocs blancs entourés d’une nuée d’oiseaux charognards est à la fois d’une douloureuse et...

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