
Le président du Parlement Nabih Berry. Photo d'archives AFP
Le président du Parlement libanais Nabih Berry a exprimé lundi son irritation croissante face aux attaques du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) contre le Premier ministre désigné Saad Hariri, se demandant "quelle alternative crédible" avaient ses détracteurs, dans des propos accordés au quotidien al-Joumhouria.
Les déclarations du chef du Législatif interviennent alors que des informations de plus en plus pressantes font état ces derniers jours d'une possible récusation de M. Hariri, après l'échec de tous ses efforts à former un cabinet depuis le mois d'octobre, le pays étant sans gouvernement effectif depuis août 2020.
"Qui pourrait être l'alternative ? Disposent-ils d'une option convaincante capable d'affronter les défis actuels et les répercussions de la crise économique et sociale (..) ? Disposent-ils d'une alternative objective et sérieuse qui puisse protéger l'accord de Taëf dans son essence et ses équilibres ?", s'est interrogé le président du Parlement. "Quelle farce ! Ce n'est pas ainsi que les choses fonctionnent !", s'est-il exclamé. "Ce n'est pas avec cette légèreté que peut être traité le dossier de la formation d'un gouvernement, dans un moment fatidique qui ne supporte pas les manœuvres et les expériences", a-t-il ajouté.
Sans nommer le CPL, M. Berry a affirmé qu'"ils devaient le convaincre d'une alternative, et convaincre sayyed Hassan Nasrallah", le chef du Hezbollah, ainsi que les autres acteurs politiques qu'il a énumérés.
Jusqu'au dernier souffle
Gebran Bassil, déterminé à trouver un remplaçant au Premier ministre désigné, a enchaîné au cours des derniers jours les rencontres avec des personnalités sunnites : Fouad Makhzoumi, Fayçal Karamé, Jawad Adra ou encore Abdel Rahman Bizri.
"Nous n'accepterons pas ceux qui agissent de façon à gaspiller les chances de sauvetage suite à des calculs étroits", a encore dit le président du Parlement.
Interrogé sur le sort de son initiative, M. Berry a indiqué à al-Joumhouria que celle-ci "se poursuivra jusqu'au dernier souffle". Le président de la Chambre avait proposé une initiative basée sur un cabinet de 24 ministres (huit pour chaque grand pôle politique du pays) dans lequel aucune partie ne pourrait obtenir le tiers de blocage. Ce tiers de blocage et la nomination de deux ministres chrétiens flottants sont au cœur des tensions entre les protagonistes.
Le bureau politique du mouvement Amal, dirigé par Nabih Berry, a lui aussi indirectement critiqué le camp aouniste. Dans un communiqué publié lundi, il a mis en garde contre "des conséquences désastreuses" si l'initiative Berry était bloquée.
L'ancien mufti de la République, le cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a pour sa part critiqué dans un communiqué lundi la "tentative de pousser un Premier ministre désigné à se récuser en plaçant des obstacles sur son chemin". Tout en admettant que la Constitution accorde à tout Premier ministre désigné le droit de se récuser, il a estimé qu'il était inacceptable de le pousser à le faire en raison "du rejet répété des formules" gouvernementales par le chef de l'État, qui se pose en "législateur s'arrogeant des prérogatives non accordées par la Constitution". Il a enfin dénoncé "une tentative claire de violer la Constitution et un précédent mettant en danger l'accord de Taëf".
Le nouveau cabinet est attendu depuis dix mois. Le gouvernement de Hassane Diab avait démissionné le 10 août dernier, suite à la double explosion meurtrière au port de Beyrouth. Saad Hariri, désigné Premier ministre en octobre pour reprendre le flambeau, est empêtré dans un conflit politico-personnel avec le chef de l'État Michel Aoun et le gendre de celui-ci Gebran Bassil. L'impasse des tractations semble totale malgré les efforts de M. Berry.
Au cours du week-end écoulé, Saad Hariri avait fait l'éloge du président du Parlement, affirmant que "Saad Hariri est synonyme de Nabih Berry et vice-versa". "C'est le seul à s'être tenu à mes côtés depuis le début du processus gouvernemental. Il ne m'a jamais laissé, et je n'ai jamais entendu des propos de sa part selon lesquels il me délaisserait", avait dit M. Hariri. Dans un entretien au quotidien panarabe al-Chark al-Awsat, il avait souligné que "toutes les options sont sur la table, mais qu'il ne prendra aucune décision seul". Ces propos du Premier ministre désigné sont intervenus au lendemain d’une réunion du Conseil chérié sunnite à Dar el-Fatwa, à laquelle il avait pris part aux côtés des anciens chefs de gouvernement et qui avait renouvelé son soutien absolu à Saad Hariri et à la mission qui lui a été confiée.
Le président du Parlement libanais Nabih Berry a exprimé lundi son irritation croissante face aux attaques du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) contre le Premier ministre désigné Saad Hariri, se demandant "quelle alternative crédible" avaient ses détracteurs, dans des propos accordés au quotidien al-Joumhouria.Les déclarations du chef du Législatif interviennent alors que des...
commentaires (8)
Ainsi, vous voulez me faire croire qu'au Liban personne d; autre que ceux au Pouvoir n'est capable de diriger le pays? Tous des incompetents?
IMB a SPO
14 h 28, le 15 juin 2021