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Melhem Khalaf annonce le début du "soulèvement" des avocats contre les dysfonctionnements de la magistrature

Melhem Khalaf annonce le début du

Photo tirée de la page Facebook du bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf.

En grève depuis une dizaine de jours, après l’arrestation musclée d’un de ses membres, Rami Alleik, président de l’ONG Mouttahidoun, poursuivi pour diffamation par le Conseil supérieur de la magistrature, les avocats ont organisé mardi un rassemblement dans la Salle des pas perdus du Palais de justice de Beyrouth, à l’initiative du conseil de l’ordre. Dans une intervention au cours de cette assemblée générale, le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, a lancé un appel à un soulèvement contre les dysfonctionnements de la magistrature qu’il a énumérés à cette occasion.

"Nous en avons assez d’une magistrature qui redoute les forts mais emploie la force contre les faibles, qui est assujettie et docile, hautaine, inefficace, non productive et non libre, qui se rend responsable d’abus d’influence, va jusqu’à violer les lois et porte un coup à sa propre autonomie en contrepartie de postes accordés sur une base communautaire ou confessionnelle", a-t-il martelé d’emblée.

Mettant en garde contre "toute tentative de porter atteinte aux avocats et d’ignorer leurs revendications", Melhem Khalaf a insisté sur le fait que "la justice est en danger de mort". "Nous ne resterons pas les bras croisés. Les paroles de protestation ne sont plus envisageables face à la détérioration dramatique de la situation. Je demande aujourd'hui, à vous avocats, de maintenir la grève jusqu'à ce que les erreurs commises à l'encontre du Barreau soient corrigées", a-t-il lancé à l'adresse des avocats présents. "Je vous appelle à traduire ce soulèvement par des mesures pratiques et utiles", a plaidé le bâtonnier.

"Nous annonçons la première étape de ce soulèvement en appelant à l'approbation immédiate de la proposition de loi portant sur l'indépendance de la justice d'ici vingt jours", a-t-il déclaré. "En l'absence d'indépendance de la justice, un système politique, sécuritaire et judiciaire corrompu s'est installé dans les palais de justice pour protéger un système corrompu plus vaste", a déploré Me Khalaf à ce propos. Au cas où cette loi n'entrerait pas en vigueur, le bâtonnier a mis en garde contre la fermeture des Palais de justice dans le pays.

Il a appelé le barreau de Tripoli, les juges et le peuple libanais à se joindre à ce soulèvement pour "refuser l'injustice et les ténèbres et parvenir à une vie décente". Il a plaidé pour "une justice impartiale et efficace, pour la protection des avocats, pour le respect des droits de l'homme et la restauration de l'Etat". "Nous voulons annoncer à voix haute que nous, membres du Barreau, nous ne renoncerons pas à notre mission en faveur de la justice ou des affaires publiques. Nous faisons face à ceux qui ont détruit le pouvoir, les institutions et le bien public - c'est une confrontation ouverte", a-t-il lancé.

En outre, Me Khalaf a annoncé la poursuite de la grève entamée il y a dix jours et prolongée plusieurs fois depuis pour protester contre l'arrestation violente et le jugement rendu contre leur confrère Rami Alleik. Me Alleik, membre de l’association Mouttahidoun, était poursuivi pour atteinte à la justice et diffamation contre le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate. Malmené lors de son arrestation, il avait été détenu pendant quatre jours. Le juge d’instruction de Beyrouth, Assaad Bayram, avait ensuite décidé de le libérer, mais l'avait placé sous surveillance judiciaire pendant deux mois et interdit d'exercer pendant deux mois.

En fin de journée, le président du CSM, Souheil Abboud, déplorait, dans un communiqué, le discours de Melhem Khalaf, tout en affirmant ne pas vouloir y répondre, se contentant de demander à ce dernier "de revenir au contenu de son serment". M. Abboud a invité les magistrats à poursuivre leur travail, "sans se soucier des campagnes de dénigrement" qui les ciblent. Il a assuré que "les Palais de justice resteront ouverts comme toujours". "Ils n’ont jamais fermé leurs portes, même aux pires moments, et ne fermeront pas aujourd’hui", a-t-il assuré, en réponse aux propos du bâtonnier.

En grève depuis une dizaine de jours, après l’arrestation musclée d’un de ses membres, Rami Alleik, président de l’ONG Mouttahidoun, poursuivi pour diffamation par le Conseil supérieur de la magistrature, les avocats ont organisé mardi un rassemblement dans la Salle des pas perdus du Palais de justice de Beyrouth, à l’initiative du conseil de l’ordre. Dans une intervention au...