Suite à des informations sur une possible interdiction de toutes les exportations libanaises vers l'Arabie saoudite sur fond de lutte contre le trafic de drogue en provenance du Liban, les autorités du pays du Cèdre ont émis lundi une série de recommandations pour tenter de rassurer le royaume. Ces recommandations ont été formulées à l'issue d'une réunion qui s'est tenue au ministère des Affaires étrangères sous la présidence de la ministre par intérim des Affaires étrangères et ministre sortante de la Défense, Zeina Acar, en présence du ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, et de plusieurs responsables et élus. Les responsables sont ainsi convenus, entre autres, de la signature d'un protocole de coopération et de coordination entre les douanes libanaises et saoudiennes. Ils ont également plaidé pour l'achat de scanners de détection pour le port de Beyrouth, "le plus tôt possible".
"Il faut donner la priorité à la sécurisation rapide, l'achat et l'installation d'un scanner dans le port de Beyrouth, y trouver un lieu pour le déchargement et le remballage des marchandises, sous la supervision des forces de sécurité et de la douane, et installer des caméras de surveillance 24h/24", estiment les responsables dans un communiqué commun publié par le bureau de Mme Acar et par la commission parlementaire de l'Economie, présidée par le député Farid Boustani. Fin mai, le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, avait annoncé que l'appel d'offres pour l'achat de ces scanners serait lancé "d'ici un mois" par la Direction des adjudications (DDA) après préparation du cahier des charges.
"Rigueur des douanes"
La solution réside aussi, d'après les responsables, dans une coopération accrue avec les pays du CCG, dont l'Arabie saoudite. "Il faut un inventaire des exportations depuis le port de Beyrouth", ont-ils demandé, plaidant également pour "l'activation de la coordination des programmes informatiques entre les douanes des différents pays". Il faut également une coordination avec "les sociétés internationales spécialisées" sur les emballages et les exportations.
Les autorités ont également recommandé une plus grande "rigueur des douanes dans le contrôle des exportations des nouvelles entreprises et des marchandises en direction des pays du Golfe". Il faut "vérifier l'authenticité du certificat d'origine", ont-ils indiqué. Aussi a-t-il été préconisé de "réévaluer" le niveau de sécurité au niveau des services portuaires et aéroportuaires. La mise en place de ces recommandations doit être suivie par un comité ministériel qui sera présidé par M. Fahmi.
"Redonner confiance"
Au terme de la réunion au ministère des Affaires étrangères, il a aussi été décidé de "renforcer les liens spéciaux avec les pays du CCG et notamment l'Arabie saoudite" avec comme objectif de "redonner confiance dans le Liban et son industrie". Les autorités concernées se sont également dit en faveur de la signature d'un protocole de coopération et de coordination entre les douanes libanaises et saoudiennes" et de coopérer sur le plan judiciaire pour achever "l'enquête sur les cargaisons de grenades fourrées d'amphétamines". Le ministre Fahmi a par ailleurs publié, en soirée, un bref communiqué dans lequel il remercie le député Michel Daher d'avoir financé la réparation du scanner situé dans le port de Tripoli et annonce le transfert de cet appareil dans le port de Beyrouth "après avoir pris toutes les mesures nécessaires". Cette annonce a provoqué la colère des députés tripolitains Sami Fatfat et Mohammad Kabbara qui ont refusé ce transfert et réclamé qu'il reste installé au port de Tripoli.
Cette réunion a fait suite à la mise en garde de l’ambassadeur du Liban en Arabie saoudite, Fawzi Kabbara, qui a prévenu vendredi dernier le ministère libanais des Affaires étrangères que les autorités saoudiennes s’apprêteraient à bannir toutes les importations en provenance du Liban à partir de la seconde moitié du mois de juin, le pays du Cèdre n’ayant pas pris les mesures adéquates pour freiner la contrebande, notamment le trafic de drogue, en direction du royaume. Cet avertissement intervient alors que, fin avril, Riyad avait suspendu les importations de fruits et légumes libanais comme mesure de rétorsion après avoir découvert une cargaison d’amphétamines cachées dans des grenades en provenance du Liban, via la Syrie. Selon plusieurs professionnels du secteur, contactés par L’Orient-Le Jour, Riyad avait toutefois déjà banni l’ensemble des importations libanaises à la même période.
commentaires (6)
mon commentaire ne concerne pas cet article mais Editorial d'Emilie Sueur et Elie Fayad
Tabet Ibrahim
18 h 58, le 07 juin 2021