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Société - Covid-19

Le Spoutnik V sera très prochainement « made in Lebanon »

L’industrie pharmaceutique Arwan devrait signer dans le courant du mois de juin un accord avec le Fonds d’investissement russe pour produire le vaccin russe au Liban.

Le Spoutnik V sera très prochainement « made in Lebanon »

Chaîne de production de flacons de médicaments injectables, au sein de l’entreprise pharmaceutique Arwan. Photo A.-M.H.

Dans les bureaux à l’ambiance feutrée de l’industrie pharmaceutique Arwan, à Barja, dans le Chouf, les préparatifs vont bon train pour la fabrication prochaine, sous licence, du vaccin russe anti-Covid-19, Spoutnik V. La chaîne de production, déjà rodée à la fabrication d’ampoules et de flacons emplis de médicaments liquides, n’attend plus que les ajustements finaux qui devraient lui permettre de produire entre 30 et 60 millions de doses annuelles. Des doses dont la grande partie sera destinée à l’export, vu les besoins limités du marché local (3 à 6 millions de doses maximum). Et la direction peaufine les dernières formalités administratives pour se rendre d’ici à quelques jours à Moscou, où elle doit signer l’accord final de collaboration avec le Fonds d’investissement direct russe (RDIF) qui soutient le développement du vaccin russe contre le Covid-19.


Abdul Razzaq Yousef, président des entreprises pharmaceutiques Arwan. A.-M.H.

Un investissement de 15 à 25 millions de dollars

« Quelques jours nous séparent de la signature du partenariat », annonce à L’Orient-Le Jour la vice-présidente et actionnaire de l’entreprise, Roueida Dham, détentrice d’un doctorat de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) en sciences médicales de base. « Nous abordons la phase finale de notre projet, celle de la logistique. Nous devrions nous rendre en Russie après le 7 juin. Nous serons probablement accompagnés des ministres de la Santé, Hamad Hassan, et de l’Industrie, Imad Hobballah », affirme-t-elle. Car produire un vaccin, même sous-licence, nécessite des fonds. Et l’entreprise présidée par l’homme d’affaires émirati, Abdul Razzaq Yousef, qui a implanté quelque 13 usines pharmaceutiques dans le monde, « a besoin du soutien des autorités libanaises et de celui de la banque centrale », note le Dr Dham. Un soutien déjà accordé par le ministre de l’Industrie qui avait annoncé le 31 mai dernier depuis le palais de Baabda la signature du contrat de production du vaccin russe au Liban. « Nous ne pouvons que soutenir l’initiative, les industries pharmaceutiques Arwan répondent aux critères. Elles ont développé une technologie avancée en matière de fabrication du médicament », souligne M. Hobballah à L’Orient-Le Jour. « L’État joue donc le rôle de facilitateur », précise le ministre. Il ne reste plus qu’à assurer les fonds nécessaires. « Nous estimons l’investissement nécessaire à une fourchette de 15 à 25 millions de dollars », révèle la vice-présidente. Et même si la BDL ne semble pas partante pour soutenir l’initiative d’Arwan, « ce ne sera pas un obstacle, nous avons d’autres options », assure-t-elle.

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C’est alors que devrait commencer la fabrication de ce vaccin à adénovirus, technologie utilisée par les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson. « Dès la signature du contrat, nous importerons la matière première. Après réception, nous devons compter entre un mois et demi et deux mois, pour que le produit fini soit distribué, explique le Dr Dham. Soit une semaine de production et le reste pour réaliser les tests de conformité, d’abord au Liban, puis en Russie. »


Le Dr Roueida Dham, vice-présidente et actionnaire de l’entreprise. A.-M.H.


« Seule industrie du Liban à produire des médicaments injectables »

Tout a commencé lorsque Arwan, qui commercialise sur le marché libanais quelque 45 médicaments et produits salvateurs dont 85 % vendus aux hôpitaux, a envisagé l’éventualité de fabriquer un vaccin contre le nouveau coronavirus. « Nous avons été approchés pour produire le vaccin américain Moderna à ARN Messager. L’entreprise américaine recherchait trois usines pharmaceutiques au Moyen-Orient avec pour objectif la production de 100 millions de doses par an. Arwan devait être chargée de produire 35 millions de doses. Mais l’initiative n’a pas abouti, vu les besoins énormes du marché américain », raconte la vice-présidente. C’est alors qu’elle-même, « concernée par le faible pourcentage de personnes vaccinées au Liban et la demande élevée », a contacté l’ambassade de Russie. « Pour produire son vaccin, la Russie avait besoin de flacons remplis de médicament liquide, processus que nous maîtrisons parfaitement, affirme le Dr Dham. Nous sommes d’ailleurs la seule industrie pharmaceutique du Liban, sur les neuf que compte le pays, à produire des médicaments injectables. » Elle précise au passage et pour répondre à la rumeur « qu’aucun homme politique ne détient d’actions dans l’entreprise ». Deux autres techniques sont de plus indispensables à la production du vaccin Spoutnik V, « les bioréacteurs à usage unique et la fabrication sous chaîne du froid, que nous maîtrisons également ». Cerise sur le gâteau, l’entreprise bénéficie de « l’approbation du ministère russe de la Santé », une condition sine qua non pour vendre son produit en Russie. En 2018, le ministre russe de la Santé s’était d’ailleurs rendu à l’usine Arwan au Liban, à laquelle il a décerné son « approbation des bonnes pratiques de fabrication ». Et pour couronner le tout, « les laboratoires d’Arwan bénéficient de l’approbation de l’Organisation mondiale de la santé ».

Seule ombre au tableau, le vaccin Spoutnik V n’a pas encore été approuvé par l’OMS ou par l’Agence européenne du médicament (AEM). « Cela ne saurait tarder », rétorque Roueida Dham. Dans l’attente, l’annonce de la production d’un vaccin au Liban est une nouvelle inespérée, alors que le pays du Cèdre est terrassé par la crise économique, financière et politique. « Non seulement cela permettra d’accélérer la vaccination locale, tout en représentant un choix de plus pour la population du Liban, mais cela donnera un coup de pouce à l’économie libanaise », promet Mme Dham. « Chaque emploi créé dans notre usine génère 2,2 emplois dans les entreprises qui dépendent de nous », affirme-t-elle. « Immanquablement, le projet d’un vaccin russe made in Lebanon est à la fois politique et économique, assure le président d’Arwan, Abdul Razak Yousef. Il placera le Liban sur la carte des pays producteurs de produits pharmaceutiques. » Il donnera aussi un brin d’espoir à une population qui en a tant besoin.

Dans les bureaux à l’ambiance feutrée de l’industrie pharmaceutique Arwan, à Barja, dans le Chouf, les préparatifs vont bon train pour la fabrication prochaine, sous licence, du vaccin russe anti-Covid-19, Spoutnik V. La chaîne de production, déjà rodée à la fabrication d’ampoules et de flacons emplis de médicaments liquides, n’attend plus que les ajustements finaux qui...

commentaires (4)

Habituellement, les commentaires ne sont qu’éloges pour les initatives locales. Est-ce que parce qu’il y a local et local?

Michael

19 h 15, le 05 juin 2021

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Commentaires (4)

  • Habituellement, les commentaires ne sont qu’éloges pour les initatives locales. Est-ce que parce qu’il y a local et local?

    Michael

    19 h 15, le 05 juin 2021

  • Pas mal...on se trouve à peine au stade de Spoutnik...quand le monde est au seuil de Mars... Yallah, maybe, we'll see you soon Laïka!!!

    Wlek Sanferlou

    18 h 15, le 05 juin 2021

  • hahahahaha..... ils vont mettre le spoutnik sur orbite...! Un cachet d’aspirine on est incapable de produire..... Non frelaté !!

    LeRougeEtLeNoir

    16 h 54, le 05 juin 2021

  • Et il aura un nom bien Libanais: le Captagoutnik...

    Gros Gnon

    01 h 42, le 05 juin 2021

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