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Dernières Infos - Surveillance militaire

Biden renonce à revenir dans le traité "Ciel ouvert" et s'en prend à la Russie

Biden renonce à revenir dans le traité

Un drapeau américain. Photo d'archives AFP

 Joe Biden, qui a rejoint plusieurs accords internationaux dont Donald Trump avait claqué la porte, a décidé de ne pas revenir dans le traité de surveillance militaire "Ciel ouvert" -- pour afficher sa fermeté face à la Russie après plusieurs gestes d'ouverture.

Cette décision, à rebours de la volonté du nouveau président des Etats-Unis de coopérer avec Moscou sur les questions liées à la sécurité internationale, intervient moins de trois semaines avant son premier sommet avec son homologue russe Vladimir Poutine, le 16 juin à Genève.

"Les Etats-Unis regrettent que le traité Ciel ouvert ait été sapé par les violations de la Russie", a dit vendredi un porte-parole de la diplomatie américaine. "En concluant son réexamen du traité, les Etats-Unis n'entendent donc pas chercher à le rejoindre, en raison du fait que la Russie n'a pris aucune mesure pour le respecter à nouveau."

Accusant Moscou de le violer, l'ex-président Trump avait quitté le traité "Open Skies", entré en vigueur en 2002 avec à l'origine 35 pays signataires, qui donne le droit d'effectuer des vols d'observation des activités militaires des Etats membres.

En retour, la Russie avait aussi dénoncé le traité. Les députés russes ont voté le 19 mai en faveur de ce retrait, mais leur gouvernement avait encore assuré être prêt à faire marche arrière si les Américains proposaient une "solution constructive".

Lors du retrait américain, Joe Biden, alors candidat démocrate pour la Maison Blanche, avait fustigé une décision "à courte vue" du président républicain, qui avait désengagé les Etats-Unis de nombreux institutions ou accords multilatéraux.

Tout en reconnaissant "de vraies inquiétudes" quant aux "violations" du traité par la Russie, il avait estimé, dans un communiqué de mai 2020, que la solution n'était pas de tourner le dos au texte, "mais de chercher à les résoudre à travers le mécanisme de résolution des disputes". Joe Biden avait fait valoir que "la transparence qu'il apporte" était "particulièrement importante pour les pays qui n'ont pas leurs propres capacités d'imagerie satellitaire", et que les alliés des Etats-Unis étaient défavorables à leur désengagement. "Le retrait va exacerber les tensions entre l'Occident et la Russie, et accroître les risques de mauvais calculs et de conflit", avait-il prévenu.

Chaud et froid

Une fois arrivé au pouvoir en janvier, le président démocrate s'est empressé de revenir dans l'accord de Paris sur le climat ou dans l'Organisation mondiale de la santé, mais aussi d'engager de difficiles tractations pour rejoindre l'accord sur le nucléaire iranien.

Dès le début de son mandat, il a conclu un compromis avec Vladimir Poutine pour prolonger le traité de limitation des arsenaux nucléaires New Start pour cinq ans. Mais s'agissant de Ciel ouvert, l'administration Biden est d'abord restée discrète, avant d'annoncer début mai qu'elle avait entamé un réexamen du retrait américain. La décision de finalement fermer la porte à un retour laisse donc New Start comme le seul accord majeur, en matière de sécurité, encore en vigueur entre les deux puissances nucléaires.

Pourtant, Joe Biden, tout en affichant une grande fermeté avec la Russie à grand renfort de sanctions ou de menaces de représailles contre les activités jugées "néfastes" de Moscou (ingérence électorale, cyberattaques, déploiement militaire à la frontière ukrainienne ou encore arrestation de l'opposant Alexeï Navalny), affirme vouloir trouver un terrain d'entente sur les questions liées à la sécurité internationale.

Mais le président américain a été critiqué par l'opposition républicaine, ainsi que par son propre camp républicain, pour avoir renoncé à prendre des sanctions décisives contre le gazoduc controversé Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne. Et la première rencontre entre les ministres américain et russe des Affaires étrangères, Antony Blinken et Sergueï Lavrov, s'est tenue la semaine dernière dans un climat apaisé en Islande.

Continuant de souffler le chaud et le froid sur les relations américano-russes, au plus bas depuis la fin de la Guerre froide, Washington semble donc vouloir cette fois adresser un message de fermeté.

"Le comportement de la Russie, notamment ses récentes actions concernant l'Ukraine, n'est pas celui d'un partenaire déterminé à rebâtir la confiance", a estimé le porte-parole de la diplomatie américaine pour justifier la décision sur "Open Skies".

 Joe Biden, qui a rejoint plusieurs accords internationaux dont Donald Trump avait claqué la porte, a décidé de ne pas revenir dans le traité de surveillance militaire "Ciel ouvert" -- pour afficher sa fermeté face à la Russie après plusieurs gestes d'ouverture.Cette décision, à rebours de la volonté du nouveau président des Etats-Unis de coopérer avec Moscou sur les questions...