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Dernières Infos - Agressions sexuelles

Frustrés et inquiets, 53 pays demandent des comptes aux dirigeants de l'OMS

Frustrés et inquiets, 53 pays demandent des comptes aux dirigeants de l'OMS

Le logo de l'OMS. Photo d'illustration AFP

Une cinquantaine de pays se sont dits "inquiets" vendredi des allégations selon lesquelles des dirigeants de l'OMS ont omis de signaler des cas d'agressions sexuelles par des membres du personnel de cette organisation et "frustrés" devant la lenteur et le manque de transparence de l'enquête.

"Nous avons exprimé notre inquiétude après des informations de médias suggérant que la direction de l'OMS était au courant de cas d'exploitation sexuelle, d'agressions et de harcèlement sexuel et a omis de les rapporter comme l'exige le protocole de l'ONU et de l'OMS, tout comme les allégations selon lesquelles des membres du personnel ont tenté d'étouffer ces affaires", est-il écrit dans une déclaration lue par le Canada au cours de l'Assemblée mondiale de la santé. Elle est au total signée par 53 pays dont les 27 Etats membres de l'UE, les Etats-Unis mais aussi le Japon, l'Australie et le Brésil.

A la mi-mai, de nouvelles accusations d'agressions sexuelles avaient été portées contre des travailleurs humanitaires, notamment de l'Organisation mondiale de la santé, en République démocratique du Congo.

Echanges vigoureux 
Les pays membres et le secrétariat de l'OMS - y compris son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus - ont "débattu de ce sujet de façon vigoureuse et transparente" la semaine dernière, souligne la déclaration commune. Ce vocabulaire diplomatique traduit en général de vifs échanges. Les engagements pris par la direction de l'OMS au cours de cette réunion "doivent être le début d'un nouveau chapitre, qui reposera sur la célérité, la transparence et la prise des responsabilités", a mis en garde la déléguée américaine, Stephanie Psaki, la sœur de la porte-parole de la Maison Blanche.

Selon une enquête de l'agence spécialisée The New humanitarian (TNH) et la Thomson Reuters Foundation rendue publique le 12 mai, "22 femmes de la ville de Butembo ont déclaré que des travailleurs humanitaires masculins intervenant dans le cadre d'une crise d'Ebola (...) leur ont offert des emplois en échange de relations sexuelles". L'année dernière une enquête similaire avait fait état de 51 cas dans la ville de Beni, également en République démocratique du Congo.

Nouveaux cas 
Quatorze de ces femmes "ont déclaré que les hommes s'étaient identifiés comme étant des travailleurs de l'OMS", ont souligné les enquêteurs, à propos de faits remontant à 2019.
Au total, six organisations et un ministère sont mises en cause dans ces agissements présumés de leurs employés : l'OMS, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Fonds des Nations unies pour l'Enfance (Unicef), l'organisation caritative médicale Alima, l'International Rescue Committee (IRC), l'International Medical Corps (IMC) ainsi que le ministère de la Santé de RDC.

Une enquête de l'agence de presse Associated Press (AP) s'appuyant sur des courriels internes mettait en cause deux médecins travaillant pour l'OMS, dont l'un qui se vantait de ses liens avec le docteur Tedros. Ces deux médecins ont rejeté ces accusations. Selon l'AP, l'enquête a révélé qu'"en dépit de leurs dénégations publiques, de hauts dirigeants de l'OMS étaient non seulement au courant de ces accusations d'agressions sexuelles en 2019 mais qu'on leur a aussi demandé comment réagir". L'AP cite nommément le docteur Tedros et Mike Ryan, le responsable des interventions d'urgence.

"Suivre les preuves" 
Vendredi, le docteur Tedros a pris la parole avant la publication du texte et a rappelé qu'il avait mis en place une commission indépendante qui a commencé ses travaux sur ces allégations et qui doit rendre un rapport à la fin août . "Les enquêteurs ont le pouvoir de suivre les preuves où qu'elles les mènent", a promis le directeur général, reconnaissant que de nombreux pays membres sont "frustrés" par la lenteur des procédures et le manque de transparence. "Je sais que je parle au nom de tous mes collègues et de l'organisation quand je dis que nous prenons ces accusations très au sérieux. Y répondre et rectifier le tir sont l'essence même de ce que nous sommes", a ajouté le directeur général, qui vient seulement de lancer sa campagne pour son sa réélection -ce serait alors son deuxième mandat.

Mais clairement, les choses ne vont pas assez vite aux yeux des signataires. Stephanie Psaki a exigé des informations trimestrielles et substantielles, sur l'état de l'enquête, mais aussi sur les actions concrètes entreprises par l'OMS.

Une cinquantaine de pays se sont dits "inquiets" vendredi des allégations selon lesquelles des dirigeants de l'OMS ont omis de signaler des cas d'agressions sexuelles par des membres du personnel de cette organisation et "frustrés" devant la lenteur et le manque de transparence de l'enquête.
"Nous avons exprimé notre inquiétude après des informations de médias suggérant que la direction...