Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Formation du gouvernement au Liban

Pour Joumblatt, la lettre de Aoun au Parlement est une fuite en avant

Pour Joumblatt, la lettre de Aoun au Parlement est une fuite en avant

Le chef du PSP Walid Joumblatt. Photo d’archives/AFP

Le chef druze libanais Walid Joumblatt a critiqué jeudi soir autant le président de la République Michel Aoun que le Premier ministre désigné Saad Hariri, tous deux pris dans des rivalités politiques qui empêchent la formation d'un gouvernement attendu depuis août dernier.

Le cabinet de Hassane Diab a démissionné dans la foulée des explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Michel Aoun et Saad Hariri s'accusent mutuellement de blocage du processus gouvernemental. Entre-temps, le Liban poursuit sa descente aux enfers, avec une crise socio-économique et financière qui ne cesse de s'aggraver depuis l'été 2019, alors que plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Le chef de l'État a adressé mardi une lettre au Parlement dans laquelle il accuse Saad Hariri du blocage gouvernemental. Les députés se réunissent cet après-midi en séance plénière, pour discuter de cette lettre. Saad Hariri, également député, doit se prononcer sur cette missive.

Commentant la lettre du chef de l'État lors d'un entretien accordé jeudi soir à la chaîne MTV, Walid Joumblatt a demandé aux députés de sa formation "d'éviter toute polémique autour de cette missive". "Mon groupe parlementaire n'est avec aucune des deux équipes (le camp Hariri et le camp Aoun, NDRL), car il s'agit là d'une fuite en avant sans aucun sens. Le problème n'est pas constitutionnel, je ne suis pas d'accord avec le président de la République sur ce point. Je ne veux pas commenter sa lettre. Commentons plutôt les dossiers de l'électricité, de la carte d'approvisionnement, de l'essence et des agences exclusives", a plaidé le leader druze.

"Il faut former un gouvernement pour entamer le dialogue avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Sur quoi sommes-nous en désaccord ? Le ministère de la Justice ? Celui de l'Intérieur ? Tout le monde érige des barricades communautaires et fait de la surenchère", a déploré le chef du Parti socialiste progressiste. Il a ensuite appelé Saad Hariri à "faire un sacrifice". "Le compromis est-il une honte ?", s'est-t-il ainsi demandé. "Je ne demande pas à Saad Hariri de partir ou de rester. Et j'ai dit au président Aoun, lorsque je me suis entretenu avec lui, que M. Hariri représente encore les sunnites. J'ai également proposé un gouvernement de 24 ministres sans tiers de blocage, mais on m'a accusé de mettre en place un système politique avec le Hezbollah", a regretté le leader druze.

Il a ensuite affirmé qu'il n'y avait pas de soutien en Arabie saoudite à Saad Hariri. "Mais devons-nous pour autant laisser tout le pays en suspens ? Il n'y a pas d'alternative à la formation du gouvernement", a insisté M. Joumblatt. "Que Saad Hariri soit pragmatique et nous serons à sa disposition. Nous l'aiderons, s'il le souhaite, à achever le processus de formation du gouvernement (...)", a fait savoir Walid Joumblatt.

"L'absence de gouvernement et de solutions sérieuses expliquent la situation actuelle de crise, mais cette crise est aussi le résultat de décennies de développement bâties sur la corruption et l'économie libre, sans se soucier de l'économie productive", a-t-il estimé. Pour lui, "la demande essentielle est la réforme du secteur de l'électricité". "Nous avons reçu des offres de la part de l'Allemagne, du Koweït et d'autres pays, mais nous les avons toutes refusées à cause de la chorale groupant Saad Hariri, Gebran Bassil (chef du courant aouniste), Ala' el-Khawaja (homme d'affaires jordanien), Samir Doumit (cadre du courant du Futur de M. Hariri) et d'autres".

S'en prenant enfin à son ancien allié chrétien Samir Geagea, chef des Forces libanaises, Walid Joumblatt a critiqué les appels de ce dernier à des législatives anticipées, alors que le scrutin est prévu l'année prochaine, tout comme la présidentielle et les municipales. "Les législatives anticipées ne mèneront à rien. Geagea a un seul objectif : augmenter le nombre des députés de son groupe afin de devenir le chrétien fort et se faire élire président de la République. Mais je ne suis pas d'accord avec ce point de vue", a clairement fait savoir le chef druze.

Le chef druze libanais Walid Joumblatt a critiqué jeudi soir autant le président de la République Michel Aoun que le Premier ministre désigné Saad Hariri, tous deux pris dans des rivalités politiques qui empêchent la formation d'un gouvernement attendu depuis août dernier.Le cabinet de Hassane Diab a démissionné dans la foulée des explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de...