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Moyen-Orient - Éclairage

Forces et faiblesses du Dôme de fer, le système de défense israélien

Ce fleuron de l’industrie de l’État hébreu est considéré comme l’un des plus efficaces au monde, mais le Hamas a réussi à le contourner à plusieurs reprises depuis le début des hostilités. 

Forces et faiblesses du Dôme de fer, le système de défense israélien

Des photos montrant le système de défense antimissiles israélien Iron Dome en action contre les roquettes lancées depuis Gaza. Amir Cohen/File Photo/Reuters

Depuis lundi 10 mai et le début des hostilités entre le Hamas et Israël, plus de 4 000 roquettes ont été tirées sur les villes israéliennes causant 12 morts et 160 blessés civils. En touchant à plusieurs reprises Tel-Aviv et Jérusalem, le groupe armé palestinien a surpris les observateurs par une capacité militaire renforcée par rapport aux conflits précédents. Surtout, il a réussi à contourner à plusieurs reprises le fleuron de l’industrie d’armement israélien, le système de défense appelé le Dôme de fer, conçu pour protéger les centres urbains, militaires et stratégiques des roquettes du Hamas. Les images spectaculaires des missiles d’interception Tamir explosant dans le ciel au-dessus des villes israéliennes ont fait le tour du monde. Le ministère israélien de la Défense estime que son système est fiable à plus de 90 %. Les données qui permettent d’avancer ces chiffres sont toutefois tenues secrètes et plusieurs experts mettent en doute leur fiabilité.

Au cours de la guerre de 2006 contre le Hezbollah, puis celle de 2008 contre le Hamas, des centaines de roquettes ont frappé les habitations des localités israéliennes avoisinantes, sans qu’il n’y ait aucune façon de les contrer. La mission de développer un système d’interception avancée a été confiée à la compagnie d’armement israélienne Rafael en 2008, bénéficiant d’un soutien financier américain conséquent, dépassant les 1,6 milliard de dollars. De nombreux experts militaires encensent ce système d’interception comme étant le plus performant au monde pour ce type de missiles et d’obus, généralement utilisés dans les conflits asymétriques.

Un système unique

Le Dôme de fer vient se superposer à un large panel de défense comme les Arrow 2 et 3 utilisés contre les missiles balistiques de moyenne et longue portée, le Iron Beam, arme laser antimortier et artillerie, ou la « fronde de David » qui cible les drones et missiles balistiques tactiques. L’innovation de ce système de défense repose sur son radar dernier cri qui permet d’identifier les tirs de mortier, obus et roquettes de courtes portées déclenchant un tir de missile guidé Tamir venant exploser à proximité de la cible et détruisant ainsi sa charge explosive.

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Le Dôme de fer s’illustre également par sa capacité à analyser le point de chute du missile. Si l’objet est amené à s’écraser dans une zone rurale ou un terrain vague, alors l’ordre de tirer un Tamir ne sera pas donné. Par contre, si la roquette risque de toucher une zone urbaine ou un site stratégique, le radar déclenche le système d’interception. « Ce système dit d’unité de guidage missile est extrêmement sophistiqué et rapide, il permet d’identifier la trajectoire des roquettes depuis les premiers instants », décrypte le général à la retraite de l’armée libanaise Khalil Hélou. Les batteries ne sont pas fixes et peuvent ainsi être déplacées selon les besoins militaires. Elles renferment chacune 20 missiles Tamir par rampe et couvrent une superficie de 150 kilomètres carrés. En 2014, il était estimé qu’Israël possédait sept batteries positionnées entre la frontière libanaise et Gaza.

Un coût exorbitant

Le Dôme de fer est toutefois un mécanisme qui coûte extrêmement cher à l’État hébreu. Au-delà de son développement, qui a nécessité plusieurs milliards de dollars, chaque missile d’interception tiré coûte 40 000 dollars, sachant qu’il en faut deux afin de détruire une cible, chiffrant l’opération à près de 80 000 dollars pour une seule roquette du Hamas. Les al-Qassam du Hamas, de fabrication artisanale, ne valent pas pour leur part plus de 500 dollars par unité. La charge financière énorme que représente ce programme de protection est donc en défaveur d’Israël.

Comme dans toute bataille, l’amélioration des capacités défensives de l’adversaire entraîne systématiquement un changement stratégique pour la partie opposée. Face à ce bouclier, le Hamas essaye de briser le Dôme en déployant des tirs massifs de roquettes sur l’ennemi. Pour Pierre Ahl, spécialiste en affaires militaires, un saut qualitatif a été observé depuis le début de ce conflit chez le Hamas. « L’utilisation de plusieurs techniques pour amener à saturation les radars du Dôme de fer est l’objectif primordial lors du déclenchement des salves. Il est très probable que des leurres soient intégrés aux barrages, des missiles sans charges explosives envoyés uniquement pour brouiller le système d’interception. »

L’écart de 35 secondes existant entre le tir d’une roquette à Gaza et le déclenchement du Dôme de fer rend également les implantations israéliennes à la lisière de l’enclave bien plus vulnérables. En effet, il ne faudrait que 20 secondes pour qu’un obus ou une roquette s’abatte sur les villes de Sderot ou Ashkelon par exemple. Raison pour laquelle ces villes sont les plus visées par les tirs du Hamas. Yoav Fromer, directeur d’étude à l’Université de Tel-Aviv, écrit dans un article publié dans le Washington Post que le Dôme de fer est politiquement contre-productif pour la société israélienne. S’il atteste que le sentiment de sécurité est largement partagé depuis le déploiement de ce dispositif, la volonté de trouver une solution définitive au conflit est ainsi repoussée. « Il ne faut pas confondre avantage militaire à court terme du Dôme de fer et le besoin sur le long terme d’une solution politique », conclut-il.

Depuis lundi 10 mai et le début des hostilités entre le Hamas et Israël, plus de 4 000 roquettes ont été tirées sur les villes israéliennes causant 12 morts et 160 blessés civils. En touchant à plusieurs reprises Tel-Aviv et Jérusalem, le groupe armé palestinien a surpris les observateurs par une capacité militaire renforcée par rapport aux conflits précédents. Surtout, il a...

commentaires (1)

Compte tenu de la difficulté d'intercepter des missiles tirés d'une courte distance et de la densité des tirs du Hamas, le Dôme de Fer s'est tout de même révélé d'une remarquable efficacité. Même si elle ne peut être totale.

Yves Prevost

07 h 38, le 21 mai 2021

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Commentaires (1)

  • Compte tenu de la difficulté d'intercepter des missiles tirés d'une courte distance et de la densité des tirs du Hamas, le Dôme de Fer s'est tout de même révélé d'une remarquable efficacité. Même si elle ne peut être totale.

    Yves Prevost

    07 h 38, le 21 mai 2021

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