Des soldats de la Finul déployés le long de la frontière entre le Liban et Israël, le 15 mai 2021. Photo AFP / Mahmoud ZAYYAT
Alors que le calme prévalait jusqu'à présent tout le long de la frontière entre le Liban et Israël, au lendemain d'une journée de forte mobilisation samedi, l'armée israélienne a tiré dimanche en fin de journée sur des manifestants palestiniens qui escaladaient le mur frontalier de béton, au niveau de la localité de Adaïssé.
Ces protestataires avaient auparavant arraché les caméras de surveillance accrochées sur une tour métallique au-dessus du mur, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).
Tout au long de la journée, la situation était relativement calme dans la zone frontalière, l'armée ayant pris, selon des informations de la chaîne LBCI, des mesures afin de surveiller la région et d'y maintenir le calme. De son côté, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul) a souligné qu'elle avait déployé ses soldats sur le terrain "en coopération avec les forces armées libanaises, qui œuvrent sans relâche pour assurer la sécurité de la région, depuis le début des manifestations". "Nous sommes à leur côté pour faire baisser les tensions et empêcher toute escalade", a souligné la force onusienne dans un communiqué. Elle a souligné que ses agents de liaison "coopèrent avec les deux parties (le Liban et Israël, ndlr) pour éviter tout malentendu et assurer la stabilité".
Sit-in à Abbassiyé et Marouahine
Dans ce contexte de surveillance renforcée de la zone, une manifestation organisée par la Jamiya islamiya dans la région de Abbassiyé, en signe de solidarité avec les Palestiniens, a été rapidement dispersée par la troupe dans l'après-midi, après que des contestataires ont essayé de s'approcher de la barrière métallique frontalière. Du côté israélien, l'armée était en état d'alerte à ce niveau de la frontière, rapporte l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).
Dans la région de Marouahine, des responsables du Courant du Futur ont organisé un sit-in en solidarité avec les Palestiniens, au cours duquel la députée Bahia Hariri a "fermement condamné" les raids israéliens sur Gaza. "Nous appelons la communauté internationale et le Conseil de sécurité à obliger l'ennemi israélien à arrêter immédiatement" ses attaques et ses expulsions de Palestiniens, et à "confirmer le droit du peuple palestinien à établir son état, sur sa terre, avec Jérusalem comme capitale", a-t-elle ajouté.
Au niveau de Marjeyoun, des engins d'un chantier de construction d'une station d'épuration d'eau ont été endommagés dans la matinée par des tirs israéliens, qui n'ont fait aucun blessé, selon l'Ani.
Samedi, des centaines de manifestants libanais et palestiniens s'étaient rassemblés à Adaïssé, à la frontière avec Israël, au pied du mur en béton érigé par l'État hébreu, afin de crier leur soutien à la Palestine, à feu et à sang depuis lundi. Les manifestants avaient proclamé leur soutien à la cause palestinienne, alors que l'État hébreu et le mouvement islamiste Hamas se livrent depuis lundi à des échanges de bombardements meurtriers qui ont fait près de 200 morts côté palestinien, et une dizaine d'autres côté israélien. Des rassemblements avaient également été organisés, dès samedi, à travers le territoire libanais.
Le conflit a commencé en réponse à un barrage de roquettes du Hamas sur Israël tirées en "solidarité" avec les centaines de manifestants palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l'origine des manifestations, la menace d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans ce secteur palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans. Les hostilités se sont aussi étendues à la Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des heurts avec l'armée israélienne ont fait depuis le 10 mai 19 morts palestiniens, selon un bilan palestinien. Sur son territoire, Israël est également confronté depuis plusieurs jours à des violences inédites et des menaces de lynchages dans ses villes "mixtes", où vivent Juifs et Arabes israéliens.