Khalid Ali Bughsan, 61 ans, l'une des principales fortunes d'Arabie saoudite, a déposé le 3 mai une plainte avec constitution de partie civile pour "vol en bande organisée". Ce choix procédural permet de réclamer la désignation directe d'un juge d'instruction, de contourner le verrou du parquet et d'échapper à une éventuelle prescription. Or les faits dénoncés recouvrent précisément, mais avec une interprétation différente, ceux qui valent à M. Bugshan ses mises en examen dans l'enquête en cours, une stratégie de défense qui pose donc des difficultés procédurales.
M. Bughsan est mis en examen, notamment pour "complicité de corruption", dans un volet de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy. Il est reproché au milliardaire d'avoir, en février 2008, versé 500.000 euros, via un de ses hommes de confiance, Wahib Nacer, à un avocat malaisien, qui avait transféré une somme équivalente à la même période à Claude Guéant.
Le bras droit du président Nicolas Sarkozy justifie ce versement par la vente de deux tableaux, surévalués selon certains experts.
Les enquêteurs soupçonnent que l'argent provienne de fonds libyens, via les hommes d'affaires Alexandre Djouhri et Khalid Bugshan, et que ce volet soit lié aux soupçons de financement de la campagne présidentielle un an plus tôt.
M. Bugshan, qui assure ne pas connaître M. Guéant ni l'avocat malaisien, affirme qu'il "a signé, possiblement à la demande de Wahib Nacer, un ordre de virement pour lequel il n'était informé en rien des tenants et des aboutissants ultérieurs" et qu'il est donc la victime et non le corrupteur, selon sa plainte consultée par l'AFP. Ce milliardaire assure n'avoir découvert la teneur de ce virement que lors de sa garde à vue et de sa mise en examen en mars 2015.
Interdit de quitter la France jusqu'en juillet 2018, Khalid Bugshan ne défère plus aux convocations depuis son retour en Arabie Saoudite, faisant planer sur lui la menace d'un éventuel mandat d'arrêt, selon une source proche du dossier.
Ahmed Bugshan, son cousin, également poursuivi dans ce dossier, s'estimait lui aussi victime d'opérations effectuées à son insu sur ses comptes. Plutôt que de porter plainte, il a demandé aux juges de lui retirer son statut de mis en examen, requête qui a été refusée.
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