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Politique - Éclairage

Opposition(s) libanaise(s) : combien de divisions ?

Les groupes qui ont participé à la réunion avec Jean-Yves Le Drian veulent former une grande coalition en vue des législatives.

Opposition(s) libanaise(s) : combien de divisions ?

Les représentants des 16 mouvements et partis de l’opposition issus de la thaoura du 17 octobre 2019. Photo tirée du compte Twitter du Bloc national

Un an et demi après le soulèvement du 17 octobre 2019, l’alternative politique commence à prendre forme. Alors que les différents groupes prétendant incarner un projet en opposition à la classe politique traditionnelle avançaient jusqu’ici en rangs dispersés, des alliances de plus en plus concrètes se dessinent afin de réunir un front le plus large possible en vue des élections législatives normalement prévues dans un an. « Les partis issus de la société civile ont beaucoup mûri au cours de ces derniers mois », constate un diplomate occidental en poste à Beyrouth. Faisant le constat de cette évolution, et souhaitant tenter une nouvelle approche basée sur un accompagnement de la transition politique, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a passé plus de deux heures jeudi dernier avec plusieurs membres de ce front d’opposition en cours de construction. Parmi eux se trouvaient les représentants de deux grands blocs. Le premier regroupe notamment le Bloc national, Beirut Madinati, Tahalouf Watani, Marsad – lequel s’est toutefois abstenu de prendre part à la réunion. Le second est constitué entre autres des Kataëb, du parti Taqaddom, du mouvement de l’Indépendance de Michel Moawad, et de plusieurs autres formations du 17 octobre comme Lika’ Techrine, Aammiyet 17 Techrine ou encore Khatt Ahmar.

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Ces deux coalitions se sont formées récemment dans l’objectif de créer un front uni face à la résilience des partis au pouvoir. « Nous avions besoin de consolider les relations de confiance entre nous et de créer un espace de dialogue indispensable pour tout projet d’avenir », commente Nagi Abou Khalil, membre du comité exécutif du Bloc national.

Avec peu de divergences sur le plan politique – la différence réside notamment dans leur approche plus ou moins frontale par rapport au Hezbollah –, les deux grandes coalitions se disent aujourd’hui prêtes à affronter l’échéance électorale côte à côte. C’est d’ailleurs l’une des principales questions que leur a posées M. Le Drian – qui était peu bavard, plus à l’écoute ce jour-là : à savoir leur disposition à affronter les législatives en rang unifié contre l’establishment politique. « Nous avons appris la leçon. La tactique consistant à diviser pour mieux régner ne jouera pas contre nous cette fois-ci », affirme une activiste au sein de l’une des coalitions.

Prise de court, et faute de moyens, d’organisation et d’harmonisation, la société civile a participé aux législatives de 2018 en rangs dispersés, ne réussissant qu’à faire élire un seul député, Paula Yacoubian, sur la centaine de candidats qui s’étaient alors présentés. Une erreur tactique que les deux grandes coalitions ne veulent surtout pas réitérer. De part et d’autre, on se dit disposé à constituer un front que certains veulent électoral, d’autres éminemment politique. Pour les Kataëb, celui-ci doit se former au plus vite. « Il faut organiser dès à présent la confrontation politique et redonner un peu d’espoir aux gens », affirme à L’Orient-Le Jour Patrick Richa, responsable de la communication au sein du parti. Pour d’autres formations, à l’instar de Taqaddom, le front doit être purement électoral et non politique.

Question du Hezbollah

L’idée d’une grande coalition entre ces groupes allant du centre gauche au centre droit paraît assez réaliste. Il sera toutefois plus difficile d’intégrer des formations classées plus à gauche comme le Parti communiste libanais ou le mouvement Citoyens et Citoyennes dans un État. Ces deux partis ont décliné l’invitation des Français à participer à la réunion avec M. Le Drian. « Je n’ai pas boycotté la réunion mais j’ai estimé que ma place n’était pas aux côtés de formations dont je ne partage pas les points de vue, lorsqu’ils en ont un », explique Charbel Nahas, à la tête du mouvement Citoyens et Citoyennes dans un État. « Si je dois me réunir avec un responsable français, c’est pour discuter de notre projet. »

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Les divergences entre les partis qui se sont rendus à la réunion et ceux qui ont refusé de le faire portent principalement sur la question du Hezbollah. Malgré ces divergences, les groupes présents à la réunion tendent la main à ceux qui n’étaient pas à la Résidence des Pins, la priorité devant être portée sur le fait de renverser la table. C’est ce qu’affirme l’un des membres fondateurs de Taqaddom, Marc Daou, pour qui les divergences politiques devraient être mises de côté lors de l’échéance afin de pouvoir rassembler la coalition la plus large possible. « Les dossiers conflictuels pourront alors être discutés, par la suite, au sein des institutions, en l’occurrence le Parlement », commente une activiste issue de la même coalition. « Un front uni est réalisable tant que les constantes en matière de souveraineté, de laïcité sont respectées et dans la mesure où l’on pourra parvenir à un accord sur le programme social et économique », affirme pour sa part Nagi Abou Khalil.

Pour la gauche, entendue dans un sens large, la priorité est accordée à la lutte contre la corruption et le confessionnalisme, moins à la question des armes du Hezbollah. Un reproche dont se défend farouchement Charbel Nahas. « Nous avons clairement dit que la présence du Hezbollah n’est rien d’autre que la résultante de l’absence de l’État », dit-il. S’il refuse de se joindre aux deux autres coalitions, c’est qu’il ne partage pas certains de leurs choix ou orientations politiques, sans toutefois préciser lesquels. Il dit également ignorer à ce jour quel est leur véritable programme économique ou fiscal. « Les élections ne sont qu’un moyen et non une fin en soi. Une consultation électorale n’a d’ailleurs jamais changé un régime politique », ajoute cet ancien ministre, qui n’écarte toutefois pas la possibilité de rejoindre un front électoral si les élections ont effectivement lieu. 

Un an et demi après le soulèvement du 17 octobre 2019, l’alternative politique commence à prendre forme. Alors que les différents groupes prétendant incarner un projet en opposition à la classe politique traditionnelle avançaient jusqu’ici en rangs dispersés, des alliances de plus en plus concrètes se dessinent afin de réunir un front le plus large possible en vue des élections...

commentaires (11)

Et n’oubliez pas que la vraie Thaouwra a débuté avec Bachir ,,,Ne refaites plus les mêmes erreurs et unissez-vous au lieu penser que vous êtes plus royalistes que le Roi.

Wow

15 h 20, le 12 mai 2021

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Commentaires (11)

  • Et n’oubliez pas que la vraie Thaouwra a débuté avec Bachir ,,,Ne refaites plus les mêmes erreurs et unissez-vous au lieu penser que vous êtes plus royalistes que le Roi.

    Wow

    15 h 20, le 12 mai 2021

  • Je refuserai de voter pour vous si vous ne prenez pas l’initiative de vous unir avec les FL et PNL afin de former le plus grand bloc de béton possible pour renverser massivement cette racaille étrangère de notre pays. Nous sommes nombreux à vous le demander ! Vous réussirez bien mieux et bien plus rapidement . Nous avons franchement marre de vous voir chipoter alors que vous avez les mêmes valeurs. Grow up !

    Wow

    14 h 58, le 12 mai 2021

  • C.V. DE CHACUN, QUI EST-IL OU QUI EST-ELLE. APPARTENANCE OU PARTISAN/E AVANT A QUEL GROUPE, PARTI OU DERRIERE QUEL PANURGE. IL N,Y AVAIT PAS DE NEUTRE AU LIBAN. PUBLICATION DE CES C.V. ET ELECTIONS PAR LE PEUPLE DE LA THAWRA D,UN COMITE UNIQUE OU ILS PARTICIPERAIENT. SINON C,EST DE LA BLAGUE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 22, le 12 mai 2021

  • Se trompe de voie.

    Sissi zayyat

    11 h 53, le 12 mai 2021

  • [ BAS FONDS DE LA SOCIÉTÉ ] : VOUS SAVEZ CE QUE C’EST ? (Lisez ce que cela représente dans une dite révolution)EN DEHORS DE BEYROUTH : SAIDA,TRIPOLI,BAALBECK, HERMEL,MARJEYOUN,FNEIDEK,WADI KHALED,NABI SHEET ETC.FAITES UNE PROMENADE A VOS HEURES LIBRES C’EST LA OU « SE FONT » LES VOTES .VOTRE Drion et Macron c’est du BLA BLA BLA.

    aliosha

    11 h 47, le 12 mai 2021

  • Si certains commencent à défendre l’indéfendable qui est la présence armée d’une milice étrangère et boycottent les réunions qui sont pour sauver le pays et préfèrent sauver les mercenaires on est mal barré. Ce Monsieur qui ne veut pas aborder le problème essentiel à la restructuration et le sauvetage de notre pays se trompe de voix. Il faut se réveiller et parler d’une seule voix ou alors la boucler et aller voir ailleurs si nous y sommes parce au niveau traîtrises, divisions et tergiversations nous avons donné.

    Sissi zayyat

    11 h 26, le 12 mai 2021

  • puisqu'il est impossible de voir une revolution "violente" changer les choses, il reste aux differents groupuscules de se preparer ensemble pour gagner les elections parlementaires de 2022. pour le reste il n' y plus de secrets quant a ce qu'il faut faire pour reformer un système pourri .

    Gaby SIOUFI

    09 h 33, le 12 mai 2021

  • Jamais ils n'arriveront a réaliser un quelconque changement tant que le Hezbollah possèdera des armes. La France, une fois de plus, met ses œufs dans le mauvais panier et ce sera, comme toujours, au dépends du pays. Elle n'a rien a perdre, nous si.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    07 h 51, le 12 mai 2021

  • Le dernier espoir de notre pays? Les constantes de primauté de l’état (donc refus des armes hors étatiques) déconfessionalisation (laïcité), chasse à la corruption (donc justice indépendante et forte) sont les piliers de se rassemblement. Les divergences politiques ne sont qu’une étape ultérieure, saine, de débat parlementaire. Seul ce front offre une vraie alternative, il faut que toute l’opposition se reconnaissant derrière ces principes clairs s’unisse, c’est une question de survie.

    Bachir Karim

    07 h 00, le 12 mai 2021

  • Allez jouer ailleurs !! Au Liban en ce moment il faut des ruses et vous êtes novice ... revenez dans 10 ans

    Bery tus

    06 h 31, le 12 mai 2021

  • Tous ces efforts ne mèneront strictement à rien ! La révolution est révolue . C'est la géopolitique qui définira les solutions .

    Chucri Abboud

    00 h 44, le 12 mai 2021

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