L’affaire Zarif n’en finit pas de faire parler d’elle, plus d’une semaine après la fuite dans les médias étrangers d’un extrait de trois heures d’entretien accordé par le ministre des Affaires étrangères à Iran International, une chaîne de télévision en langue persane basée à Londres. Dans cette interview, réalisée dans le cadre d’un projet d’histoire orale qui n’avait pas vocation à être divulgué immédiatement, Mohammad Javad Zarif y révèle notamment les luttes existant entre l’élite politique et militaire de Téhéran, et l’ampleur du pouvoir exercé par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), l’armée d’élite de la République islamique.
Ce dimanche, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, n’a pas hésité à réprimander le chef de la diplomatie. « La politique du pays comporte des volets économique, militaire, social, scientifique et culturel, outre les relations extérieures et la diplomatie », a déclaré ce dernier dans un discours télévisé. Si « l’un nie ou contredit l’autre, cela n’a aucun sens », a-t-il ajouté en avertissant que les propos du ministre sont « une grosse erreur qu’aucun responsable de la République islamique ne doit commettre », sans toutefois mentionner le nom de Mohammad Javad Zarif.
« Le récent discours de Khamenei est une tentative de contrôler la situation et de mettre fin au conflit immédiat que la fuite de l’enregistrement a causé au sein de l’élite du régime », estime Arvin Khoshnood, spécialiste de l’Iran et enseignant à l’Université de Lund, en Suède. « En critiquant Zarif, Khamenei peut demander à ses rivaux de prendre du recul et, au moins pendant un certain temps, laisser ces déclarations rester sans réponse », poursuit le spécialiste, pour qui « Khamenei a besoin que le régime, au moins aux yeux du public, reste uni ».
Les propos de M. Zarif surviennent en effet à quelques semaines de l’élection présidentielle du 18 juin prochain et tandis que les négociations en vue de sauver l’accord sur le nucléaire iranien, abandonné par Donald Trump en 2018, se poursuivent. Le camp conservateur, opposé à celui du président Hassan Rohani, s’est ainsi empressé de s’emparer de l’affaire en appelant à la démission, voire à l’arrestation du chef de la diplomatie, pressenti par le camp des modérés pour se porter candidat en vue du scrutin présidentiel.
Si pour certains de ses opposants, Mohammad Javad Zarif aurait volontairement publié l’extrait en cherchant à réduire le rôle du président iranien afin de décourager la population de se rendre aux urnes, ses défenseurs accusent les conservateurs d’être à l’origine de la fuite dans le but d’écarter le ministre de l’élection. « La fuite pourrait venir de Zarif lui-même, d’un membre du gouvernement, d’un détracteur ou encore des Israéliens qui voudraient saboter la dernière phase des négociations nucléaires. Ce qui est certain, c’est que personne ne connaît pour le moment son origine », note Farzin Nadimi, spécialiste de l’Iran et chercheur associé au Washington Institute.
Un rôle limité
Quelle que soit sa provenance, cette fuite semble mettre fin aux espoirs de voir Mohammad Javad Zarif se présenter à l’élection présidentielle. « Puisqu’il est chargé des négociations sur le nucléaire, Zarif sait que Khamenei ne peut pas l’éjecter tout de suite, mais les chances qu’il avait de se présenter à la présidentielle sont sans aucun doute enterrées », poursuit le chercheur. Car à plus d’un égard, les déclarations tenues par le chef de la diplomatie iranienne dérangent le système en place. Mohammad Javad Zarif a confirmé ce que les observateurs de la République islamique savaient depuis des années : à savoir que son rôle de ministre des Affaires étrangères est largement limité au profit du guide suprême et du CGRI. Il en avait bien conscience, alors qu’il avait présenté en février 2019 sa démission, refusée par le président Hassan Rohani, après une rencontre de Bachar el-Assad avec le guide suprême puis le président à Téhéran, dont M. Zarif avait été écarté.
« Je peux dire, avec audace, que j’ai aidé le champ militaire en utilisant la diplomatie plus que le champ militaire a servi la diplomatie », a affirmé ce dernier lors de l’interview, qui s’en est également pris à la Force al-Qods, la branche extérieure du CGRI, et à son ex-commandant Kassem Soleimani, personnage le plus emblématique de la République islamique, assassiné par une frappe de drone américaine en janvier 2020 à Bagdad. « Presque à chaque fois que je devais négocier des pourparlers, le martyr Soleimani exigeait : “Je veux que vous obteniez cet avantage, ce point” », a poursuivi M. Zarif.
« Le ministère des Affaires étrangères n’est qu’une des nombreuses institutions du régime qui ont pour devoir d’exécuter les politiques, et non de les concevoir », observe Arvin Khoshnood, pour qui cette affaire a rappelé que « Khamenei a le dernier mot en matière de politique étrangère et de sécurité ». Ainsi, M. Zarif prétend dans cet entretien avoir été mis à l’écart de nombreuses décisions qu’il aurait découvertes par la suite, notamment par les États-Unis. Ce dernier explique ainsi avoir été informé par l’ancien secrétaire d’État américain John Kerry des attaques israéliennes contre des cibles iraniennes en Syrie. Le ministre des Affaires étrangères affirme également avoir supplié Kassem Soleimani de ne pas utiliser les compagnies aériennes nationales pour acheminer du matériel militaire et des combattants en Syrie, ce que ce dernier aurait ignoré, quitte à saper les négociations de 2015 sur le nucléaire menées à l’époque par M. Zarif.
Accord nucléaire
Aux yeux du chef de la diplomatie iranienne, le célèbre général s’est allié avec Moscou en autorisant notamment les avions de combat russes à survoler le territoire iranien afin d’appuyer le régime de Bachar el-Assad, en dépit des risques que cela faisait peser sur les tractations nucléaires à l’époque. Pour M. Zarif, le voyage de Soleimani en Russie à l’été 2015 avait pour objectif de « détruire » l’accord nucléaire. « Je pense que les propos de Zarif ont porté un coup à ses relations avec la diplomatie russe », estime Farzin Nadimi, pour qui il faut s’attendre à un froid entre lui et son homologue Sergueï Lavrov.
Malgré la portée des déclarations du ministre iranien des Affaires étrangères, certains observateurs le suspectent de n’être pas tout à fait honnête dans cette affaire. « Zarif a probablement souhaité effacer une partie de son bilan, comme il l’a fait dans ses Mémoires en 2013, et blanchir son rôle dans diverses négociations, comme dans la guerre Iran-Irak, poursuit le chercheur. M. Zarif est-il gêné par la ligne dure préconisée par les plus orthodoxes du régime ou tout simplement par le fait d’être écarté du pouvoir réel ? Probablement les deux. S’il défend la diplomatie et la négociation, il n’en reste pas moins fidèle à l’esprit de la révolution islamique, au moins dans sa rhétorique. » « Tant que l’identité de la République islamique reste intacte, a-t-il déclaré, l’Iran ne sera jamais ami avec les États-Unis. » On ne sait comment cette affaire affectera l’élection présidentielle à venir alors que les précédentes ont largement été délaissées par la population. « Si les conservateurs peuvent en profiter pour mobiliser leurs partisans, les soi-disant modérés peuvent également l’utiliser pour faire de même en prétendant qu’ils essaient de ralentir l’avancée du CGRI et demander aux gens de participer à leur avantage », observe Arvin Khoshnood.
Encore un régime qui repose sur la religion et qui se veut dieu à la place de dieu en décidant de la foi de chaque citoyen et de la façon de la pratiquer. Et ainsi depuis son accession au pouvoir à vouloir le garder coûte que coûte même si c’est le peuple qui paie le prix fort de leur égocentrisme, leur cupidité stupide et dangereuse en déclenchant des guerres un peu partout pour masquer leur impuissance à gérer les problèmes internes du pays. Ils se réclament anti sionistes anti américains anti saoudiens anti tout le monde et ne jurent que par leur obscurantisme qu’ils n’arrêtent pas d’étendre au grand regret de tous les iraniens cultivés et sereins qui se rongent les sangs en attendant qu’un miracle arrive pour les en débarrasser . Ça vous rappelle sûrement notre situation actuelle elle est inspirée des mêmes faits et des mêmes personnages et appliquée à la lettre depuis que nous avons pour président un homme fort et honnête qui défend les droits des chrétiens du pays.
17 h 36, le 04 mai 2021