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Société - tribune

La liberté de la presse en temps de crise

Hier, nous avons célébré la Journée mondiale de la liberté de la presse.

La liberté de la presse est la pierre angulaire de toute démocratie et le Liban en a plus que jamais besoin. En plus de lutter contre la pandémie de Covid-19, le pays est en proie à une crise économique et financière sans précédent. Le Liban est sans gouvernement depuis près de neuf mois, sans compter la double explosion qui a ravagé le port de Beyrouth en août dernier et qui est considérée comme l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire. La pandémie a démontré à l’échelle mondiale que la transparence et l’accès à l’information jouent un rôle primordial, tout comme la lutte contre la désinformation.

Face à ces crises multiples, le journalisme de qualité s’avère indispensable pour informer le public libanais. Les journalistes libanais ont récemment fourni un travail d’investigation remarquable pour faire éclater au grand jour les faits relatifs à l’importation et au stockage du nitrate d’ammonium dans le port, au népotisme dans le processus de vaccination et à la corruption, pour ne citer que quelques exemples. La liberté de la presse a favorisé la transparence et tracé la voie d’une reddition de comptes.

Aujourd’hui, nous tenons à rendre hommage aux journalistes et aux médias libanais pour leur contribution cruciale à la démocratie. Leur travail sera plus important que jamais dans les années à venir, qui s’annoncent particulièrement difficiles pour le Liban.

Cependant, la liberté de la presse fait l’objet de pressions continues au Liban, un phénomène qui ne devrait en aucun cas être pris à la légère.

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Les attaques physiques contre les professionnels des médias se sont multipliées. Les assassinats de journalistes, d’écrivains et de libres-penseurs se sont poursuivis de manière ininterrompue. Le meurtre de Lokman Slim le 4 février en est la terrible preuve. C’est la conséquence de l’échec des autorités libanaises à traduire en justice les assassins des journalistes Samir Kassir et Gebran Tuéni.

Les campagnes de haine en ligne contre les femmes journalistes en particulier se sont intensifiées au cours des six derniers mois, comme le rapportent Reporters sans frontières et la Fondation Samir Kassir.

Les lois sur la diffamation sont formulées en des termes si vagues dans le code pénal qu’elles peuvent facilement conduire à la détention de journalistes pour atteinte « à l’unité nationale » ou « contradiction aux préceptes moraux » par exemple. Les journalistes enquêtant sur des scandales de corruption ont également été poursuivis en justice pour diffamation.

De plus, le journalisme et les médias souffrent de problèmes financiers graves en raison de la crise économique qui se répercute sur la liberté de la presse. En effet, au Liban, les médias sont en grande partie détenus par quelques partis et familles politiques et n’ont pas réussi la transition numérique, qui nécessite de nouvelles approches commerciales et de nouveaux modèles économiques.

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Aujourd’hui, il faudrait absolument intervenir sur trois plans pour renforcer la liberté de la presse au Liban en ces temps difficiles. Tout d’abord, il convient de modifier les lois qui restreignent la liberté de la presse, telles que les dispositions sur la diffamation. La proposition de loi sur les médias qui est actuellement en discussion au Parlement ne devrait contenir aucune peine de prison ni dispositions entravant la liberté de la presse. Cette proposition doit être adoptée rapidement après consultation des professionnels des médias et de leurs organisations représentatives. Ensuite, le recours à la force excessive contre les professionnels des médias doit impérativement cesser. Enfin, toutes les attaques physiques contre les journalistes doivent faire l’objet d’une enquête et les responsables sont tenus de rendre des comptes.

Les journalistes au Liban doivent être en mesure de mener à bien leur mission principale : celle de tenir le public informé pendant les multiples crises que traverse le pays, et ce dans une atmosphère ouverte et sans répression. La liberté de la presse, qui distingue le Liban de la plupart des autres pays de la région, mérite d’être renforcée et protégée.

Ann Dismorr, ambassadrice de Suède

Gisèle Khoury, présidente de la Fondation Samir Kassir

Hier, nous avons célébré la Journée mondiale de la liberté de la presse.La liberté de la presse est la pierre angulaire de toute démocratie et le Liban en a plus que jamais besoin. En plus de lutter contre la pandémie de Covid-19, le pays est en proie à une crise économique et financière sans précédent. Le Liban est sans gouvernement depuis près de neuf mois, sans compter la double...

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