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Société - Santé

À l’hôpital de la Quarantaine, le service pédiatrique renaît de ses cendres

C’est grâce au travail sans relâche de plusieurs experts suisses dépêchés sur place que le bâtiment a pu être achevé en un temps record.

À l’hôpital de la Quarantaine, le service pédiatrique renaît de ses cendres

Photo de groupe dans l’une des salles réaménagées pour recevoir les jeunes patients.

Après huit mois de travaux intensifs, le service de pédiatrie de l’hôpital gouvernemental de la Quarantaine s’apprête à reprendre ses activités. Entièrement refait à neuf et équipé d’un matériel sophistiqué grâce à une donation du gouvernement suisse, il a été inauguré hier en présence de l’ambassadrice de Suisse, Monika Schmutz Kirgöz, du ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, et de la coordinatrice adjointe des Nations unies au Liban, Najat Rouchdi.

Situé à quelques mètres du port de Beyrouth, l’hôpital de la Quarantaine a été fortement endommagé après la double explosion du 4 août 2020. Une dizaine de nouveau-nés qui s’y trouvaient lors des déflagrations ont été miraculeusement sauvés par le corps médical présent sur place. C’est grâce au travail sans relâche de 38 experts suisses dépêchés sur place au lendemain de la catastrophe que le bâtiment pédiatrique a pu être achevé en un temps record. En attendant la fin des travaux, l’hôpital a continué à soigner quelques enfants dans un autre bâtiment épargné par les explosions. Le service de pédiatrie devrait investir graduellement les nouveaux locaux.

Monika Schmutz Kirgöz remettant une plaque commémorative à Hamad Hassan. Photos Dalati et Nohra

Le nouveau matériel de l’hôpital a été acheté grâce à l'association Assameh Birth & Beyond, la majorité des donateurs préférant faire parvenir leurs aides directement aux ONG plutôt qu’aux autorités libanaises. Assameh Birth & Beyond est à l'origine du service pédiatrique de La Quarantaine, grâce aux financements qu’elle a réussi à lever en continu depuis 2016.

Un hôpital pour les plus vulnérables

L’hôpital de la Quarantaine est réputé pour être l’un des rares établissements de la capitale à accueillir les populations les plus vulnérables. Michel Mattar, président du conseil d’administration de l’hôpital, rappelle que le service de pédiatrie « a pour vocation de traiter les enfants les plus démunis issus des différentes régions, toutes communautés et nationalités confondues ». Fort de son succès, le service a vu le nombre de ses clients doubler au fil des ans. « En 2016, nous avions traité 500 enfants et nouveau-nés, explique le Dr Mattar. Ce chiffre a rapidement doublé et nous nous sommes retrouvés avec mille admissions par an. Dernièrement, nous avons pris en charge six bébés retrouvés dans les poubelles et plusieurs enfants victimes de violence domestique. »

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« La Suisse était le premier pays à être sur place après les explosions et nous sommes les premiers à avoir mené nos projets de réhabilitation à terme » , se félicite pour sa part Monika Schmutz Kirgöz, après avoir visité le nouveau bâtiment. « Outre l’aile pédiatrique de cet hôpital, la Suisse a réhabilité 19 écoles publiques de Beyrouth où sont scolarisés 7 000 élèves », poursuit-elle à L’Orient-Le Jour. Deux projets d’une valeur totale de 7,5 millions de dollars. « La Suisse consacre par ailleurs un budget annuel de 25 à 30 millions de dollars pour le Liban », révèle l’ambassadrice. Dépêchés sur place au lendemain de l’explosion, ce sont 38 experts suisses qui ont été déployés pendant un mois, pour l’action d'urgence. La reconstruction du service a ensuite été effectuée en un temps record grâce au travail sans relâche d’un architecte et d’un constructeur locaux et de leurs équipes (plus de 80 personnes en tout), sous la supervision directe de deux experts suisses. « On m’a appelée le 5 août pour me demander de venir en urgence au Liban », raconte Emilie Schmidt, une des architectes qui ont pris part à la reconstruction. Moins de 48 heures après les explosions, nous étions déjà sur place. Nous avons commencé par vérifier la stabilité des bâtiments, avant de nous mettre au travail, confie-t-elle à L’OLJ.Najat Rouchdi évoque pour sa part un bâtiment totalement dévasté au lendemain de la catastrophe. « J’ai visité cet hôpital quatre jours après les explosions. C’était un vrai cauchemar pour les membres du personnel soignant et pour les malades », témoigne-t-elle.

« Le faux plafond est tombé sur le chirurgien... »

Marie Khalifé et Aline Kmeid, deux infirmières du service de pédiatrie, sont soulagées de voir l’hôpital enfin réhabilité, après des mois de travail acharné. « Quand nous sommes venues inspecter les dégâts, le 4 août 2020 au soir, c’était le chaos total. Tous les murs étaient tombés. Les infirmières étaient ensanglantées mais elles avaient réussi à sauver les enfants », raconte Marie, avec beaucoup d’émotion. « Il y avait même une opération en cours lorsque le drame a eu lieu, ajoute pour sa part Aline. Le faux plafond est tombé sur le chirurgien. Il a recousu le patient à la hâte et nous avons évacué les lieux, poursuit-elle. Nous avons passé des jours à déblayer par nous-mêmes, pour pouvoir sauver le matériel qui n’avait pas été détruit. »

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Hussein Mouslim, chef des infirmiers à l’hôpital, a également été très affecté par les destructions. « Plus rien ne tenait debout. Heureusement que les enfants qui étaient à l’hôpital ont pu être sauvés. Nous les avons envoyés vers d’autres hôpitaux du pays dans des véhicules de l’armée, se souvient-il. Grâce au travail de réhabilitation, nous avons maintenant du matériel qui n’existait que dans les hôpitaux universitaires au Liban. » Même si elle se dit satisfaite du résultat de la reconstruction, l’ambassadrice suisse reconnaît pour sa part que « les besoins au Liban sont énormes ». « Il faut des efforts de la part des responsables et la mise en place de réformes pour que le pays puisse se relever », rappelle Monica Schmutz Kirgöz qui révèle que « la communauté internationale n’en finit pas de s’étonner face à la paralysie des autorités libanaises ».

Après huit mois de travaux intensifs, le service de pédiatrie de l’hôpital gouvernemental de la Quarantaine s’apprête à reprendre ses activités. Entièrement refait à neuf et équipé d’un matériel sophistiqué grâce à une donation du gouvernement suisse, il a été inauguré hier en présence de l’ambassadrice de Suisse, Monika Schmutz Kirgöz, du ministre sortant de la Santé,...

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