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Lifestyle - Un peu plus

(Lock)down libanais

(Lock)down libanais

Photo DR

Il y a un peu plus d’un an, la planète entière a été sommée de rester chez elle. Cloisonnés entre quatre murs, nous nous sommes pliés aux exigences sanitaires et nous nous sommes adaptés à ce nouveau mode de vie. Rester à la maison, végéter sur son canapé, binger sur Netflix, faire des meetings sur Zoom, suivre ses cours à distance, se laver les mains trente fois par jour, porter un masque en permanence qu’on finit parfois par oublier quand on rentre chez soi, remplir ses poches de sanitizers, ne pas voir ses proches, ne pas enlacer ceux qu’on aime, s’asseoir à trois mètres, respecter ou pas le couvre-feu, tout faire pour ne pas attraper ce foutu virus, s’inscrire sur la plateforme du ministère de la Santé, attendre le vaccin, en choisir un quand on peut, faire une wasta pour avoir celui qu’on veut (Pfizer en l’occurrence)…

Et nous gérons aujourd’hui, bon gré mal gré, ce nouveau quotidien et entre ces successifs lockdowns et la situation on ne peut plus morose du Liban, une grande partie des gens ne sortent plus vraiment alors qu’ils en ont la possibilité. Nous nous sommes habitués à ce mode de vie. Un mode de vie plus solitaire que social. Étrange pour un peuple comme le peuple libanais plus enclin à faire la fête qu’à rester chez lui.

Mais alors pourquoi ? Pourquoi certains Libanais ne quittent plus leur domicile ? Pourquoi restent-ils enfermés sur eux-mêmes ? Pour plusieurs raisons probablement. La crise sans précédent que traverse le Liban, la tristesse qui en découle, la peur d’attraper le Corona, l’habitude, le manque d’envie, et avoir attrapé le virus. Un grand nombre de rescapés du Covid subissent encore ses conséquences. Fatigue, déprime, anxiété, problèmes respiratoires. Mais surtout une transformation au niveau personnel. Nombreux sont ceux qui ne sont plus vraiment les mêmes depuis qu’ils ont été malades. Comme si quelque chose avait changé en eux. Et même si aujourd’hui plusieurs études ont montré qu’un tiers des patients souffrent de troubles psychiatriques ou psychologiques, nous n’avons pas assez de recul pour savoir ce que le Covid-19 nous réserve encore comme surprises. Et sont venus se greffer les effets dramatiques de la situation libanaise. Et pas seulement pour les Libanais vivant au pays.

La joie de vivre nous a pernicieusement quittés, jaillissant parfois lors d’une soirée ou d’une sortie à la plage, mais ce n’est plus vraiment ça. On préfère rester à la maison plutôt que d’affronter le chagrin et le désarroi que l’on voit dans les yeux des passants. Chagrin que nous avons aussi au fond de nous. Et sans l’avoir vraiment voulu, on a fini par vivre au jour le jour. À chaque jour suffit sa peine, ne dit-on pas ? Alors pourquoi sortir ? Faire du sport ? À quoi bon faire l’effort d’aller à la rencontre de ses amis quand on a de leurs nouvelles sur la dizaine de groupes WhatsApp dont on fait partie ? À quoi bon leur demander comment ils vont quand on sait que ce n’est pas la grande forme ? À quoi bon quitter son lit et l’écran de son ordinateur où se suivent les images d’actualité et les vidéos Zoom qui n’en finissent pas de nous abasourdir ? On a certes envie de respirer parfois, d’oublier le monde qui nous entoure, de faire fi du bonheur que d’aucuns affichent sur les réseaux sociaux, mais la réalité nous revient à la gueule, comme une grosse claque qui se rappelle à notre bon souvenir une fois sortis de la piscine où on avait décidé de plonger pour se changer les idées.

Quelle curieuse époque où la solitude imposée est quasiment devenue choisie. Quelle étrange vie nous vivons aujourd’hui, à mille lieues de celle que l’on revoit sur les photos du passé, un passé récent pourtant. C’était il n’y a pas si longtemps que ça. Il y a deux printemps, deux étés, qui paraissent être une éternité. Deux printemps, deux étés où passer deux jours à la suite dans son salon était presque impensable. Deux printemps, deux étés où on vivait parfois en communauté. Deux automnes où sur la place des Martyrs, on dansait collés à des inconnus, scandant des chansons qu’on ne connaissait pas la semaine d’avant, embrassant à tout va ceux qu’on rencontrait.

On y reviendra. Lentement mais sûrement.

Chroniqueuse, Médéa Azouri anime depuis bientôt un an avec Mouin Jaber « Sarde After Dinner », un podcast où ils discutent librement et sans censure d’un large éventail de sujets, avec des invités de tous horizons. Tous les dimanches à 20h00, heure de Beyrouth.

Épisode de la semaine: Rawad Taha

https://youtu.be/iv6AvxhIJTM

Il y a un peu plus d’un an, la planète entière a été sommée de rester chez elle. Cloisonnés entre quatre murs, nous nous sommes pliés aux exigences sanitaires et nous nous sommes adaptés à ce nouveau mode de vie. Rester à la maison, végéter sur son canapé, binger sur Netflix, faire des meetings sur Zoom, suivre ses cours à distance, se laver les mains trente fois par jour, porter...

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