La policière qui a abattu un jeune homme noir près de Minneapolis a été arrêtée mercredi en vue de son inculpation pour "homicide involontaire", après trois nuits de manifestations émaillées de violences dans la métropole du nord des Etats-Unis.
Kim Potter a été placée en garde à vue en fin de matinée et "sera transférée à la prison du comté de Hennepin en vue de son inculpation pour homicide involontaire (...) plus tard dans la journée", a annoncé le Bureau des enquêtes criminelles du Minnesota.
La policière blanche de 48 ans a ouvert le feu dimanche sur Daunte Wright, un Afro-Américain de 20 ans, lors d'un banal contrôle routier à Brooklyn Center, dans la banlieue de Minneapolis. Elle a assuré ensuite avoir confondu son arme de service avec son pistolet électrique Taser. Le drame a ravivé les tensions à Minneapolis où se déroule actuellement le procès du policier blanc Derek Chauvin, jugé pour le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd. Le 25 mai, l'agent était resté agenouillé pendant près de dix minutes sur le cou du quadragénaire noir, dont le supplice, filmé, avait entraîné des manifestations géantes dans le monde entier.
Soucieux d'éviter un nouvel embrasement à Minneapolis, où plusieurs commerces et un commissariat avaient brûlé fin mai, les autorités avaient décrété dès dimanche soir un couvre-feu et appelé des renforts de la garde nationale.
Malgré ce dispositif, des affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants ont eu lieu chaque nuit depuis dimanche. 78 personnes ont encore été interpellées mardi soir après un face-à-face tendu avec des policiers.
Réformes
Face au tollé, Kim Potter et le chef de la police de Brooklyn Center avaient démissionné mardi. La policière encourt désormais jusqu'à dix ans de prison.
La famille de Daunte Wright a pris acte mercredi des poursuites engagées à son encontre, mais a critiqué ses justifications: "Une agente avec 26 ans d'expérience sait faire la différence entre un Taser et une arme à feu", a écrit leur avocat Ben Crump dans un communiqué.
"On va continuer à se battre afin d'obtenir justice pour Daunte, sa famille et toutes les personnes de couleur marginalisées. Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'aurons pas obtenu de réelles réformes de la police et de la justice", a ajouté Me Crump, qui défend aussi la famille Floyd.
Sans se prononcer sur ce dossier, la Maison Blanche a estimé que "les forces de l'ordre faisaient trop souvent usage d'une force pas nécessaire et que cela conduisait trop souvent à la mort d'Afro-Américains". "Le président a déjà dit que nous avons besoin de réformes de la police", a ajouté la porte-parole de la présidence Jen Psaki.
Bataille d'experts
Minneapolis attend par ailleurs avec appréhension le verdict du procès de Derek Chauvin.
Après deux semaines accablantes pour la défense, l'avocat du policier a marqué des points mercredi avec le témoignage d'un médecin légiste qui a contredit les experts présentés par l'accusation.
David Fowler, qui a longtemps supervisé les services de médecine légale de l'Etat du Maryland, a estimé que le quadragénaire noir était mort d'un arrêt cardiaque et non par asphyxie, comme l'ont assuré un pneumologue ou encore un cardiologue appelés à la barre la semaine dernière.
Pour lui, le coeur s'est arrêté en raison de problèmes de santé préalables, notamment d'une hypertension qui avait fait grossir le coeur de George Floyd, et de problèmes aux artères. L'ingestion de drogues, mais également de gaz d'échappement pendant son arrestation, "ont ajouté de l'adrénaline à ce mélange et empiré les choses", a ajouté le docteur Fowler.
Vendredi dernier, le médecin Andrew Baker qui a réalisé l'autopsie de George Floyd avait confirmé les problèmes de santé du quadragénaire et la présence de fentanyl, un puissant opiacé, et méthamphétamine, dans son organisme. Mais pour lui, ces facteurs ne sont pas "les causes directes" de la mort, qui restent le manque d'oxygène dû à la compression du cou.
Le jour du drame, Derek Chauvin avait maintenu pendant neuf minutes et 29 secondes son genou sur le cou de l'Afro-Américain, plaqué au sol et menotté, même une fois celui-ci devenu inconscient et son pouls indétectable.
Malgré les images sans équivoque du drame, et la multitude de témoins qui ont défilé contre son client, Me Eric Nelson espère créer des doutes dans l'esprit d'au moins un juré et éviter une condamnation de son client.
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