En dépit de la dynamique diplomatique arabe engagée la semaine dernière en faveur d’un déblocage, et malgré les menaces de sanctions européennes imminentes, le dossier gouvernemental ne bouge pas d’un iota. Au contraire, les acteurs locaux concernés campent sur leurs positions, voire les durcissent, comme s’ils bénéficiaient du luxe du temps, comme si le Liban n’était pas à bout de souffle. Michel Aoun semble avoir relégué la formation du gouvernement au second plan, derrière l’audit juricomptable, son cheval de bataille. Saad Hariri, lui, estime avoir fait suffisamment de concessions et attend que le camp du président et de son gendre Gebran Bassil fasse de même.
Entre-temps, le Premier ministre désigné ne compte pas pour autant rester les bras croisés et poursuit sa tournée auprès des puissances mondiales impliquées dans le dossier libanais, dans une tentative de faire progresser les tractations.Après la France, l’Égypte, le Qatar et dernièrement les Émirats arabes unis qu’il a visités à plusieurs reprises ces derniers mois, M. Hariri est attendu aujourd’hui mercredi en Russie. L’occasion pour lui de s’entretenir avec le président russe, Vladimir Poutine, le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, ainsi que le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, et son adjoint, Mikhaïl Bogdanov, selon un communiqué officiel publié hier par l’agence de presse Spoutnik. Les discussions devraient naturellement porter sur le processus de formation du gouvernement. Depuis la nomination de M. Hariri en octobre dernier, Baabda et la Maison du Centre s’écharpent autour du choix des ministres, notamment les chrétiens, de la taille de la future équipe et surtout du tiers de blocage en son sein.
C’est donc pour tenter d’opérer une percée et « convaincre » les protagonistes libanais de l’urgence de former un cabinet dans les plus brefs délais que Moscou attend Saad Hariri, pour reprendre les termes de M. Lavrov. S’exprimant devant son homologue égyptien, Sameh Choucri, lundi au Caire, le ministre russe a déclaré que son pays « exhortera les protagonistes libanais à s’acquitter de leurs responsabilités et former un gouvernement qui refléterait l’intérêt de toutes les composantes de la société libanaise ». À son tour, Sameh Choucri, qui s’était entretenu, la semaine dernière à Beyrouth, avec les chefs de file politiques (à l’exception notable du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et du Hezbollah), a réitéré son appel à la mise en place d’un gouvernement de spécialistes le plus tôt possible. La visite du diplomate égyptien avait été suivie par celle du secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Houssam Zaki. Ce dernier avait proposé une médiation de la Ligue arabe pour débloquer la crise.
Pas d’initiative politique russe
La Russie, elle, n’entendrait pas proposer une nouvelle initiative politique en faveur du Liban. D’autant qu’en février dernier, Moscou s’était clairement aligné sur la feuille de route française. « Ce qui nous importe, c’est surtout de rapprocher les points de vue pour accélérer la formation du gouvernement, sans pour autant s’ingérer dans les affaires souveraines du Liban », explique à L’Orient-Le Jour un diplomate russe à Beyrouth. « Nous n’intervenons pas dans des détails tels que la forme et la composition de l’équipe ministérielle », ajoute-t-il. Dans cette même logique russe visant à trouver un terrain d’entente, le diplomate dévoile que le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, ainsi que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, et son rival sur la scène druze, Talal Arslane, sont attendus à Moscou entre avril et mai prochain.
Du côté haririen, on évite de dévoiler les détails du déplacement du chef du gouvernement désigné en Russie. De source politique informée, on apprend toutefois que c’est M. Hariri qui aurait demandé de rencontrer les hauts responsables russes, notamment Vladimir Poutine. Il devrait saisir l’occasion pour expliquer à ses hôtes les obstacles qui l’empêchent toujours de mener à bien sa mission. De même source, on croit savoir que c’est la visite de Saad Hariri au Vatican, prévue le 22 avril, qui devrait aider à ouvrir une brèche dans le processus gouvernemental.
Aoun revient à la charge
Sur le plan strictement local, la mésentente entre MM. Aoun et Hariri est loin de s’estomper. Hier, le chef de l’État a de nouveau accusé le leader du Futur de bloquer sciemment le dossier. « Seul le Premier ministre désigné connaît les raisons derrière le retard à former le cabinet. Et il ne les dévoile pas », aurait déclaré M. Aoun devant ses visiteurs, cités par le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah. « Il (Saad Hariri) est très conscient que ses déplacements à l’étranger ne peuvent mettre en place un cabinet. Il est en quête d’une aide qu’il n’a pas encore obtenue », aurait encore dit M. Aoun, en allusion à un appui saoudien au Premier ministre désigné. Le président s’est en outre dit déterminé à mener la bataille de l’audit juricomptable (de la Banque centrale et du reste des institutions de l’État) « jusqu’au bout ». Une façon pour le locataire de Baabda de réaffirmer qu’à l’heure actuelle, la priorité est à cette réforme et non au gouvernement.
C’est ce qui aurait poussé le président de la Chambre, Nabih Berry, à temporiser avant de se lancer dans une nouvelle série de contacts. « Baabda veut détourner l’attention de la question principale qui est celle du gouvernement », commente un proche de M. Berry interrogé par L’OLJ. Selon lui, « l’initiative Berry (un cabinet de 24 ministres sans tiers de blocage, NDLR) n’est pas encore tombée à l’eau. Elle n’a toutefois pas encore enregistré les progrès requis ». C’est dans ce contexte qu’intervient le nouvel appel de Walid Joumblatt – premier à avoir proposé la formule de 24 ministres à Michel Aoun, le 20 mars dernier – à un compromis. Dans des propos rapportés par le quotidien al-Anba’, organe médiatique du PSP, le leader druze a estimé que la priorité aujourd’hui n’est pas de pousser à la démission de Michel Aoun, mais de former un cabinet.
Aoun adepte de la pratique du jusqu’au-boutiste va nous emmener encore plus loin que l’enfer. Puisque le Liban crame déjà de mille feux grâce à lui, et à Iznogood qui rêve de devenir calif à la place du calif. On ne peut comprendre cet entêtement d’enfant gâté à son âge avancé ? A ce train-là il va nous faire boire le calice jusqu’à la lie … il ferait bien de goûter à ce gros vin qui tâche pour en connaître l’amertume. Ce monsieur ne doute de rien, et n’est pas conscient du tort qu’il cause au bon peuple patient et, qui attend le meilleur ou le pire, mais attention a force de mettre la pression il arrive que la cocotte explose à la figure (gueule).
12 h 31, le 14 avril 2021