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Nos Lecteurs ont la Parole

Le cri du cœur de la capitale martyre

4 août 2020. Une date qui changea à jamais l’histoire du Liban et qui grava une empreinte noire sur la mémoire du peuple libanais.

La double détonation qui secoua le port de Beyrouth engendra une onde de choc et défigura le visage de la capitale, marquée, au fil du temps, par de nombreuses guerres et invasions étrangères. Le drame de trop parmi la pléthore d’enjeux qui fragmentent ces 10 452 km2 de terre du Moyen-Orient.

Le voile de fumée noire qui enveloppa la capitale plongea davantage dans l’obscurité son peuple, déjà anéanti, et enfonça le pays du Cèdre au fond du gouffre.

Incurie étatique, instabilité politique, effondrement économique. Et puis la déflagration d’un produit chimique, déclenchée par une corruption endémique.

2 750 tonnes de nitrate d’ammonium. Sa formule se réduit à la symbiose de deux simples molécules. Deux simples molécules qui furent à l’origine du déclenchement de ce complexe et apocalyptique drame.

Sans oublier de mentionner la frénésie soulevée par cette double explosion. Frénésie qui fit naître, au lendemain de cette tragédie, l’unité et la solidarité au sein d’une société mosaïque identitaire.

8 août 2020. Abandonnés, délaissés et exténués par une classe politique avide et incompétente, les Libanais descendirent dans les rues.

Des slogans résonnèrent à travers le pays, mais furent aussi scandés par la diaspora libanaise pour réclamer la démission de tous les politiciens.

Aux yeux de ces politiciens, la nation libanaise n’est qu’un produit du marché capitaliste prédateur qu’ils peuvent offrir à une myriade de pays étrangers. Un simple pion qu’ils déplacent sur un échiquier. Une nation qu’ils ont abandonnée pour servir leurs propres intérêts.

Ces politiciens furent jadis des miliciens pendant la guerre civile.

Mais le 22 octobre 1989, il ne leur a fallu qu’un simple changement d’uniforme pour prendre les rênes du pouvoir. Et pour mener le pays aux abysses.

Ce sont eux qui ont causé le cri du cœur de la capitale martyre. Et qui l’ont ruinée.

Ce sont eux qui ont détruit le pays. Et qui ont provoqué son effondrement.

Népotisme, clientélisme et immobilisme politique sont leurs mots d’ordre.

Ils se prétendent protecteurs des Libanais. Ils se prétendent défenseurs du Liban.

Mais la réalité est tout autre. La réalité est que le visage du Liban, c’est son peuple.

Ce sont les Libanais qui, au lendemain d’une double explosion meurtrière, sont descendus dans les rues pour nettoyer, rebâtir et tenter de reconstruire. Reconstruire ce qui restait des édifices d’un pays morcelé, scindé, divisé.

Ce sont les Libanais qui sont descendus dans les rues pour se battre. Pour leur peuple, pour leur pays, pour leur patrie.

Ce sont les Libanais qui ont décidé d’y rester, car si nous partons, disent-ils, qui va sauver le Liban ?

Ce sont les Libanais à l’étranger qui se battent, de loin, mais de près, pour leur terre natale. Espérant pouvoir, un jour, y retourner.

Ce sont les Libanais qui acceptent de mourir pour que vive le Liban.

« Beyrouth, mille fois morte, mille fois revécue. » Mais le 4 août, c’était la fois de trop. Le 4 août, c’était l’écroulement de trop.

Ce cri du cœur de la capitale martyre est devenu le cri du cœur du peuple libanais ; un cri de désespoir. Un appel à l’aide.

2015, 2019, 2020. Et puis encore, aujourd’hui. L’histoire se répète. Les Libanais, toutes confessions confondues, font revivre la flamme révolutionnaire.

Clamant haut et fort à une classe politique paralysée qu’ils en ont assez. Qu’ils sont épuisés d’être enfermés, oubliés, réduits au silence. Accablés de voir leurs proches s’exiler.

Leurs voix résonnent jusque dans les racines du cèdre. Mais le cèdre est symbole de mémoire, d’espoir et de liberté.

Mémoire d’un éprouvant passé, mais espoir d’un meilleur futur.

Liberté au peuple libanais, puisque c’est lui qui doit brandir la plume.

Et c’est à lui de réécrire son histoire.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

4 août 2020. Une date qui changea à jamais l’histoire du Liban et qui grava une empreinte noire sur la mémoire du peuple libanais. La double détonation qui secoua le port de Beyrouth engendra une onde de choc et défigura le visage de la capitale, marquée, au fil du temps, par de nombreuses guerres et invasions étrangères. Le drame de trop parmi la pléthore d’enjeux qui fragmentent...

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