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Société - Billet

Des points de soudure pour le Liban

La saga de l’été dernier aura commencé quelques heures à peine après la catastrophe du 4 août. Des travaux de soudure entrepris sur le fameux hangar n°12 y auraient mis le feu aux poudres, soumettant les Beyrouthins des alentours à leur funeste destin. Une possibilité, certes. Une bonne excuse, soit. Il demeure que ce fut là le dernier souffle d’un pays à la dérive.

Retenant le leur depuis lors, les premiers suspects auraient de quoi être rassurés si L’Orient-Le Jour leur disait qu’un seul incendie dû à des travaux de la sorte est répertorié dans ses archives informatisées, sur plus de deux décennies. Des soudeurs pour qui la loi des séries n’aura jamais été plus suspecte qu’en cet été apocalyptique.

De la tragédie du port au gigantesque incendie en son sein un mois plus tard, en passant par celui d’un centre commercial et du port de Tripoli, sans oublier des explosions domestiques dans certains quartiers. Des étincelles destructrices en veux-tu en voilà, et des gens du métier pointés du doigt par une clique politique pyromane.

Aucun verdict n’arrivera toutefois à la hauteur de celui du peuple. « Notre gouvernement a fait ça », peut-on toujours lire sur l’autoroute longeant le port de la capitale. Une inscription hâtivement photographiée par ceux qui, embourbés dans leur résilience, errent, hagards, spectateurs de leur propre catharsis dans la tragédie grecque qu’est devenu le Liban.

Huit mois après l’anthologique 4 août, résultat d’une politique assassine férue de dommages collatéraux, « on en a marre d’être résilients », murmurent les Libanais, bras croisés, de crainte qu’un autre incendie dévastateur réduise en cendres le peu qu’il leur reste.

Et les soudeurs se taisent. Parmi eux, avec eux, ils marchent sur des braises. Seuls les éclats de verre incrustés dans les pavés et les murs font briller la ville de mille feux, souvenirs d’un instant aux brasillements éternels.

Dans les quartiers sinistrés, chantiers d’un pays où tout est à reconstruire, si les tas de débris ont presque disparu et le bal des balais s’est éteint, les travaux de soudure, fondus dans le décor, se poursuivent. Or c’est de l’embrasement issu de leur alliage dont le Liban aurait besoin pour souder les points de suture d’une nation dont la résilience aura fini par en carboniser toute l’espérance.

Il n’y a pas si longtemps, pourtant, les Libanais, unis dans l’esprit révolutionnaire, se tenaient la main dans une chaîne humaine parcourant le littoral national, du nord sunnite au sud chiite, en passant par les côtes chrétiennes. C’était le 27 octobre 2019, un dimanche de fin d’été jouant les prolongations, empli d’une chaleur venant des cœurs.

Depuis, fractionné, étouffé, meurtri, affamé, c’est tout un peuple qui crève. Seuls ceux qui tirent les ficelles survivent, soudés dans leurs rivalités et dévorant leurs parts du gâteau étatique. Mais le printemps est déjà là et un nouvel été approche. De quelle mystérieuse saga sera-t-il cette fois fait ?

Au bal masqué qu’est devenu le monde, lavez-vous les mains, prenez celle de votre voisin et entrez dans la danse. Si le danger de la soudure réside dans ses étincelles, le risque d’une nouvelle fusion populaire n’enflammerait que des lueurs d’espoir.

La saga de l’été dernier aura commencé quelques heures à peine après la catastrophe du 4 août. Des travaux de soudure entrepris sur le fameux hangar n°12 y auraient mis le feu aux poudres, soumettant les Beyrouthins des alentours à leur funeste destin. Une possibilité, certes. Une bonne excuse, soit. Il demeure que ce fut là le dernier souffle d’un pays à la dérive. Retenant le...

commentaires (3)

""Des travaux de soudure entrepris sur le fameux hangar n°12 y auraient mis le feu aux poudres, soumettant les Beyrouthins des alentours à leur funeste destin. Une possibilité, certes. Une bonne excuse, soit. Il demeure que ce fut là le dernier souffle d’un pays à la dérive"". Vous vous gardez bien d’écrire "accident", la belle affaire pour innocenter tout le monde. Entre "possibilité" et "excuse", quelle est donc votre enquête pour ne pas diluer la vérité sur les travaux de soudure.

L'ARCHIPEL LIBANAIS

11 h 22, le 05 avril 2021

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Commentaires (3)

  • ""Des travaux de soudure entrepris sur le fameux hangar n°12 y auraient mis le feu aux poudres, soumettant les Beyrouthins des alentours à leur funeste destin. Une possibilité, certes. Une bonne excuse, soit. Il demeure que ce fut là le dernier souffle d’un pays à la dérive"". Vous vous gardez bien d’écrire "accident", la belle affaire pour innocenter tout le monde. Entre "possibilité" et "excuse", quelle est donc votre enquête pour ne pas diluer la vérité sur les travaux de soudure.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    11 h 22, le 05 avril 2021

  • Encore faut il que l’allié de taille de cette rébellion qui n’est autre que son armée officielle qui subit les mêmes injustices que le peuple réponde à l’appel et rejoigne les libanais pour les protéger face aux barbares vendus, déguisés en FSI qui massacrent notre jeunesse avec la bénédiction de cet état mafieux sous prétexte de faire régner l’ordre. Pour les contrer il va falloir être beaucoup plus nombreux que les motards de la mort et tous les autres vendus armés pour que la peur change de camp car ces vendus seraient lynchés par le peuple qui lui est dans son droit de réclamer une vie digne et un pays libéré de ses traîtres. La résurrection de ce pays aurait elle lieu un jour grâce au sursaut de son peuple?

    Sissi zayyat

    12 h 28, le 04 avril 2021

  • NO COMMENT !

    Gaby SIOUFI

    10 h 45, le 04 avril 2021

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