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Gouvernement : Baabda répond à Hariri

Gouvernement : Baabda répond à Hariri

Le chef d'Etat libanais, Michel Aoun. Photo d'archives AFP

A la suite des propos de Saad Hariri, le président de la République, "surpris par les paroles et les moyens employés par le Premier ministre désigné", a donné sa version des faits lundi dans un communiqué publié par Baabda, à l'issue d'une très brève et orageuse réunion entre les deux hommes, qui a semblé faire revenir le processus de formation du gouvernement à la case départ.

Michel Aoun a affirmé n'avoir fourni qu'une méthodologie et non une liste de noms de ministrables, niant chercher à obtenir le tiers de blocage. Le chef de l'Etat s'est posé en défenseur de la Constitution et du Pacte national. "Il a adressé au Premier ministre désigné un document indiquant seulement la méthodologie de formation du cabinet et comprenant quatre piliers", dit le communiqué, réfutant que M. Aoun ait transmis une mouture complète. "Ces quatre piliers sont un cabinet de 18, 19 ou 20 ministres ; la répartition des portefeuilles sur les confessions, conformément au texte de l'article 95 de la Constitution ; la référence pour la nomination de chaque ministre, après que le PM désigné ait dévoilé dans sa mouture que certains (partis) ont nomme leurs ministres ; les noms des ministres après accord sur leur confession et leur référence".

S'adressant à la presse à l'issue d'un entretien d'une vingtaine de minutes en tête-à-tête avec Michel Aoun, M. Hariri a annoncé avoir reçu la veille, de la part de la présidence, une mouture complète d'un cabinet avec "une répartition confessionnelle et partisane des ministères dans des gouvernements de 18, 20 ou 22", à laquelle il lui était demandé "d'ajouter" des noms. Cette proposition "accorde le tiers de blocage à sa formation politique", a-t-il critiqué. "Cette liste est inacceptable. Le travail du Premier ministre n'est pas juste de compléter un document qui lui a été envoyé", a-t-il lancé. "La Constitution stipule clairement que le Premier ministre désigné forme son gouvernement et donne les noms (des ministrables, ndlr) avant de les discuter avec le président", a déclaré Saad Hariri.

La méthodologie proposée par Michel Aoun à Saad Hariri. Photo fournie par la présidence.

Démentant ces propos, Baabda a affirmé que le document proposé était une méthodologie et non une liste de noms, comme l'avait indiqué Saad Hariri. "Cette méthodologie est bien connue du Premier ministre désigné, lequel a déjà formé deux gouvernements sur cette base", a indiqué la présidence libanaise, regrettant qu'il soit proposé cette fois-ci une mouture incomplète sans référence pour la nomination des ministres. "Le PM désigné a annoncé une mouture gouvernementale, mais celle-ci n'a pas reçu l'approbation initiale du président de la République", affirme encore le communiqué. "Le président de la République tient à former un gouvernement conforme à la Constitution. Sa signature pour publier le décret est inhérente à la formation du cabinet et pas seulement médiatique. Sans cela, l'accord sera refusé. Il n'est pas permis de transformer la crise gouvernementale en une crise de gouvernance et de système", conclut le texte. 

Preuve que ni le Premier ministre désigné ni le président ne semblent prêts à faire des concessions pour arriver à un compromis, aucun rendez-vous pour une prochaine réunion n'a été annoncé lundi.

Lors de leur précédente entrevue jeudi, Michel Aoun avait réclamé au leader du courant du Futur une mouture dans laquelle lui et le Courant patriotique libre (CPL, qu'il a fondé) aurait soit huit ministres dans un cabinet de 20, soit sept dans un cabinet de 18, c'est-à-dire le tiers de blocage, ce que refuse catégoriquement de lui octroyer Saad Hariri. Parmi les autres obstacles que doivent surmonter MM. Aoun et Hariri figure également le choix des ministres de l'Intérieur et de la Justice, deux portefeuilles revendiqués par leurs deux formations. La question de la nomination des ministres druzes a, elle, été facilitée par l'appel au compromis lancé samedi depuis Baabda par Walid Joumblatt. Ce dernier, qui avait longtemps soutenu la demande de Saad Hariri d'un gouvernement de 18, a semblé lâcher du lest, se disant favorable "à un compromis autour de 18 ministres ou de tout autre nombre". La mise sur pied d'une équipe de 20 permettrait d'inclure un autre ministre druze, relevant donc du parti de Talal Arslane, allié des aounistes, et un grec-catholique, ce qui permettrait au CPL et à ses alliés d'obtenir le tiers de blocage.

Pour sa part, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait "conseillé" jeudi soir à Saad Hariri de former un gouvernement "techno-politique", où les partis auraient leur mot à dire dans l'attribution des portefeuilles, et non une équipe de spécialistes indépendants, réclamée par la rue et la communauté internationale. Une demande qui a été saluée samedi par le CPL, mais à laquelle M. Hariri ne semble pas disposé à donner suite.


A la suite des propos de Saad Hariri, le président de la République, "surpris par les paroles et les moyens employés par le Premier ministre désigné", a donné sa version des faits lundi dans un communiqué publié par Baabda, à l'issue d'une très brève et orageuse réunion entre les deux hommes, qui a semblé faire revenir le processus de formation du gouvernement à la case départ. ...