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Société - Crises au Liban

Mères de famille, activistes, Parti communiste : les manifestations anti-pouvoir se succèdent

Du Nord au Sud, les contestataires dénoncent l'indifférence des dirigeants politiques. 

"Je suis une mère et mon cœur souffre, mais je n'accepterai jamais que mon enfant ait faim", peut-on lire sur une banderole tenue par des mères de famille lors d'un sit-in à Jiyeh, le 21 mars 2021. Photo ANI

Sous différents slogans mais affichant toutes une même rancœur contre la classe politique, plusieurs manifestations ont été organisées dimanche à travers le Liban, menées par des groupes se revendiquant du soulèvement du 17 octobre, des mères de famille, des communistes, ou encore parents d'étudiants à l'étranger. 

La colère contre le pouvoir et l'inaction des dirigeants face à l'accumulation des crises anime de nouveau les rues du pays depuis plusieurs semaines. La contestation a repris de plus belle en raison de la dépréciation de la livre libanaise, qui a connu une très forte volatilité et a atteint la semaine dernière le plafond record de 15.000 LL pour un dollar, avant de se traiter autour de 11.500 LL au cours du week-end.

C'est dans ce contexte que des parents d'étudiants à l'étranger ont à nouveau manifesté devant le siège de la Banque du Liban (BDL) à Beyrouth, afin de réclamer l'application de la loi dite sur le "dollar étudiant" et de dénoncer "l'indifférence de la classe politique" face aux crises qui s'accumulent dans le pays. Au cours de ce sit-in dans le quartier commerçant de Hamra, une porte-parole des contestataires a déploré que "les citoyens soient laissés face à leur sort", dénonçant la "négligence de la classe politique". "Nos enfants sont les premières victimes des dirigeants politiques et financiers, qui ont abandonné leur mission d'assurer la stabilité sociale", a lancé Wafa Ahmad. Elle a accusé les autorités de "ne pas appliquer les lois, et notamment la loi 193 sur le dollar étudiant", tandis que la justice "ne joue pas son rôle et ne demande pas de compte aux voleurs, à ceux qui ont pillé les deniers publics, aux banques, au gouverneur de la BDL et à l'Association des banques". "Le dollar étudiant est un droit minimal auquel nos enfants ont droit et que cet État corrompu doit leur accorder", a poursuivi Mme Ahmad, qui a souligné que les parents des étudiants à l'étranger poursuivraient leur mouvement jusqu'à ce que la loi 193 soit appliquée.

Transition vers un État civil
Des échauffourées ont par ailleurs éclaté à, en marge d'une manifestation entre le siège de Télé Liban et le ministère de l'Information, visant à présenter un "plan de sauvetage" du secteur des médias. La manifestation, partie du quartier de Tallet el-Khayat en direction du secteur Sanayeh s'est déroulée dans le calme, jusqu'à ce qu'un incident survienne entre contestataires et forces de l'ordre, suite à des jets de pierre, selon des informations de la chaîne locale de télévision al-Jadeed.

Avant les tensions, une représentante du syndicat alternatif de la presse a appelé dans un discours prononcé devant le ministère à la formation d'un cabinet "de sauvetage", doté de prérogatives exceptionnelles et composé de technocrates indépendants choisis "hors de la classe politique". Elle a réclamé que ce cabinet permette la transition du système confessionnel des "quotes-parts" vers un État civil, ainsi qu'une justice indépendante. Un autre activiste, membre du mouvement "La volonté libanaise" a de son côté déclaré que "l'heure des dirigeants politiques actuels est venue".

Rester ou partir
Au sud de Beyrouth, dans la région de l'Iqlim el-Kharroub, ce sont des mères de famille qui ont manifesté contre les répercussions de la crise économique, à l'occasion de la fête des mères. Cette manifestation, organisée le long de l'ancienne route maritime de Jiyeh, a eu lieu en présence de plusieurs groupes de contestataires se revendiquant de la révolte du 17 octobre. "Je suis une mère et mon cœur souffre, mais je n'accepterai jamais que mon enfant ait faim", pouvait-on lire sur une grande banderole tenue par les protestataires. S'exprimant au nom des mères présentes à ce rassemblement, l'une d'elles a déclaré : "Si nous restons dans ce pays, c'est un problème, si nous partons, c'est également un problème. Si nous restons, nous mourrons de misère, si nous partons, tout ce qui est en nous, notre enfance, nos souvenirs, nos amitiés, nos rêves, notre nation, mourra". Elle a regretté que les Libanaises "aient lutté pour pouvoir donner leur nationalité à leurs enfants, mais maintenant cette nationalité est un fardeau". "Aux tyrans de notre pays, écoutez-nous bien : les femmes se sont soulevées le 17 octobre et elles se sont exprimées. Aujourd'hui, nous poursuivrons ce combat, nous ne nous tairons pas, a encore déclaré cette porte-parole. Les femmes sont des partenaires essentielles pour le changement vers un État civil qui respecte leurs droits".
Samedi, déjà, des marches similaires de femmes et de mères avaient eu lieu dans plusieurs régions du pays, notamment à Beyrouth, afin de réclamer la démission de toute la classe dirigeante.

"La révolution n'est pas morte"
Dans la matinée, ce sont des dizaines de personnes qui avaient manifesté dans les rues de Nabatiyé, au Liban-Sud, et appelé à la démission des dirigeants, selon des informations de notre correspondant Mountasser Abdallah. Au cours d'une marche partie de la localité de Kfar Remmane jusqu'à la place de Nabatiyé, les protestataires ont scandé "de Nabatiyé à Beyrouth, la révolution ne meurt pas" et appelé à la formation d'un gouvernement doté de "prérogatives exceptionnelles" afin de faire face à la crise. Ils ont aussi accusé le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé d'être la "caisse noire de la classe politique".

Dans le Nord, à Halba (Akkar), des manifestants ont défilé à l'appel du Parti communiste, afin de crier leur colère contre la dépréciation de la livre libanaise, exhortant les dirigeants à trouver des solutions à la crise, rapporte l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). Les protestataires ont effectué une marche dans les rues de la localité, brandissant des drapeaux libanais et du Parti communiste et chantant des hymnes révolutionnaires. Au retour sur la place de Halba, un porte-parole du parti a critiqué les dirigeants politiques "qui se disputent pour des quotes-parts et se partager les richesses de l'État" alors que le pays "s'effondre" et que les gens "ont faim et craignent pour leur avenir". "Nous allons faire tomber votre système et en bâtir un nouveau qui réponde aux aspirations du peuple", a-t-il ajouté.

Des manifestants du Parti communiste à Halba, dans le Akkar, le 21 mars 2021. Photo ANI

Une marche similaire a été organisée par le Parti communiste à Rayak, près de Baalbeck, afin de condamner "la politique de famine" des autorités et de rejeter "le retour de la classe politique confessionnelle ratée dans le nouveau gouvernement".

Sous différents slogans mais affichant toutes une même rancœur contre la classe politique, plusieurs manifestations ont été organisées dimanche à travers le Liban, menées par des groupes se revendiquant du soulèvement du 17 octobre, des mères de famille, des communistes, ou encore parents d'étudiants à l'étranger. La colère contre le pouvoir et l'inaction des dirigeants face à...

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A QUAND LE TSUNAMI QUI VA LES EMPORTER TOUS LES MAFIEUX SUR SON PASSAGE. IL FAUT LES DEGAGER, LES EMPECHER DE FUIR POUR LES JUGER ET RECUPERER LES MONTANTS DEVALISES DES CAISSES DE L,ETAT, CAD DES IMPOTS DES GENS, ET DES ECONOMIES D,UNE VIE DU PEUPLE. LE GLAS SONNE POUR TOUTE CETTE CRASSE !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 10, le 21 mars 2021

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Commentaires (1)

  • A QUAND LE TSUNAMI QUI VA LES EMPORTER TOUS LES MAFIEUX SUR SON PASSAGE. IL FAUT LES DEGAGER, LES EMPECHER DE FUIR POUR LES JUGER ET RECUPERER LES MONTANTS DEVALISES DES CAISSES DE L,ETAT, CAD DES IMPOTS DES GENS, ET DES ECONOMIES D,UNE VIE DU PEUPLE. LE GLAS SONNE POUR TOUTE CETTE CRASSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 10, le 21 mars 2021

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