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Moyen-Orient - ÉLECTIONS ISRAÉLIENNES

Face à Netanyahu, aucune alternative ne semble émerger

À l’approche des élections législatives du 23 mars, le Likoud du Premier ministre actuel arrive en tête des sondages, avec 30 sièges à la Knesset contre seulement 18 pour son rival le plus sérieux, le parti de Yair Lapid.

Face à Netanyahu, aucune alternative ne semble émerger

Un homme passant devant une affiche électorale du Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, et de son concurrent du parti Yesh Atid, Yair Lapid, à Jérusalem, le 17 mars 2021. Emmanuel Dunand/AFP

Depuis plusieurs années, la vie politique israélienne repose sur un étrange paradoxe : extrêmement polarisée, elle se structure autour de la personne de Benjamin Netanyahu. Que l’on soit pour ou contre sa politique, la ligne de fracture reste la figure du Premier ministre, de sorte que « toutes les questions de fond sont évacuées pour se transformer en une forme de plébiscite », remarque Amélie Ferey, chercheuse au Centre d’études et de recherches internationales (CERI) et à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM). En même temps, et alors que tout une composante de la classe politique se mobilise pour mettre fin à l’ « ère Netanyahu », l’alternative peine à émerger. À quelques jours des élections nationales qui auront lieu le mardi 23 mars, les quatrièmes depuis avril 2019, les figures en mesure de défier Benjamin Netanyahu traînent dans les sondages et ne semblent pas faire le poids. Le Premier ministre sortant jouit d’une avance confortable qui s’explique notamment par sa facilité à avoir exploité à son avantage les événements de cette dernière année. Crise du coronavirus, accords d’Abraham, décision de la Cour pénale internationale d’enquêter sur les territoires palestiniens : sur tous ces dossiers, M. Netanyahu semble être parvenu à convaincre une partie de l’opinion de sa gestion efficace et du fait qu’il représente le seul rempart contre ce qui est perçu comme un acharnement international à l’encontre d’Israël. « Soit on est pour Netanyahu, et par extension pour Israël, soit on est un traître : il y a une identification totale entre Netanyahu et le sionisme », estime Amélie Ferey.

Le candidat Netanyahu continue donc d’occuper l’espace médiatique et de sillonner le pays, tout en soulignant le succès de sa campagne de vaccination ayant mené à la récente réouverture du pays. Mardi, à exactement une semaine du scrutin, le Premier ministre semblait même avoir renforcé son score aux dépens de ses rivaux, atteignant 30 sièges à la Knesset selon un sondage de Channel 12, soit six sièges de moins que lors des dernières élections de mars 2020 mais deux de plus qu’il y a une semaine.

Le prochain « faiseur de roi »

S’il existe bien des figures qui tentent de s’imposer face à Benjamin Netanyahu, force est de constater qu’elles peinent à s’imposer sur la durée. Celui qui, lors des dernières élections, était considéré comme le principal rival semble désormais hors-jeu : le parti Kahol-Lavan de Benny Gantz est crédité de 4 sièges tout au plus dans les sondages, un effondrement sans appel par rapport aux 15 sièges du scrutin de 2020. Il était alors parvenu à rallier une part importante de l’électorat de gauche qui souhaitait faire barrage à Netanyahu. « Ce bloc anti-Netanyahu constitué de juifs ashkénazes plutôt laïc », remarque Amélie Ferey. Mais Benny Gantz rompt sa promesse de campagne au lendemain du scrutin et se joint à une coalition gouvernementale aux côtés du Likoud. La dissolution de cette même coalition, puis une lettre cosignée par 130 officiers militaires appelant au retrait de Gantz des élections, ont ensuite achevé de marginaliser le Parti Bleu-blanc.

Pour mémoire

Pour Netanyahu, une élection sans l’appui de la Maison-Blanche

Yair Lapid, Gideon Saar, Naftalli Benett : les alternatives restantes sont soit trop faibles pour pouvoir espérer former une coalition anti-Netanyahu, soit trop proches politiquement du Premier ministre actuel pour s’opposer à lui jusqu’au bout. Deux d’entre eux – Gideon Saar et Naftali Bennett – sont en réalité issus des rangs du Likoud. Gideon Saar, un ancien ministre de Netanyahu et l’une des grandes figures du Likoud, n’a fait défection pour créer son propre parti qu’en décembre 2020. Le parti Yamina connaît certes un certain succès. Selon les derniers sondages, il arriverait en troisième position après le Likoud et le Yesh Atid (Il y a un futur) de Yair Lapid. Mais son leader, Naftali Bennett, pourrait rejoindre une coalition menée par Benjamin Netanyahu.

La menace la plus sérieuse reste donc le parti Yesh Atid. Lors de ses dernières interventions publiques, M. Netanyahu a d’ailleurs concentré ses attaques contre le leader du parti, Yair Lapid, faisant penser que lui aussi le perçoit comme une menace. Les sondages placent certes le parti centriste en deuxième position après le Likoud, avec jusqu’à 20 sièges. Mais le parti devra ratisser large, très large, afin d’espérer rassembler les 61 sièges nécessaires à la formation d’une coalition gouvernementale.

L’alternative, si elle existe, est donc morcelée, politiquement encore trop fragile ou idéologiquement proche de M. Netanyahu. Et c’est peut-être là que réside le cœur du problème : c’est d’abord sur le plan des idées et des programmes que le changement n’arrive pas à émerger. « Entre Gantz, Netanyahu, Saar et Bennett, il n’existe quasiment aucune différence si ce n’est une différence de personnes », estime Amélie Ferey. « Pour qu’il y ait une véritable alternative, il faudrait une gauche capable de s’affirmer, de proposer un sionisme alternatif, ou encore d’assumer le fait de siéger avec les Arabes », poursuit-elle.

Le monopole politique exercé par Benjamin Netanyahu, tout comme l’absence d’alternative, ne peut donc se comprendre sans prendre en compte deux évolutions-clés de la vie politique israélienne au cours des dernières décennies. D’un côté, la crise idéologique de la gauche traditionnelle, telle que représentée par le Parti travailliste, Meretz et Gesher qui, à eux trois, n’ont rassemblé que 7 sièges lors du dernier scrutin. De l’autre, la montée en puissance d’un nouvel électorat arabe de plus en plus politisé, qui accapare un nombre croissant de sièges à la Knesset : 15 actuellement. « Mais comme personne ne veut siéger avec eux, cela bloque tout le jeu politique », estime Amélie Ferey, pour qui il existe entre les partis israéliens de tous bords une sorte de consensus implicite sur l’attitude à adopter face aux Arabes. En attendant un changement vis-à-vis de ces élus arabes, plus que de chercher qui pourrait hypothétiquement remplacer Benjamin Netanyahu, « la question est plutôt qui sera le prochain faiseur de roi », conclut la chercheuse.

Depuis plusieurs années, la vie politique israélienne repose sur un étrange paradoxe : extrêmement polarisée, elle se structure autour de la personne de Benjamin Netanyahu. Que l’on soit pour ou contre sa politique, la ligne de fracture reste la figure du Premier ministre, de sorte que « toutes les questions de fond sont évacuées pour se transformer en une forme de...

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et voila je comprend maintenant pourquoi Bibi et nasrallah s'aiment autant : irremplacables tous les deux !

Gaby SIOUFI

13 h 04, le 19 mars 2021

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Commentaires (1)

  • et voila je comprend maintenant pourquoi Bibi et nasrallah s'aiment autant : irremplacables tous les deux !

    Gaby SIOUFI

    13 h 04, le 19 mars 2021

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