Que ce soit devant le ministère de l'Economie ou sur différents axes à travers le pays, les manifestants libanais se sont à nouveau mobilisés mercredi, dans un contexte de crise socio-économique qui apporte son lot quotidien de mauvaises nouvelles, entre hausse du prix du carburant, dépréciation de la livre libanaise (près de 14.000 L.L. pour un dollar aujourd'hui) et levée progressive des subventions sur les produits de première nécessité.
Le Premier ministre sortant, Hassane Diab, avait en effet annoncé mardi que les subventions assurées par la Banque du Liban (BDL) sur certains produits, comme le carburant, ne pourraient pas se poursuivre après le mois de mars, tandis que celles sur les autres produits ne pourraient être assurées que jusqu'en juin. La Banque centrale subventionne le blé, le carburant, les médicaments et le matériel médical au taux officiel de 1.507 livres libanaises pour un dollar, puisant pour cela dans ses réserves en devises. Face à la colère de la rue, qui gronde depuis des jours, et à la crise qui s'aggrave toujours plus, le chef de l'Etat, Michel Aoun, a prévu de s'adresser aux Libanais à 20h.
Dans la journée, les manifestants ont organisé un sit-in devant le ministère de l'Economie, à Beyrouth, et ont tenté d'entrer de force dans le bâtiment, ce qui a provoqué des échauffourées avec les policiers déployés sur les lieux. Les contestataires, qui s'étaient rassemblés devant le centre des Lazaristes, protestaient contre l'inflation et la dépréciation record de la livre qui a atteint mardi les 15.000LL contre le dollar. "Nous réclamons l'octroi de cartes prépayées pour soutenir les plus pauvres. Nous ne voulons pas de subventions aux produits. Soutenez les Libanais pauvres. Pourquoi les riches doivent-ils également bénéficier de subventions ?", s'interroge l'activiste Rabih el-Zein, présent parmi les manifestants, dans des propos accordés à notre journaliste Mohammad Yassine. Rabih el-Zein a ensuite été reçu par le ministre sortant de l'Economie, Raoul Nehmé, afin de lui exposer ses griefs, mais la rencontre a tourné court après que l'activiste a réclamé de pouvoir filmer en direct cet entretien, ce que le ministre sortant a refusé. Les protestataires se sont ensuite rendus en face du domicile de M. Nehmé, à Achrafieh, face à un déploiement policier.
Sit-in avorté à Baabda
L'après-midi, des dizaines de manifestants anti-pouvoir se sont rassemblés sur l'autoroute de Damas, à proximité du palais présidentiel de Baabda, près duquel ils voulaient crier leur colère. Selon des sources d'activistes, il s'agit du même groupe qui s'était mobilisé devant le ministère de l'Economie. Ils ont toutefois dû rebrousser chemin face à un déploiement massif de militaires qui les ont repoussés sans incidents. Selon les images de la chaîne LBCI, les protestataires, une cinquantaine d'individus, ont fait demi-tour et se sont se dirigés vers les bus qui les ont acheminés. Des dizaines de soldats et de policiers anti-émeute avaient été déployés un peu plus tôt. Le président de la République est l'une des figures les plus conspuées par la rue qui accuse les dirigeants d'incompétence et de corruption.
A Jounieh (Kesrouan), des partisans du Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun) ont manifesté dans la soirée devant le siège local de la Banque du Liban contres les "politiques financières et bancaires" de son gouverneur, Riad Salamé. Ils ont accusé ce dernier d'être "le premier responsable de l'effondrement de la livre libanaise", selon l'Ani.
Parallèlement, de nombreuses routes restaient coupées mercredi à travers le territoire par des manifestants.
Dans Beyrouth, les routes à Corniche Mazraa et Barbir étaient fermées, provoquant des embouteillages monstres. Des routes dans le quartier de Verdun ont elle aussi été bloquées à l'aide de bennes à ordure. Un peu plus loin, l'autoroute de l'aéroport a également été fermée par des manifestants. La voie rapide du Sud a elle aussi été bloquée au niveau de Jiyé au moyen de camions et de pneus enflammés, avant d'être rouverte. Dans la Békaa, la route de Talaabaya a été fermée, ainsi que l'axe Baalbeck-Homs au niveau des localités de Chaat et Makné. La route devant le sérail de Hermel a elle aussi été bloquée à l'aide de pneus brûlés.
Par ailleurs, dans le Akkar (Liban-Nord), la plupart des supermarchés ont fermé leurs portes, empêchant les clients de s'approvisionner et notamment d'acheter des produits subventionnés, dans un contexte de volatilité des prix exacerbée par les fluctuations de la monnaie nationale. Dans ce contexte, les habitants ont appelé les autorités compétentes, et notamment la direction de la protection du consommateur, à visiter les lieux et à demander des comptes à ceux qui pratiquent un monopole. D'après certains d'entre eux, des magasins rouvrent en catimini dans la ville de Halba et s'abstiennent de vendre aux citoyens des produits subventionnés - un état de fait qui conduit à des incidents entre employés et consommateurs.
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PEUPLE LINANAIS INSTRUIT ET INTELLIGENT TROUVE-TOI UN ALEXANDRE POUR LEADER ET SUIS-LE POUR TRANCHER LE NOEUD GORDIEN QUI TE TIENT OTAGE ET PESE COMME UN JOUG SUR TES EPAULES POUR TE LIBERER ET DEGAGER LES CLIQUES MAFIEUSES ET LES MERCENAIRES QUI T,OPPRESSENT.
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 32, le 17 mars 2021