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Économie - Crise au Liban

Les commissions mixtes approuvent l'octroi de 200 millions de dollars d'avance à EDL

Les députés FL et joumblattistes se sont opposés au texte. 

Les commissions mixtes approuvent l'octroi de 200 millions de dollars d'avance à EDL

Réunion des commissions parlementaires mixtes au siège du Parlement, à Beyrouth, le 16 mars 2021. Photo Ali Fawwaz / Parlement libanais

Les commissions parlementaires mixtes ont approuvé mardi l'octroi d'une avance de 200 millions de dollars (soit 300 milliards de livres libanaises au taux officiel de 1.507 L.L. pour un dollar) à Electricité du Liban pour l'achat du fuel nécessaire pour continuer à alimenter le pays en courant électrique. Le ministre libanais sortant de l'Energie, Raymond Ghajar, avait prévenu jeudi dernier que le pays serait plongé dans l'obscurité d'ici la fin du mois si les fonds nécessaires n'étaient pas assurés de toute urgence pour l'achat de carburant.

La proposition de loi initialement discutée par les députés prévoyait le versement d'une avance de 1.500 milliards de L.L., soit 1 milliard de dollars au taux officiel de la livre, mais plusieurs députés se sont prononcés, au cours de la réunion, pour une réduction de cette somme. Le texte avait été présenté par des députés du Courant patriotique libre (CPL) et prévoyait que cette avance soit versée pour financer EDL pour l'année 2021, en l'absence de budget national. Les députés des Forces libanaises et du Parti socialiste progressiste (PSP, du leader druze Walid Joumblatt) se sont opposés à ce versement, refusant que des fonds soient versés à EDL sans qu'aucune réforme ne soit lancée dans le secteur de l'électricité, tenu depuis des années par des ministres relevant ou proches du camp aouniste.

C'est dans cette optique que le député Hadi Aboulhosn, membre du PSP, avait critiqué, à son arrivée au Parlement, le fait que le législatif soit "obligé de choisir entre deux options seulement : l'avance financière ou l'obscurité". Il avait souligné que la solution à ce problème résidait dans "des réformes et la formation d'un gouvernement de mission". Son collègue au sein du groupe joumblattiste, Bilal Abdallah, avait de son côté affirmé que le bloc était opposé à l'octroi de cette avance et voterait contre. "De toute façon sous sommes plongés dans l'obscurité !", avait-il ironisé.

"Crime contre la nation"
Du côté des FL, le député Ziad Hawat a pour sa part soulevé, dans une publication sur Twitter, "l'échec total" du secteur de l'électricité. "Après de longues années de mauvaise gestion du ministère de l'Energie et des dépenses dépassant les 40 milliards de dollars, nous sommes devant deux choix : mettre la main sur les réserves obligatoires ou l'obscurité totale", a-t-il déploré. "Ce qu'il faut, c'est demander des comptes aux responsables. Sans cela, nous ne pourrons pas redresser la situation et l'hémorragie continuera", a-t-il souligné.

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Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a de son côté estimé, dans une prise de parole diffusée en ligne après la réunion, que l'octroi de cette avance est "un crime contre la nation", le secteur de l'électricité croulant sous "la corruption, le clientélisme et une mauvaise gestion". Cela doit provoquer "une révolution", a estimé M. Geagea, déplorant que les fonds qui seront versés sont "ce qu'il reste des dépôts des gens dans les banques" du pays. "Avant d'accorder une avance, nous avons besoin de changement au ministère de l'Energie et à EDL", a ajouté le leader maronite, appelant la majorité actuellement au pouvoir à "trouver des solutions". Le ministère de l'Energie est tenu depuis des années par des ministres affiliés ou proches du Courant patriotique libre (CPL), fondé par le président Michel Aoun, rival politique de Samir Geagea. 

Pour sa part, le député Nazih Najem, membre du courant du Futur qui a voté en faveur de l'avance financière, a réclamé des "solutions bien étudiées", s'interrogeant sur les raisons pour lesquelles aucune réforme du secteur de l'électricité n'avait été entreprise au cours des dernières années.

"Plus un seul dollar"
Les débats ont également porté sur le montant de cette avance, les députés semblant unanimes quant au fait qu'un milliard de dollars ne pouvait être versé en une seule fois, alors que le pays connaît une grave crise financière et économique et que les réserves de la Banque du Liban (BDL) s'épuisent rapidement.

"Le problème est de garantir ce montant en dollars, alors que le gouverneur de la Banque centrale (Riad Salamé, ndlr) a déclaré au président du Parlement, Nabih Berry, qu'il n'avait plus un seul dollar", avait dans ce contexte affirmé le député Ali Khreiss (Amal). Après la réunion, M. Khreiss a toutefois nuancé sa déclaration, affirmant avoir voulu dire non pas que les caisses de la BDL étaient vides, mais que la Banque centrale n'avait pas les fonds nécessaires pour venir en aide au secteur de l'électricité. Son collègue Yassine Jaber avait de son côté estimé "impossible d'approuver une avance de 1.500 milliards de livres libanaises d'un seul coup".

Le député Anouar el-Khalil (affilié à Amal) avait dès lors proposé, au nom de son bloc, que l'avance octroyée soit de 300 milliards de livres et non de 1.500.

Amine Cherri, député du Hezbollah, avait également suggéré une "réduction" de cette avance, estimant toutefois que l'allocation de ce montant en dollars ne devrait pas poser de problème. "Le gouverneur de la BDL peut prévoir ce montant dans son plan de rationalisation des subventions", avait-il déclaré. La question de la rationalisation des subventions, accordées sur plusieurs produits de nécessité pour permettre l'importation de denrées essentielles à des taux moins élevés que ceux en vigueur sur le marché parallèle, est en discussion depuis plusieurs mois par l'exécutif, sans qu'aucune mesure concrète n'ait jusqu'à présent été annoncée.
Son collègue au sein du bloc "de la Fidélité à la résistance", Hassan Azzeddine, a de son côté souligné que sa formation "se tient aux côtés des gens et est en faveur du versement de l'avance, parce que sinon les répercussions et l'obscurité devront être subies par les citoyens".

Ne produisant pas suffisamment d’électricité pour satisfaire l’ensemble de la demande en temps normal, le fournisseur public a dû baisser sa production de près de 20 % en 2020 pour des raisons financières, plongeant le pays dans le noir à plusieurs reprises, alors que le Liban sombre déjà dans une crise économique et financière depuis la fin de l’été 2019. Fin 2020, les contrats des fournisseurs algérien et koweïtien de carburant au Liban, les compagnies Sonatrach et Kuwait Petroleum Corporation (KPC), sont arrivés à terme sans qu’aucun remplaçant n’ait été trouvé au préalable. Depuis, et pour éviter une grave pénurie de fuel, le ministère a eu recours à des appels d’offres de type spot-cargo, réservés aux commandes ponctuelles. Cela n’aura toutefois pas évité un rationnement extrême de l’électricité dans le pays en février dernier suite au retard d’ouverture des lignes de crédit par le gouvernement. En l’absence de solution pérenne pour s’approvisionner en carburant, le Liban a récemment annoncé un accord avec l’Irak qui devrait couvrir le quart des besoins d’EDL. Les caractéristiques du fuel irakien ne correspondent pas toutefois aux spécifications des centrales libanaises, selon plusieurs experts interrogés courant février par Le Commerce du Levant.

Les commissions parlementaires mixtes ont approuvé mardi l'octroi d'une avance de 200 millions de dollars (soit 300 milliards de livres libanaises au taux officiel de 1.507 L.L. pour un dollar) à Electricité du Liban pour l'achat du fuel nécessaire pour continuer à alimenter le pays en courant électrique. Le ministre libanais sortant de l'Energie, Raymond Ghajar, avait prévenu jeudi...

commentaires (2)

Avec toutes les aides qu’on a reçu et avec un autre gouvernent honnête, on aurait pu éclairer les libanais H/24 et vendre le surplus aux pays voisins. Mais ils ont préféré se remplir les poches et affréter des bateaux sur lesquels ils touchaient des pots de vin se contentant d’approvisionner le pays avec le minimum possible de carburant pour les éclairer comme ils les ont habitués quelques heures par jour et les obliger à s’abonner à des générateurs qui là aussi s’étaient avérés une poule aux œufs d’or puisqu’ils se sucrer là-dessus ( il n’y a pas de faux profits) ils ont ainsi perpétué un système on ne peut plus rentable pour leurs viles personnes et continuent leurs deals rentables vu que les libanais ne trouvent pas à redire et acceptent l’inacceptable. Pour mille fois moins que ça, un autre peuple aurait cloué au pilori ces infâmes personnages mais au Liban les menaces restent de mise et la peur un pain quotidien avec lequel on nourri les citoyens pour leur clouer le bec.

Sissi zayyat

14 h 01, le 17 mars 2021

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Commentaires (2)

  • Avec toutes les aides qu’on a reçu et avec un autre gouvernent honnête, on aurait pu éclairer les libanais H/24 et vendre le surplus aux pays voisins. Mais ils ont préféré se remplir les poches et affréter des bateaux sur lesquels ils touchaient des pots de vin se contentant d’approvisionner le pays avec le minimum possible de carburant pour les éclairer comme ils les ont habitués quelques heures par jour et les obliger à s’abonner à des générateurs qui là aussi s’étaient avérés une poule aux œufs d’or puisqu’ils se sucrer là-dessus ( il n’y a pas de faux profits) ils ont ainsi perpétué un système on ne peut plus rentable pour leurs viles personnes et continuent leurs deals rentables vu que les libanais ne trouvent pas à redire et acceptent l’inacceptable. Pour mille fois moins que ça, un autre peuple aurait cloué au pilori ces infâmes personnages mais au Liban les menaces restent de mise et la peur un pain quotidien avec lequel on nourri les citoyens pour leur clouer le bec.

    Sissi zayyat

    14 h 01, le 17 mars 2021

  • Notions indicatives quant aux projets énergétiques :40 milliards de dollars évaporés = 6 centrales nucléaires de 2000 MW chacune = 12 000 MW = alimentation de + de 7 000 000 de foyers soit le Liban en entier et posssible vente aux pays annexe. Cette corruption contre-productive a achevé cette infrastructure Principale pour les décennies à venir....

    Alors...

    22 h 37, le 16 mars 2021

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