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Nos Lecteurs ont la Parole

Extension du domaine de lutte...

En 1917, du fond de son cachot, Rosa Luxembourg écrivait ces mots : « Tous les jours, je rends visite à une toute petite coccinelle que je maintiens en vie depuis une semaine sur une branche, dans un chaud bandage de coton malgré le vent et le froid ; je regarde les nuages, toujours nouveaux et chaque fois plus beaux. Et au fond, je ne me sens pas plus importante que cette petite coccinelle. Et dans le sentiment de cette infinie petitesse, je me sens indiciblement heureuse. »

Citer cette phrase exprimant certaines réalités est à 100 ans près toujours d’actualité autant au Liban que dans les autres pays. Rosa Luxembourg était une révolutionnaire qui luttait pour des idées bien précises. Pourtant, dans une prison, symbole en soi de malheur et de déprime, elle trouve le moyen d’être heureuse. C’est ce chemin que nous devons suivre, nous libanais, loin des humeurs politiciennes et de la cruauté de notre quotidien. Vous me direz certes que c’est difficile quand on voit la situation actuelle et la dérision dans laquelle nous vivons. Mais il ne faut pas désespérer. Sinon ou cela nous mènera-t-il ? Nous avons à maintes fois prouvé que, malgré les guerres et les conflits qui nous entourent, nous sommes capables de lutter et de renaître tels des phénix de nos cendres par notre volonté de vie.

Regardez les reportages hautement élogieux sur le Liban dans les médias étrangers, nous n’avons jamais été aussi au faîte de notre gloire, n’était-ce parfois quelques exagérations mal placées sur notre environnement sécuritaire. Je ne dis pas que nous vivons dans une sphère hautement sécurisée, loin de là. Mais nous devons nous imaginer ce que ça pourrait donner ailleurs. Nous sommes beaucoup mieux lotis que beaucoup de zones dans le monde, même dans les pays dits développés.Certes, dans un certain sens, ils concernent souvent le Liban d’antan, un Liban que peut-être nous aurons un jour la chance de connaître à nouveau, raison pour laquelle le découragement ne devrait pas être de mise. Rien n’est aisé et actuellement, nous passons dans un tunnel d’où il est difficile de voir le bout. Pourtant, la lumière est bien présente quelque part dans certains interstices que nous minimisons ou que nous oublions. La réalité est dure et a tendance à escamoter nos dernières forces. Les émeutiers nous l’ont montré. L’actualité internationale nous le prouve. Continuer à lutter, chacun à sa façon : tel est notre devoir, aussi dur soit-il.

Si, comme Rosa Luxembourg, nous analysons notre petitesse face au monde, nous remarquerons que notre bonheur (ou notre malheur), c’est nous qui le construisons et nous ne devons pas attendre pour cela les humeurs partisanes ou les coups de tête des tribus où la loi du talion est de mise. Nous sommes faits pour vivre et pour espérer et non pas pour continuellement geindre. C’est à nous de prouver au monde combien nous sommes combatifs et non de designer les responsables des catastrophes. Car les premiers fautifs ne sont pas ceux que l’on croit mais bien ceux qui les ont placés aux nues. Donc c’est à nous de voir comment recréer notre bonheur si eux sont incapables de bloquer les trous convenablement.

Si mes souvenirs sont bons, durant la guerre qui a miné notre pays, notre seule joie était de se réunir et constater que nous sommes encore vivants. Notre bonheur se limitait à ça, même si l’avenir nous semblait improbable. Pourtant, nous y sommes et c’est à nous de recréer cette ambiance de gaieté à partir de rien, de raviver la flamme de vie de cette bougie.

J’espère que mon cri sera entendu.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

En 1917, du fond de son cachot, Rosa Luxembourg écrivait ces mots : « Tous les jours, je rends visite à une toute petite coccinelle que je maintiens en vie depuis une semaine sur une branche, dans un chaud bandage de coton malgré le vent et le froid ; je regarde les nuages, toujours nouveaux et chaque fois plus beaux. Et au fond, je ne me sens pas plus importante que cette petite...

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