
Le chef du PSP Walid Joumblatt. Photo d’archives/AFP
Les récentes prises de position de Walid Joumblatt, connu pour être un farouche opposant au président Michel Aoun, ne sont pas sans susciter des interrogations autour du positionnement actuel du leader druze, alors que la rue est en ébullition et qu’aucune percée politique ne semble en vue.
Dernières déclarations choc du chef du Parti socialiste progressiste, celles fuitées lundi dans les médias. S’exprimant lors d’une réunion à distance, il a décoché ses flèches en direction du leader des Forces libanaises, Samir Geagea, pourtant lui aussi opposé à Michel Aoun. M. Joumblatt s’en est pris du même coup à l’Arabie saoudite, dont l’ambassadeur à Beyrouth, Walid Boukhari, n’a pas rencontré le chef du PSP depuis plusieurs mois, alors qu’il a été reçu dimanche à Meerab par M. Geagea. « Celui qui est perché sur la colline (de Meerab) est dans une position confortable. Il entretient une excellente relation avec l’Arabie saoudite. Je ne sais pas pourquoi ils (les Saoudiens) misent sur lui », a lancé le chef du PSP. « Le Golfe ne vient en aide au Liban que sur ordre de Riyad », a-t-il ajouté, soulignant que, en conséquence, lui-même ne recevait plus d’aide du Koweït comme auparavant.
Les propos de M. Joumblatt interviennent à l’heure où le Premier ministre désigné, Saad Hariri, est lui-même à la peine dans ses rapports avec Riyad. Toujours est-il que le leader druze s’est empressé de se rétracter, en présentant ses « excuses » via son compte Twitter quelques minutes après la fuite de propos sortis, selon lui, de leur contexte.
Il n’en demeure pas moins que ces propos coïncident avec la reprise, quoique timide, des contacts entre le PSP et le Hezbollah, à travers Ghazi Aridi, ancien ministre joumblattiste, et Wafic Safa, haut responsable du parti chiite. Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Aridi s’empresse de préciser que cette démarche ne devrait pas être interprétée comme un premier pas sur la voie de la normalisation des rapports joumblattistes avec le Hezbollah. « Il ne s’agit que d’une volonté de préserver le calme et éviter les tensions confessionnelles et les dérapages, à l’heure où la rue bouillonne », explique l’ancien ministre, soulignant que les différends d’ordre politique et stratégique entre les deux camps demeurent. Selon une source proche du PSP, ce rapprochement fait suite à des heurts ayant opposé il y a quelques jours des partisans du leader druze à d’autres du Hezbollah à Choueifate. C’est d’ailleurs pour cette raison, ajoute la source, qu’une délégation joumblattiste s’est réunie mardi avec le chef du législatif, Nabih Berry.
Mais pour en revenir aux reproches adressés par M. Joumblatt à l’Arabie saoudite, un analyste qui a requis l’anonymat estime qu’il s’agit paradoxalement d’une manière pour le chef druze « d’attirer l’attention des Saoudiens et de les appeler à reprendre leur rôle actif au Liban ». Pour cet analyste, Riyad, de son côté, adressait un important message à M. Joumblatt mais aussi à Saad Hariri, à travers l’entretien – poursuivi autour d’un dîner – entre Samir Geagea et Walid Boukhari. « Le message des Saoudiens est clair : c’est vers les Libanais qui maintiennent une ligne intransigeante à l’égard du Hezbollah que le royaume se retournera toujours », estime-t-il.
Marche arrière ?
La semaine dernière, Walid Joumblatt avait pris une position tout aussi surprenante au sujet de la formation du gouvernement. Après avoir appelé à maintes reprises Saad Hariri à jeter l’éponge et « laisser le camp adverse gouverner », dans une claire allusion au Hezbollah et ses alliés, il s’était déclaré le 3 mars, dans une interview télévisée, prêt à accepter que le prochain gouvernement soit formé de 20 ministres. Sachant que Saad Hariri reste attaché à une formule restreinte de 18 ministres dans le cadre de laquelle le tiers de blocage ne serait détenu par aucun camp, un élargissement du gouvernement de 18 à 20 ministres reviendrait à y incorporer un druze et un grec-catholique, ce qui signifierait que Talal Arslane, rival druze de Walid Joumblatt et allié du Courant patriotique libre de Gebran Bassil, pourrait y être intégré. Ce faisant, la mouvance aouniste et ses alliés disposeraient alors du tiers de blocage.
Le chef du PSP a-t-il voulu lâcher du lest alors qu’il cherchait précédemment à monopoliser la représentation ministérielle de sa communauté ? Un proche de Walid Joumblatt affirme qu’ « il ne s’agit nullement d’un pas en arrière, mais d’une volonté d’ouvrir une brèche. Surtout qu’avec la relance des actions de rue, il faut accélérer la mise en place du nouveau gouvernement, parce que la situation du pays ne tolère plus les atermoiements ». Tout comme Ghazi Aridi, ce proche de Moukhtara précise que les détails de la représentation des druzes si le cabinet venait à être élargi n’ont toujours pas été abordés. « Ce qui nous importe c’est la formation du cabinet sans plus attendre », dit-il. Sauf que Saad Hariri s’en tient à sa position de base. « Walid Joumblatt a présenté son point de vue, mais le Premier ministre est toujours favorable à la formule de 18, conformément aux critères qu’il avait déjà définis. Cette mouture attend toujours l’approbation du président de la République », se contente de commenter un proche du Premier ministre désigné.
Les récentes prises de position de Walid Joumblatt, connu pour être un farouche opposant au président Michel Aoun, ne sont pas sans susciter des interrogations autour du positionnement actuel du leader druze, alors que la rue est en ébullition et qu’aucune percée politique ne semble en vue.Dernières déclarations choc du chef du Parti socialiste progressiste, celles fuitées lundi dans...
commentaires (15)
M. Joumblatt, tout ne tourne pas autour de vos exigences et vos soumissions. Un jour vous voulez le pays libre et souverain et un autre jour vous voulez tout céder au HB et les vendus pour avoir la paix dans votre giron et garder un éventuel poste pour vous et votre rejeton sans regarder les détails. On est un peu surpris de ce revers mais juste un peu puisque vous êtes égal à vous même depuis fort longtemps et les contradictions de vos propos ne vous posent aucun problème. Nous, nous avons du mal à suivre mais tant pis on devrait utiliser les mêmes accessoires que vous pour comprendre votre KIF du moment.
Sissi zayyat
12 h 28, le 10 mars 2021