Le patriarche Raï reçoit Abbas Ibrahim Amine Gemayel et Tony Frangié à Bkerké

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a reçu mardi à Bkerké le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, l'ancien président libanais Amine Gemayel, et le député de Zghorta Tony Frangié.

Le général Ibrahim a quitté Bkerké sans faire de déclaration. Selon des informations de la chaîne locale d'informations LBCI, le patriarche et le responsable sécuritaire ont notamment discuté de la formation du gouvernement, attendu depuis sept mois, et de leurs "espoirs" d'une mise sur pied prochaine de ce cabinet, qui nécessite toutefois "des efforts supplémentaires". Saad Hariri, désigné Premier ministre le 22 octobre 2020, et le chef de l'Etat ne parviennent pas à former un gouvernement en raison de tensions concernant la forme de cette équipe et les modalités d'attribution des ministères, alors même que ce cabinet est très attendu pour adopter des réformes qui devraient permettre de débloquer des aides financières internationales.

Abbas Ibrahim et le patriarche maronite. Ani

L'entretien du général Ibrahim avec le dignitaire maronite a eu lieu alors que doit reprendre aujourd'hui le dialogue entre le siège patriarcal maronite et le Hezbollah, lors d'une réunion du comité bipartite, la première depuis le discours prononcé le 27 février par le patriarche, qui préconise la neutralité et l'organisation d'une conférence internationale sous l'égide des Nations Unies, pour le Liban. Ce discours avait été sévèrement critiqué dans les milieux proches du parti chiite, qui y voient un "danger" pour le pays.

De son côté, Amine Gemayel a déclaré, à l'issue de sa réunion avec le patriarche Raï, qu'une telle conférence internationale "ne signifie pas l'imposition d'une nouvelle tutelle sur le Liban". Il a par ailleurs effectué un parallèle entre les appels du patriarche et le discours prononcé lundi par le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, qui s'était montré virulent envers les dirigeants politiques. "Le discours du commandant en chef complète celui du patriarche", a estimé M. Gemayel, qui affirme qu'il se tient aux côtés du responsable militaire "pour protéger l'unité nationale". "J'espère que les responsables entendront son appel", a-t-il ajouté.

Le patriarche maronite a également reçu mardi les députés du courant Marada, Tony Frangié, Estephan Doueihy, Farid el-Khazen et l'ex-ministre Youssef Saadé. "Notre visite était fructueuse, franche et positive", a affirmé Tony Frangié à sa sortie du siège patriarcal. "Les appréhensions du patriarche concernant le pays et son avenir sont justes, au moment où les institutions de l'État s'effondrent, de même que le tissu social et économique du pays", a estimé le jeune député. "Faire preuve de neutralité à cet égard serait un crime qualifié envers la nation. C'est autour de cette question que les discussions ont principalement eu lieu", a-t-il ajouté.

Lundi, le général Joseph Aoun avait interpellé les dirigeants et leur a demandé ce qu'ils comptaient faire pour lutter contre l'effondrement du pays, affirmant avoir préalablement mis en garde contre une situation "explosive", alors que les blocages de route et manifestations se multiplient depuis une semaine afin de protester contre la crise et l'inaction des autorités.