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Les Européens optent pour la fermeté face à l'Iran

Les Européens optent pour la fermeté face à l'Iran

Le drapeau iranien flottant devant le siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à Vienne, le 1er mars 2021. Photo REUTERS/Lisi Niesner

Les Européens ont choisi de durcir le ton face à l'Iran et vont soumettre cette semaine à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) une résolution condamnant la récente suspension par Téhéran de certaines inspections, ont rapporté lundi des sources diplomatiques.

Dans ce texte consulté par l'AFP, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne "expriment leurs vives inquiétudes" et "appellent l'Iran à reprendre immédiatement" l'ensemble du programme d'inspections prévu par l'accord de 2015. Appuyée par les Etats-Unis, la résolution devrait être soumise au vote du Conseil des gouverneurs de l'AIEA vendredi, mais elle ne fait pas l'unanimité parmi les autres signataires du pacte, Moscou et Pékin en tête. La Russie a ainsi mis en garde contre "des mesures maladroites et irresponsables susceptibles de miner les perspectives d'un rétablissement intégral" de l'accord "dans un futur proche", selon un tweet de l'ambassadeur russe Mikhail Ulyanov.

Résolution jugée 'contreproductive'
De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait auparavant dénoncé "une mauvaise manoeuvre".
Cette initiative, "prise au total mépris des échanges constructifs avec l'Agence, serait absolument contreproductive et destructive", avait prévenu la République islamique dans une note informelle adressée aux Etats membres et consultée par l'AFP.
Les Européens avaient déjà déjà lancé un avertissement à l'Iran dans ce même cadre de l'AIEA en juin 2020, face au refus d'accès à deux sites suspects. Il s'agissait alors de la première résolution critique depuis 2012.

En cas d'adoption du texte, l'Iran a menacé de "mettre fin" à l'accord technique temporaire conclu le 21 février avec l'AIEA, permettant à l'agence onusienne de maintenir une surveillance, bien que réduite, le temps que les pourparlers diplomatiques reprennent. "C'est le risque à prendre", a réagi un diplomate. Il s'agit d'une question de "crédibilité" du Conseil des gouverneurs de l'agence, qui ne peut, selon lui, céder au "chantage des Iraniens".

Mais l'Iran argue de son côté avoir "accordé de bonne foi un répit à l'autre partie", en acceptant de fournir à l'AIEA l'ensemble des données des caméras et autres outils de contrôle si les sanctions sont levées d'ici à trois mois. Le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, avait un peu plus tôt appelé devant la presse à "préserver" le travail d'inspection, qui ne saurait être utilisé comme "une monnaie d'échange dans les négociations". Il a décrit la limitation des contrôles comme une "perte immense", même si les agents sur place ont pour l'heure les moyens de continuer à vérifier la nature pacifique du programme nucléaire iranien.

'Geste concret'  
"L'Iran a montré de la retenue en négociant cet accord technique avec l'AIEA et ce serait de la folie si les Américains gaspillaient le temps ainsi gagné", commente pour l'AFP Kelsey Davenport, directrice de la politique de non-prolifération au sein de l'Arms Control Association, appelant Washington à faire un "geste concret". "A court terme", l'agence peut continuer à faire son travail, "mais si la situation traîne en longueur, la confiance dans la nature pacifique du programme nucléaire iranien en sera ébranlée", estime-t-elle.
Le "plan d'action global commun", communément désigné par son acronyme anglophone JCPOA, ne tient plus qu'à un fil depuis le retrait américain en 2018 à l'initiative de Donald Trump, et le rétablissement des sanctions. 
Le nouvel hôte de la Maison Blanche, Joe Biden, a promis de revenir dans son giron "si" l'Iran respectait à nouveau le contrat.
Mais à l'inverse, Téhéran qui exige au préalable une levée des mesures punitives qui asphyxient son économie, a franchi ces dernières semaines un nouveau cran dans son désengagement du JCPOA (passage à un niveau d'enrichissement d'uranium de 20%, production d'uranium métal et limitation des inspections).

La République islamique a jugé dimanche soir que le moment n'était pas approprié pour une rencontre proposée par l'Union européenne (UE) et incluant les Etats-Unis. "Il ne fait pas de doute que des forces d'influence à Washington ont oeuvré pour faire dérailler cette rencontre", a estimé le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Ryabkov, cité par l'agence d'Etat TASS, condamnant les raids américains de vendredi dernier contre des miliciens pro-iraniens en Syrie.

Les Européens ont choisi de durcir le ton face à l'Iran et vont soumettre cette semaine à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) une résolution condamnant la récente suspension par Téhéran de certaines inspections, ont rapporté lundi des sources diplomatiques.Dans ce texte consulté par l'AFP, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne "expriment leurs vives inquiétudes"...