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Culture - Festival

Éliane Raheb, la Fantômette du documentaire

Son film « Miguel’s War » (A3naf Hob) a été sélectionné dans la section Panorama de la 71e édition de la Berlinale. La cinéaste y déploie ses qualités d’enquêteuse et de chercheuse comme son héroïne préférée. 

Éliane Raheb, la Fantômette du documentaire

L’affiche du film d’Éliane Raheb.

Depuis ses débuts dans le cinéma, Éliane Raheb, scénariste, réalisatrice et cofondatrice de Beirut DC a toujours choisi la voie du documentaire. C’est un espace où, comme Fantômette, son héroïne préférée, elle s’amuse à fouiner, à chercher, à « confesser » les gens tout en décrivant un paysage sociétal et en décryptant les codes d’une époque. Après Layali Bala Nom (Nuits sans sommeil) ou Mayyil Ya Ghzayyel (Those Who Remain), la cinéaste présente Miguel’s War (A3naf Hob). Il s’agit du portrait de Miguel, qui vivait au Liban avant de partir s’établir en Espagne car il ne s’adaptait ni à la société libanaise, ni à son cadre familial. « Il était également mal dans sa peau et en quête de son identité sexuelle, indique Éliane Raheb. Lorsqu’il s’est installé en Espagne, Miguel a choisi la voie de l’extrême avec le mouvement de la movida. Il est allé au-delà de toutes ses frustrations en s’y perdant même parfois. C’est à Barcelone en 2014 que je l’ai rencontré lors d’un débat autour de mon film, dont il assurait la traduction. Il était devenu interprète. Nous avons longuement conversé ensemble, et lors de mon second voyage en Espagne, l’idée du film était née. »

Ce n’est pas un manifeste

« Ce film n’est certes pas un manifeste en faveur de la cause LGBT, ou de toute autre combat, mais un questionnement sur la société, la religion et la famille. Comment elles peuvent s’allier pour “défigurer” une personne. C’est un documentaire hybride qui comporte aussi de la théâtralité et de l’animation sur un ton cru et vrai. Il n’est pas dramatique mais baroque et farfelu. Je peux dire qu’après de nombreux allers-retours en Espagne, une lutte acharnée auprès des banques pour son autofinancement, une révolution dans la rue qui a marqué une pause dans le travail, la naissance de ce film a été comme un accouchement au forceps. » En effet, ce film devait se terminer en décembre 2019, mais avec la révolution, Éliane Raheb a dû dépasser beaucoup d’obstacles comme les fonds bloqués à la banque, le confinement, l’explosion du 4 août. « Tout était très compliqué. J’ai même été à Qobeyyate pour travailler calmement », confie-t-elle. Quand elle le présente enfin à la Berlinale, c’est sous forme de Work in Progress. Il est sélectionné, mais Raheb continue de jongler avec trois pays : l’Espagne, le Liban et les États-unis. Ce n’est que lorsque le Centre national du cinéma (CNC) lui a octroyé, récemment, un fonds d’urgence, qu’elle a retrouvé l’énergie de le redémarrer et de le peaufiner.

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« La vie est difficile et impréviible, dit-elle. Je voulais à tout prix finir Miguel’s War, qui a nécessité quatre ans de travail, et tourner la page. Peu m’importait s’il allait vivre ou non. Je suis finalement ravie de sa sélection à ce programme qui permet aux films d’auteur de se confirmer et d’avoir leur place au soleil. »

Depuis ses débuts dans le cinéma, Éliane Raheb, scénariste, réalisatrice et cofondatrice de Beirut DC a toujours choisi la voie du documentaire. C’est un espace où, comme Fantômette, son héroïne préférée, elle s’amuse à fouiner, à chercher, à « confesser » les gens tout en décrivant un paysage sociétal et en décryptant les codes d’une époque. Après Layali...

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