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Société - Communautés

Les tiraillements politiques font exploser le Conseil melkite

Le patriarche Youssef Absi retire sa couverture ecclésiastique à l’organisme et annonce qu’il n’est plus le porte-parole des grecs-catholiques.

Les tiraillements politiques font exploser le Conseil melkite

Salim Jreissati avec Mgr Absi. Photo ANI

À la veille de la réunion du comité exécutif du Conseil supérieur grec-catholique (CSGC) tenue mercredi soir sous la présidence du patriarche Youssef Absi, on savait que ce dernier était très contrarié par le climat sévissant au sein de l’institution. Il entendait ainsi agir pour protester contre les violentes querelles intestines qui marquaient les préparatifs des élections du comité exécutif destinées à trouver un successeur au vice-président sortant, l’ancien ministre Michel Pharaon. Des querelles provoquées notamment par la candidature à ce poste de l’ancien ministre Salim Jreissati, actuel conseiller du chef de l’État Michel Aoun. Son principal rival, l’ancien ministre Salim Wardy, se revendique indépendant, tout en étant proche des Forces libanaises. Si l’irritation de Mgr Absi était notoire ces derniers temps, personne ne s’attendait cependant à le voir retirer sa couverture ecclésiastique au Conseil supérieur en annonçant que désormais l’instance n’est plus le porte-parole de la communauté melkite. C’est pourtant ce qu’il a fait d’emblée, dès l’ouverture de la séance tenue via Zoom. Il l’a confirmé hier dans une déclaration : « Le Conseil supérieur catholique n’est plus le porte-parole officiel de la communauté et n’est plus son représentant au Liban », a-t-il affirmé, justifiant sa décision par « une fissure du Conseil causée par de fortes dissensions ». Et le patriarche melkite de déplorer : « Le Conseil a dévié de la mission initiale pour laquelle il avait été créé, à savoir rassembler les membres de la communauté et les aider à organiser leurs affaires plutôt que de diviser leurs rangs. »

Auparavant, Salim Jreissati avait décidé de se présenter aux élections en tant que « candidat de compromis ». C’est lui-même qui l’a affirmé à L’Orient-Le Jour, précisant que lorsqu’il s’était ensuite trouvé la cible d’attaques personnelles, il avait décidé de mener une bataille au sens « démocratique » du terme. Plusieurs parties jugent à ce propos que la candidature du conseiller du chef de l’État est « provocatrice ».

Pour mémoire

La réunion du comité exécutif apaisera-t-elle aujourd’hui les querelles intestines ?

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Michel Pharaon déplore le changement d’attitude de M. Jreissati. « Il avait assuré qu’il ne se présenterait que s’il obtenait un consensus autour de sa personne. J’ai évoqué devant lui les grands problèmes que sa candidature risquait de poser en raison de sa position actuelle, à savoir sa proximité avec un pouvoir controversé par la population », indique M. Pharaon. Pour lui, un tel statut ne favorise pas « un profil consensuel et rassembleur que nécessite le poste brigué ». « Pendant les six ans où j’ai exercé mes fonctions, je veillais pour ma part à prendre des décisions qui reposaient sur l’accord des différentes parties. L’entente est cruciale, s’agissant de positions nationales à adopter », martèle-t-il. C’est en effet au Conseil que revenait (avant la décision mercredi de Mgr Absi) la charge de parler au nom de la communauté melkite lorsqu’il s’agissait de préserver ses droits dans le cadre de l’intérêt national.

Prié de commenter la décision de Mgr Absi, M. Pharaon affirme « comprendre le dérangement que ressent le patriarche à cause de la tournure grave qu’ont prise les querelles intestines », regrettant toutefois que très peu de temps ait été consacré pour procéder à des médiations. « Des contacts auraient dû être entrepris pour rechercher des compromis en vue de trouver des solutions. D’autant que le temps reste disponible avant les élections, celles-ci ne devant pas avoir lieu avant avril prochain en raison de la suspension des délais légaux due à la pandémie de coronavirus. »

Salim Wardy déplore lui aussi la décision du patriarche grec-catholique, tout en affirmant qu’il a présenté sa démission dans le sillage de cette décision. « Avant de démissionner, j’ai tenté en vain de convaincre Mgr Absi de revenir sur sa position », affirme-t-il à L’OLJ, indiquant toutefois qu’à la fin de la réunion, le patriarche a promis de consulter les évêques grecs-catholiques pour faire part dans 48 heures de sa position définitive. « Il serait dommage que notre institution qui date d’une cinquantaine d’années (le CSGC a été fondé en 1968) soit supprimée alors que nous vivons une tempête aux plans économique et humanitaire », martèle M. Wardy.À l’opposé, Salim Jreissati s’est félicité de la démarche du patriarche. « La décision de Mgr Youssef Absi nous évite tout acharnement », a-t-il dit dans une déclaration hier. M. Jreissati accuse sans les nommer des responsables au sein de l’instance d’« avoir raté la cible, en l’occurrence le bien de la communauté ».

Pour mémoire

Tensions politiques en vue des élections du Conseil supérieur grec-catholique

« Le CSGC est inopérant. Il y a d’autres instances de la communauté qui se chargent aujourd’hui de missions au plan social et médical. » Et d’évoquer la question du scrutin électoral, à l’origine de la tempête au sein de l’institution. « Lorsqu’ils ont compris que la bataille électorale était à mon avantage, ils ont saboté le CSGG », déclare-t-il, estimant que « le patriarche va prendre contact avec des personnes dont il connaît la loyauté et les aptitudes pour créer une autre instance le cas échéant ». Des propos en phase avec ceux émis hier par Mgr Absi dans son communiqué, au sujet d’« un prochain atelier de travail visant à injecter un sang nouveau en faveur du bien de la communauté et du pays ».

Quoi qu’il en soit, d’aucuns vont jusqu’à penser que la décision du patriarche de retirer la couverture ecclésiastique serait due à des pressions qu’il aurait subies. Une personnalité de la communauté se demande sous couvert d’anonymat si celles-ci n’auraient pas leur source « hors des frontières », en allusion à la Syrie, où se trouve le siège de l’Église grecque-catholique. L’OLJ n’a pas été en mesure d’entrer en contact avec le patriarche grec-catholique.

À la veille de la réunion du comité exécutif du Conseil supérieur grec-catholique (CSGC) tenue mercredi soir sous la présidence du patriarche Youssef Absi, on savait que ce dernier était très contrarié par le climat sévissant au sein de l’institution. Il entendait ainsi agir pour protester contre les violentes querelles intestines qui marquaient les préparatifs des élections du...

commentaires (5)

Ni les Catholiques Grec-Melikite, ni le Liban n'ont de toute façon besoin d'une telle institution. Il y a deux millions des nôtres répartis dans le monde, la moitié en Orient, l'autre moitié en Occident, et notre "capital" est Zahle de fait depuis longtemps. Le Patriarche devrait y déménager et travailler à unir "notre communauté", à réunir les Orthodoxes aux Catholiques, puisque de fait nous sommes les deux à la fois, et surtout à réunir tous les Libanais autour du Christ et de la Vierge. Laissons les politiques dans leurs poubelles.

Nicolas ZAHAR

10 h 25, le 19 février 2021

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Commentaires (5)

  • Ni les Catholiques Grec-Melikite, ni le Liban n'ont de toute façon besoin d'une telle institution. Il y a deux millions des nôtres répartis dans le monde, la moitié en Orient, l'autre moitié en Occident, et notre "capital" est Zahle de fait depuis longtemps. Le Patriarche devrait y déménager et travailler à unir "notre communauté", à réunir les Orthodoxes aux Catholiques, puisque de fait nous sommes les deux à la fois, et surtout à réunir tous les Libanais autour du Christ et de la Vierge. Laissons les politiques dans leurs poubelles.

    Nicolas ZAHAR

    10 h 25, le 19 février 2021

  • Tout le monde se désole que le CSGG soit dissous sauf le Jreissati qui lui est plutôt content. Il semble, décidément, que c'est une politique bien établit par le courant aouniste: On ne peut l'avoir on le détruit! Un peu comme un enfant gâté qui préfère casser un jouer que le laisser a quelqu'un qui en fera meilleur usage. Au lieu de se concentrer a convaincre le Hezbollah a remettre ses armes a l’armée, ces messieurs se chargent plutôt de réduire au silence tous les détracteurs du parti de Dieu contre sonnantes et trébuchantes et autres avantages éphémères. Vu les circonstances, peut être Mgr Absi a plutôt bien réagi si cela peut sauver l'image de la communauté et la remettre sur les rails du soutient a la souveraineté.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 25, le 19 février 2021

  • La seule chose qui n’est pas détruite et qui devrait l’être sont les armes du Hezbollah...

    LeRougeEtLeNoir

    09 h 12, le 19 février 2021

  • Yalla, une institution de plus détruite par cette crasse politique pourrie. La destruction systématique du pays continue rapidement et sûrement

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 03, le 19 février 2021

  • Quand on a le courage de ses convictions, vertu introuvable au Liban, respect.

    Christine KHALIL

    01 h 10, le 19 février 2021

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