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Politique - Disparition

Jean Obeid, le présidentiable de toujours

Jean Obeid, le présidentiable de toujours

Jean Obeid. Henghameh Fahimi/AFP

Second parlementaire victime du coronavirus en quelques jours, après Michel Murr, Jean Obeid, député de Tripoli, est décédé hier à l’âge de 81 ans.

Avant d’entrer en politique, d’abord comme conseiller présidentiel puis comme acteur indépendant, il est longtemps journaliste et occupe des responsabilités importantes dans la presse. Cette expérience lui sera utile ultérieurement, l’aidant à entretenir d’excellentes relations avec le monde des médias, y compris avec des journalistes se situant à l’autre extrémité de son credo politique.

Mais quel est donc le credo de Jean Obeid, précisément ? Sa période d’activité la plus foisonnante coïncide certes avec l’époque de la tutelle syrienne sur le Liban. Auparavant, il avait occupé les fonctions de conseiller du président Élias Sarkis (1976-1982), puis de son successeur Amine Gemayel (1982-1988). Ce dernier en a fait son émissaire à Damas, de sorte que les rapports de Jean Obeid avec le régime de Hafez el-Assad se développèrent.

À partir de 1993, on le retrouve plusieurs fois au gouvernement, notamment à l’Éducation, où il initie une vaste réforme des programmes, et surtout aux Affaires étrangères, en 2003-2004, où, en dépit des limites étriquées dans lesquelles la diplomatie libanaise est confinée, il déploie un talent sûr de négociateur.

Mais il serait réducteur et même erroné de confiner ce beau parleur à l’intelligence fine, souriant et courtois, à un profil de prosyrien ordinaire, à l’instar de nombreuses autres figures de l’époque. Jean Obeid était certes un politicien pragmatique et sa connaissance intime de la Syrie et de ses dirigeants en faisait un interlocuteur privilégié et de confiance de Damas. Cependant, il était avant tout un homme de consensus et, à ce titre, il incarnait surtout un trait d’union entre les divers courants qui occupaient le haut du pavé à cette époque.

Et qui dit homme de consensus dit présidentiable lorsqu’il s’agit d’un maronite, de surcroît professionnel de la politique. Son nom fut souvent cité dans ce cadre, surtout en 2004, lorsqu’il était jugé par de nombreuses parties comme une alternative crédible, raisonnable et modérée au projet jusqu’au-boutiste et suicidaire (pour la Syrie) de prorogation du mandat d’Émile Lahoud. Mais Damas en décidera autrement…

Tripolitain jusqu’à la moelle – il était né à quelques pas de là, dans le village zghortiote de Aalma –, Jean Obeid est député de la ville sans discontinuité de 1992 à 2005. Suivra une traversée du désert, mais il est de retour en 2018, avec la reconquête de son siège tripolitain grâce à la proportionnelle et à l’alliance avec l’ancien Premier ministre Nagib Mikati. Mais on a changé d’époque et Jean Obeid n’occupe plus le devant de la scène…

Né le 8 mai 1939, il était licencié en droit de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth. Avant d’intégrer l’arène politique, il mène une carrière de journaliste et occupe des postes de direction au sein de plusieurs médias, notamment L’Hebdo Magazine, al-Ousbou’ al-Arabi, al-Ahrar, al-Sayyad et al-Anwar.

Marié à Loubna Boustani, fille du général Émile Boustani, ex-commandant en chef de l’armée et signataire du fameux accord du Caire entre le Liban et l’OLP de 1969, Jean Obeid était père de cinq enfants.

Second parlementaire victime du coronavirus en quelques jours, après Michel Murr, Jean Obeid, député de Tripoli, est décédé hier à l’âge de 81 ans. Avant d’entrer en politique, d’abord comme conseiller présidentiel puis comme acteur indépendant, il est longtemps journaliste et occupe des responsabilités importantes dans la presse. Cette expérience lui sera utile ultérieurement,...

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ALLAH YIRHAMOU.

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 25, le 09 février 2021

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Commentaires (1)

  • ALLAH YIRHAMOU.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 25, le 09 février 2021

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