Rechercher
Rechercher

Politique - Liban

Décès de Jean Obeid des suites du coronavirus

Plusieurs fois ministre, ce député de Tripoli fut à plusieurs reprises candidat malheureux à la présidence de la République, une échéance à laquelle son nom a toujours été lié.

Décès de Jean Obeid des suites du coronavirus

Jean Obeid. AFP / HENGHAMEH FAHIMI

Jean Obeid, député libanais de Tripoli, est décédé lundi à l'âge de 82 ans des suites du coronavirus, rapporte l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Quelques jours plus tôt, c'est le député Michel Murr qui avait perdu la bataille contre ce virus à l'âge de 88 ans.

Né le 8 mai 1939 dans le village de Alma (caza de Zghorta), au Liban- Nord, Jean Obeid obtient une licence en droit de l"Université Saint Joseph à Beyrouth. Avant d'intégrer l'arène politique, il mène une carrière de journaliste et occupe des postes de direction au sein de plusieurs médias, notamment "l'Hebdo magazine, al-Ousbou' al-Arabi, al-Ahrar, al-Sayyad et al-Anwar.

C'est en 1978 qu'il débute sa carrière politique lorqu'Elias Sarkis, alors président de la République, le nomme conseiller jusqu'à la fin de son mandat en 1982. Puis, c'est Amine Gemayel qui le désigne au même poste en 1983. Jean Obeid prend par la suite part aux négociations visant à abolir l'accord du 17 mai 1983 entre le Liban et Israël, pour lequel Amine Gemayel fut violemment critiqué par ses détracteurs.

En 1991, après la fin de la guerre civile, Jean Obeid est nommé député maronite du Chouf. En 1992, à l'issue d'un scrutin législatif largement boycotté par les chrétiens, Obeid se fait élire député de Tripoli, un poste qu'il conservera jusqu'en 2005. Candidat malheureux aux législatives de 2009, Obeid réintègre le Parlement en 2018. Il est élu une fois de plus au siège maronite de Tripoli sur la liste parrainée par Nagib Mikati, ancien Premier ministre.

Sur le plan gouvernemental, Jean Obeid est nommé ministre d'Etat en 1993 au sein du cabinet de Rafic Hariri. Puis entre 1996 et 1998, il est à la tête du ministère de l'Education et de celui de la Jeunesse et du sport, toujours au sein du gouvernement de Rafic Hariri sous le mandat d'Elias Hraoui. Il conduit des réformes de l'éducation nationale, modernise les programmes scolaires et lance un vaste chantier de développement de l'école publique. Durant son mandat, la Cité sportive, construite dans les années 1950 par le président  Camille Chamoun, rouvre ses portes pour les Jeux asiatiques. Jean Obeid est par la suite nommé ministre des Affaires étrangères entre 2003 et 2004, au sein du dernier gouvernement présidé par Rafic Hariri (avant son assassinat en 2005) sous le mandat d'Emile Lahoud, un portefeuille qui sera lié à son nom pendant plusieurs années.

Connu pour ses bons rapports tant avec la communauté internationale qu'avec Damas, Jean Obeid fut à plusieurs reprises candidat malheureux à la présidence de la République, une échéance à laquelle son nom a toujours été lié.

Marié à Loubna Boustani, fille d'Emile Boustani, ex-commandant en chef de l'armée (qui signe l'accord du Caire en 1969), Jean Obeid est père de cinq enfants.

Hommages
Le président de la République, Michel Aoun, est entré en contact par téléphone avec Sleiman Obeid, fils de Jean Obeid, afin de lui présenter ses condoléances. L'occasion pour le chef de l'Etat de saluer le rôle que le député disparu a joué aussi bien en tant que ministre, que lors de ses mandats parlementaires. M. Aoun a salué aussi les prises de position de Obeid, marquées par la sagesse et le don de soi sur le double plan politique et national.

Avec le décès de Jean Obeid, "le pays et la Chambre des députés ont perdu une grande figure parlementaire et nationale qui a consacré sa vie, jusqu'à son dernier souffle, à protéger le Liban message", a écrit le chef du Parlement, Nabih Berry.

Le Premier ministre démissionnaire Hassane Diab a lui aussi salué la mémoire de Jean Obeid. Dans un communiqué, il a estimé que c'est le courant de la modération qui a perdu "une sorte de boussole qui indiquait toujours que les Libanais sont condamnés à vivre ensemble", soulignant que le parlementaire disparu était une image de ce modèle. "Jean Obeid, qui a imprégné par ses actions la vie politique, nous manquera", a ajouté Hassane Diab.
Le Premier ministre désigné Saad Hariri a également rendu hommage au politicien disparu. "Avec le départ de Jean Obeid, le Liban perd un homme noble qui a enrichi la vie politique libanaise et ses tribunes par sa sagesse, sa culture, son patriotisme, son éthique, son dynamisme et ses idées à même de protéger le Liban et son vivre-ensemble", a écrit M. Hariri sur son compte Twitter.

Nagib Mikati a salué lui aussi la mémoire de Jean Obeid, membre de son groupe parlementaire depuis mai 2018. "Avec le décès de Jean Obeid, le Liban perd une personnalité politique qui a établi un modèle unique d'action politique, lui permettant d'être en bons termes avec tous les protagonistes, sans pour autant abandonner les convictions politiques pour lesquelles il luttait", a écrit M. Mikati sur son compte Twitter. "Son nom fut parmi les premiers à être évoqués au moment des échéances nationales cruciales", a rappelé M. Mikati. "Lors des dernières élections législatives (mai 2018), nous avons mené bataille ensemble dans le cadre de la liste baptisée "Le centre indépendant", à Tripoli, que Jean Obeid a aimée jusqu'au dernier souffle", a poursuivi Nagib Mikati. Et de s'adresser au député disparu en ces termes: "Nous vous faisons nos adieux. Mais vous resterez une image de la politique noble, du patriotisme et de l'arabité authentiques".

"Vous allez manquer au Liban et à ses patriotes", a écrit l'ancien Premier ministre Tammam Salam sur son compte Twitter, saluant "un parcours dense sur les plans politique et intellectuel".

Fouad Siniora, ex-Premier ministre, a publié un communiqué dans lequel il a souligné le rôle de Jean Obeid et son envergure en tant que chef de la diplomatie. "Depuis que Rafic Hariri l'a choisi pour ce poste, Jean Obeid a toujours été le ministre des Affaires étrangères du Liban, et des Arabes, au point d'en devenir le "sage", comme l'avait décrit Saoud Fayçal, ex-chef saoudien de la diplomatie", a-t-il écrit.

Walid Joumblatt, leader druze et chef du Parti socialiste progressiste, a également rendu hommage à Jean Obeid, sur son compte Twitter. Il a ainsi déploré le départ "du dernier des sages, à l'heure où le Liban est noyé dans la jungle des assassinats et des tiers de blocage, de la part des forces de l’ignorance et de la rancune, locales et régionales". "Jean Obeid, l'ami de Kamal Joumblatt (père de Walid Joumblatt et fondateur du PSP) et de la Palestine s'en est allé", a conclu le leader druze.

Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, a de son côté salué la mémoire d'un homme "plein de raison et aimé", dont il dit avoir "appris de nombreux préceptes politiques et moraux" et qui "débattait toujours avec courtoisie, même lorsqu'il n'était pas d'accord" avec son interlocuteur.

A son tour, Sleiman Frangié, leader des Marada et dont Zghorta est le bastion, a rendu hommage à Jean Obeid. S'adressant au député disparu, le chef chrétien du Liban-Nord a écrit sur son compte Twitter : "Tu as toujours été un ami de la famille depuis le mandat de Sleiman Frangié (grand-père du chef des Marada)". Et de poursuivre : "Aujourd'hui, nous perdons un grand homme connu pour son honnêteté, son éthique et sa noblesse". "Mon ami Jean, tes prises de position fermes nous manqueront", a conclu Sleiman Frangié.

L'ex-député de Zghorta Michel Moawad a également salué cette "élégance" politique qu'avait Jean Obeid et "qui manque beaucoup en ces temps où l'on cherche à liquider les opinions divergentes". Il a rendu hommage à "un fils cultivé de Zghorta, qui a laissé des marques ineffaçables dans la culture politique".

Jean Obeid, député libanais de Tripoli, est décédé lundi à l'âge de 82 ans des suites du coronavirus, rapporte l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Quelques jours plus tôt, c'est le député Michel Murr qui avait perdu la bataille contre ce virus à l'âge de 88 ans. Né le 8 mai 1939 dans le village de Alma (caza de Zghorta), au Liban- Nord, Jean Obeid obtient une licence...

commentaires (4)

Nonobstant le fait que ce Mr mérite tous les éloges posthumes émanant des responsables politiques, on ne pourra en dire autant pour Lokman Slim dont on attend une condamnation officielle de son assassinat.

C…

16 h 03, le 08 février 2021

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Nonobstant le fait que ce Mr mérite tous les éloges posthumes émanant des responsables politiques, on ne pourra en dire autant pour Lokman Slim dont on attend une condamnation officielle de son assassinat.

    C…

    16 h 03, le 08 février 2021

  • Corona, corona, je t'adore!

    Elementaire

    11 h 46, le 08 février 2021

  • Comme quoi riche ou non....Tout le monde passe à la moulinette et finit sous terre ou dans une urne. Que les responsables actuels au pouvoir ou espérant l'être .... Qu'ils se le mettent dans leur crâne et cessent de se prendre des demi Dieux. Mes condoléances à la famille de M Obeid ( En espérant que les richissimes du liban dont une grande partie est de Tripoli pense un tant soit peu à leurs compatriotes de leur ville . La ville la plus pauvre du liban. Quel paradoxe.

    LE FRANCOPHONE

    10 h 49, le 08 février 2021

  • Leila Abdel Latif doit s'arracher les cheveux.... elle le voyait deja president de la republique :)

    Le Herisson

    10 h 29, le 08 février 2021

Retour en haut