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Politique - Liquidation

L’activiste Lokman Slim retrouvé criblé de balles au Liban-Sud

L’écrivain et éditeur, opposant farouche au Hezbollah et menacé de mort à plusieurs reprises par le passé, a été abattu de cinq balles.

L’activiste Lokman Slim retrouvé criblé de balles au Liban-Sud

La voiture dans laquelle le corps de Lokman Slim a été retrouvé, près de Touffahta. Aziz Taher/Reuters

L’écrivain, éditeur et activiste Lokman Slim, opposant farouche au Hezbollah, a été retrouvé mort hier matin au Liban-Sud. Le militant était porté disparu depuis mercredi soir, lorsqu’il était sorti du domicile de l’un de ses amis dans le village de Niha en soirée, et sa famille avait perdu tout contact avec lui.

Selon notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah, qui cite des sources de sécurité, son corps a été retrouvé dans une voiture de location, une Toyota Corolla qu’il utilisait, près de Touffahta dans le caza de Zahrani. Ses papiers d’identité n’ont pas été retrouvés. Le procureur général près la cour d’appel du Liban-Sud, le juge Rahif Ramadan, a indiqué que le corps, examiné par un médecin légiste et transporté à l’hôpital gouvernemental de Saïda, avait été atteint de cinq balles, quatre à la tête et une au dos. Il a chargé les services de renseignement des Forces de sécurité intérieure de mener une enquête en examinant notamment les caméras de surveillance dans la région et en analysant toutes les données dans le téléphone portable de l’intellectuel.

M. Slim, qui contribuait régulièrement au débat d’idées dans les colonnes de L’Orient-Le Jour, était porté disparu depuis la nuit dernière, avait annoncé sa famille sur les réseaux sociaux. Il se trouvait avec un ami à Niha, au Liban-Sud, mercredi soir. Selon sa sœur aînée Rasha, il n’a plus donné signe de vie depuis, et son téléphone a été retrouvé dans le secteur. « Il s’est rendu en milieu de journée chez Mohammad el-Amine à Niha », avait déclaré son épouse Monika Borgmann à L’Orient-Le Jour avant l’annonce de son décès. « Il a quitté la maison de son ami à 20h30 et il n’est jamais rentré. » Elle a précisé qu’un de ses amis a localisé le téléphone dans la nuit et que l’appareil a été retrouvé à 400 mètres de la maison près de la route, ce qui laisse supposer que ses assassins l’attendaient et qu’ils l’auraient attaqué avant qu’il ne monte en voiture ou dès qu’il y est monté, puisque son corps a été retrouvé bien loin de la maison de son ami, sur une route secondaire.

L'édito d'Emilie Sueur

Il était libre Lokman Slim

Ce n’est pas la première fois que Lokman Slim se rendait au Liban-Sud, malgré les menaces qu’il recevait régulièrement, selon son épouse.

Aoun et Diab réclament une enquête
Le président de la République Michel Aoun a dans ce cadre demandé au procureur général près la cour de Cassation, Ghassan Oueidate, de mener les enquêtes nécessaires pour connaître les circonstances de l’assassinat du militant Lokman Slim, a annoncé la présidence. Le chef de l’État a souligné la nécessité d’accélérer l’enquête pour déterminer les circonstances qui ont mené à ce crime et les parties qui se tiennent derrière, sans condamner explicitement l’assassinat de l’activiste opposé au Hezbollah.

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Comment lire l’assassinat de Lokman Slim

Le Premier ministre sortant Hassane Diab a de son côté chargé le ministre de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, d’ordonner aux services de sécurité d’accélérer les enquêtes visant à découvrir les circonstances de l’assassinat de Lokman Slim, d’en poursuivre les auteurs, de les arrêter et de les déférer devant la justice dans les plus brefs délais. « Ce crime odieux ne passera pas sans reddition de comptes », a-t-il dit, assurant que « l’État ne se contentera pas de poursuivre les enquêtes jusqu’au bout, et qu’il remplira ses devoirs à cet égard ». M. Fahmi a, lui, dénoncé « un crime effroyable ».

Ils ont dit...

L’uléma Ali el-Amine  : « C’est avec beaucoup de peine que je fais part à tous les hommes libres du monde du décès de Lokman Slim, traîtreusement assassiné. Courageux défenseur du projet de l’État et intrépide combattant de l’hégémonie des armes hors les institutions légitimes, Lokman, homme de la libre opinion, ta mort nous a ravagés. Nous réaffirmons aux hommes libres que ton message restera vivant et bien ancré dans un parcours national pacifique transcommunautaire, dans un effort pour sortir le Liban de l’hégémonie des armes illégales qui dictent leur loi à l’État et répriment la liberté d’expression. Tu as été l’un des pionniers de cette marche au sein de ta communauté chiite, et l’un de ceux qui ont refusé qu’elle soit prise en otage et annexée à la politique du régime iranien, isolée de ses partenaires et éloignée de son environnement arabe. »

L’ancien ministre Marwan Hamadé : « À l’ombre de la terreur et de la corruption, il n’y a évidemment pas de place pour des gens comme Lokman Slim, le jeune intellectuel cultivé et libéré de toutes les entraves confessionnelles. Le crime a pour seul signataire celui qui nous poursuit depuis les assassinats de la révolution du cèdre. Le Hezbollah recommence à utiliser ses anciennes méthodes, nous devons être sur nos gardes car il pourrait y avoir d’autres assassinats. »

Le Premier ministre sortant Hassane Diab : « Ce crime odieux ne passera pas sans reddition des comptes. L’État n’aura de cesse que l’enquête sur ce crime ne soit conduite jusqu’au bout, et qu’il remplisse son devoir à cet égard. »

Le coordinateur du rassemblement de Saydet el-Jabal, Farès Souhaid, au terme d’une réunion de ce groupe d’opposition : « Un message clair visant à museler les opposants au Hezbollah. L’assassinat s’est produit dans une zone d’influence du Hezbollah : soit c’est le parti qui l’a tué, soit il doit dire qui l’a tué. »

Le Premier ministre désigné Saad Hariri  : « Lokman Slim est un nouveau martyr du chemin de la liberté et de la démocratie au Liban. Son assassinat ne peut être dissocié de ceux qui l’ont précédé. Il était probablement le plus clair dans l’identification des risques que court la nation. » L’ancien député et membre du courant du Futur Bassem Sabeh : « L’assassinat de Lokman Slim est un message direct à tous les activistes, écrivains et politiciens de la communauté chiite qui ne tournent pas dans l’orbite du Hezbollah. »

Le Courant patriotique libre : « Il est nécessaire de mener une enquête rapide afin de faire prévaloir la vérité (...) et de ne pas exploiter ce crime à des fins de discorde interne, surtout que les habituels pêcheurs en eaux troubles ont commencé à l’exploiter politiquement. »

Les Kataëb : « Nous condamnons la mise à mort d’un libre penseur dans une région dont on connaît l’appartenance et l’influence politique. Il est déplorable que les forces de l’ordre, chargées d’assurer la sécurité de M. Slim, se soient avérées impuissantes face à l’hégémonie des milices. »

Le Parti socialiste progressiste : « Le meurtre de Lokman Slim suscite une grande inquiétude pour le Liban. »

Samir Geagea : «  Lokman Slim est le martyr de la liberté d’opinion. »

L’ancien Premier ministre Tammam Salam : « La politique au Liban s’accompagne toujours de diffamation et d’intimidation, d’arrestations et d’assassinats, des pratiques qui ne changeront pas sans l’établissement d’un État fort, capable de protéger ses citoyens des complots intérieurs et extérieurs. »

Le mouvement Amal : « Nous réclamons une enquête aussi rapide que possible afin d’identifier les responsables et les sanctionner. »

Le mufti jaafarite Ahmad Kabalan : « Il faut réagir à ce crime odieux de manière judiciaire et non politique. »

Le mouvement Citoyens et citoyennes dans un État : « Ce crime est un indicateur très dangereux du cours des jours à venir au Liban, où la société s’effondre sous les yeux de tous, tout en étant profondément divisée, avec les conséquences bien visibles qui ont commencé à se manifester quelques minutes après l’annonce du crime. Nous étions en désaccord avec les opinions de Lokman Slim (…), mais au vu de la différence des opinions et de l’approche, nous considérons ce crime comme d’autant plus odieux car il cible la société entière. Nous y voyons les germes d’un déchaînement de violence contre lequel nous avons si souvent mis en garde. »

L’écrivain, éditeur et activiste Lokman Slim, opposant farouche au Hezbollah, a été retrouvé mort hier matin au Liban-Sud. Le militant était porté disparu depuis mercredi soir, lorsqu’il était sorti du domicile de l’un de ses amis dans le village de Niha en soirée, et sa famille avait perdu tout contact avec lui.Selon notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah, qui cite...

commentaires (3)

Bla Bla bla. Ils sont tous complices,Aoun , le Hezbollah et Berry .....

Eleni Caridopoulou

17 h 29, le 05 février 2021

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Bla Bla bla. Ils sont tous complices,Aoun , le Hezbollah et Berry .....

    Eleni Caridopoulou

    17 h 29, le 05 février 2021

  • LES BALLES DE LA DEMOCRATIE FAKIHIENNE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 08, le 05 février 2021

  • "Aoun et Diab réclament une enquête"… " Ce crime odieux ne passera pas sans reddition des comptes. L’État n’aura de cesse que l’enquête sur ce crime ne soit conduite jusqu’au bout"… Il me semble avoir déjà entendu quelque chose comme ça. C'était quand, déjà? Ah oui! En août dernier! Mais attention! il ne faut surtout pas une enquête indépendante, libre et transparente: elle risquerait de diluer la vérité.

    Yves Prevost

    07 h 48, le 05 février 2021

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