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Société - Protestation à Saïda

« Nous n’avons plus rien à perdre, nous n’attendrons pas la mort chez nous »

« Nous n’avons plus rien à perdre, nous n’attendrons pas la mort chez nous »

Les manifestants ont essayé de couper la route avec des bennes à ordures, mais les soldats l’ont vite dégagée. Photo Mountasser Abdallah

À Saïda comme à Tripoli, les gens sont descendus dans la rue depuis dimanche, pour protester contre les conditions de vie socio-économiques difficiles accentuées par le confinement, mais aussi pour soutenir leurs compatriotes du Nord.

On est loin cependant de la foule tripolitaine qui a investi les rues et encore moins de la violence qui a marqué ces trois derniers jours les mouvements de protestation dans la grande ville du Liban-Nord. La souffrance reste toutefois la même. « La famine s’est installée dans nos foyers. Nous n’allons pas lui permettre de rester. Nous la combattrons pour protéger nos enfants et nos familles », lance Ahmad, un père de famille qui faisait partie du groupe de protestataires rassemblés à partir de 14h à la place Élia, au centre de Saïda.

Il s’empresse d’ajouter : « Nous n’avons plus rien à perdre. Nous ne pouvons plus rester cloîtrés chez nous à attendre la mort. Cela ne se produira pas. Nous allons redynamiser la thaoura (révolte populaire) et faire tomber tous les corrompus. »

Ils ne sont cependant pas nombreux sur la place Élia. À peine une trentaine de personnes dont quelques-unes brandissent un drapeau libanais. Tous protestent contre la prolongation du confinement qui aggrave, disent-ils, une situation précaire contre laquelle ils se débattent depuis des mois. « L’État ne fait rien pour nous venir en aide », se plaignent-ils.

Un groupe d’hommes jettent les bennes à ordures au milieu de la chaussée pour couper la route, mais des soldats de l’armée déployés dans le secteur les en empêchent vite et dégagent la voie. « C’est tout le pays qui s’effondre. Notre mouvement est de l’autodéfense face à l’échec du pouvoir. Ils ont tout raté. Ils ont échoué dans absolument tout, dans l’économie, la santé. Ils ont tout volé et continuent de voir où se situe leur intérêt. » Mohammad el-Baba est déchaîné. Il poursuit sur sa lancée : « Ils ont gelé nos activités alors que les prix et le dollar continuent de flamber et ils ont quand même le toupet de nous demander de rester chez nous. Mais qui va nourrir nos enfants et compenser nos pertes ? Comment voulez-vous qu’on achète les médicaments à nos malades ? » Il reproche à la classe politique d’accuser la contestation populaire d’avoir des objectifs politiques « pour justifier leur propre échec », faisant état de mouvements de protestation prochainement à Tyr, Nabatiyé et Hasbaya.

Sauf que les forces populaires qui étaient au cœur du mouvement du 17 octobre n’étaient pas présentes hier, place Élia. Certaines parmi elles accusent Baha’ Hariri, le frère du Premier ministre désigné Saad Hariri, de mobiliser la population de Saïda contre le pouvoir, ce que les manifestants sur le terrain démentent.

L’une des figures de la contestation du 17 octobre, Ahed Madi, reste ainsi sceptique quant aux motivations des manifestants, laissant entendre qu’ils pourraient être encouragés par « des forces politiques ». Il les accuse d’essayer de « voler » les réalisations de la contestation du 17 octobre.

Il n’en demeure pas moins qu’il partage le ressentiment et la colère de ses compatriotes rassemblés sur la place, mais souligne que l’épidémie de coronavirus et la crise sanitaire « nous empêchent d’appeler les gens à descendre dans la rue ». « Il ne fait pas de doute que la famine s’est engouffrée dans les foyers, mais cette situation est exploitée par certains pour faire passer leurs propres messages et détourner l’attention de certains corrompus à qui il faut demander des comptes, dont Riad Salamé », gouverneur de la Banque du Liban, affirme-t-il, en assurant que les mouvements de protestation reprendront dès que le bouclage imposé au pays jusqu’au 8 février sera levé.

À Saïda comme à Tripoli, les gens sont descendus dans la rue depuis dimanche, pour protester contre les conditions de vie socio-économiques difficiles accentuées par le confinement, mais aussi pour soutenir leurs compatriotes du Nord.On est loin cependant de la foule tripolitaine qui a investi les rues et encore moins de la violence qui a marqué ces trois derniers jours les mouvements de...

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CES CRIS DE DESESPOIR PARIENNENT ILS AUX OREILLES CHASTES DE NOS MISERABLES KELLON ?

Gaby SIOUFI

11 h 40, le 27 janvier 2021

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Commentaires (1)

  • CES CRIS DE DESESPOIR PARIENNENT ILS AUX OREILLES CHASTES DE NOS MISERABLES KELLON ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 40, le 27 janvier 2021

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