Entre la visite du conseiller présidentiel Salim Jreissati à Bkerké hier, et l’appel du groupe parlementaire du Hezbollah, qui a invité sans les nommer le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné Saad Hariri, à arrondir les angles pour qu’un cabinet puisse voir le jour, on serait tenté de croire qu’une dynamique politique – inaugurée mardi par le Premier ministre sortant Hassane Diab – dans la perspective d’un déblocage est en train de se mettre en place.
Or, pour l’heure, il n’en est toujours rien. Les motifs du blocage restent les mêmes et portent sur une divergence de vues profonde entre la Maison du Centre et Baabda sur la façon d’aborder la question de la composition de la nouvelle équipe ministérielle. À cela est venue s’ajouter comme on le sait un nouvel élément de complication, celui de la vidéo ayant récemment fuité de Baabda lors d’un entretien Aoun-Diab et dans laquelle on entend le président traiter Saad Hariri de « menteur ».
Qu’est donc monté faire Sélim Jreissati hier à Bkerké ? De sources concordantes proches du patriarcat maronite, on apprend que c’est Mgr Béchara Raï qui l’a lui-même convoqué pour sonder la suite que la présidence de la République aurait donné à la requête qu’il avait formulée devant le chef de l’État, lorsque ce dernier lui avait rendu visite le 7 janvier. M. Raï avait exprimé devant son hôte le souhait d’une rencontre de réconciliation Aoun-Hariri pour que les deux puissent par la suite s’entendre sur le dossier gouvernemental.
De mêmes sources, on apprend que M. Jreissati a expliqué au patriarche que le chef de l’État attend toujours que le Premier ministre désigné réponde aux remarques qu’il avait formulées au sujet de la mouture gouvernementale que ce dernier lui avait soumise peu avant Noël et qu’il est toujours furieux à cause de la façon avec laquelle Saad Hariri gère la composition du gouvernement, sans tenir compte du rôle que le chef de l’État est aussi censé assumer à ce niveau. Michel Aoun en veut entre autres à Saad Hariri parce que ce dernier serait entré en contact, sans le prévenir, avec des ministres potentiels de son cabinet, comme si leur nomination était acquise, selon les mêmes sources. Il lui reproche également d’interdire au camp présidentiel de nommer les ministres chrétiens ou un autre ministre sunnite, alors qu’il se permet de nommer un ministre chrétien, d’où l’insistance de Baabda sur l’unité des critères. M. Jreissati aurait ainsi expliqué au patriarche que le chef de l’État n’a pas de problème à ce que Saad Hariri nomme un ministre chrétien à la Justice à condition qu’il puisse à son tour nommer un sunnite à l’Intérieur.
Selon les mêmes sources, Mgr Raï aurait de nouveau insisté pour que le président Michel Aoun trouve le moyen d’entrer en contact avec Saad Hariri en vue d’une réconciliation. Une démarche que le chef de l’État n’est pas près d’entreprendre, analysent les sources proches de Bkerké, en soulignant que Baabda semble ne plus vouloir former de gouvernement avec M. Hariri, mais en l’absence d’un texte constitutionnel gérant ce cas de figure, la présidence de la République n’a d’autre choix que d’attendre que le Premier ministre désigné se récuse.
Du côté de la Maison du Centre, on écarte cette éventualité et on rejette le discours présidentiel au sujet du gouvernement, mais on laisse entendre que le Premier ministre désigné n’a pas de problème à se rendre à Baabda au cas où il y serait invité.
C’est dans ce contexte de blocage total que le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, entreprend une médiation discrète qui porterait sur une formule de gouvernement calquée sur la composition des anciennes équipes, au niveau de la répartition communautaire et politique. Selon des sources proches du Hezbollah, le président de la Chambre Nabih Berry serait également engagé dans une médiation.
Le Hezbollah, dont le groupe parlementaire s’est réuni hier, a appelé indirectement la Maison du Centre et Baabda à se retrouver à mi-chemin autour d’une solution médiane, qui pourrait favoriser une entente autour de la composition de la nouvelle équipe ministérielle. Le parti chiite a plaidé dans ce contexte pour « une dynamique exceptionnelle » qui devrait être lancée à cette fin, ce qui a été interprété de sources concordantes comme un feu vert donné par le Hezbollah à une relance des discussions susceptibles de déboucher sur la mise sur pied d’un gouvernement. « La crise qui resserre son étau sur le pays commande une relance exceptionnelle des contacts pour la formation du gouvernement, afin que l’exécutif s’attelle à la gestion des affaires intéressant la population et le pays », selon le communiqué du groupe parlementaire du Hezbollah qui poursuit : « Il est possible de parvenir à mettre en place la nouvelle équipe ministérielle, surtout si certaines démarches sont entreprises afin d’arrondir les angles, consolider la confiance et supprimer les craintes entre les parties concernées », en allusion à la présidence de la République et à la Maison du Centre.
Or, dans les milieux proches du Hezbollah, on assure que ce parti n’entreprend aucune médiation, en mettant en avant celle que le général Ibrahim et M. Berry sont en train de mener.
commentaires (7)
Mgr qu est ce que vous attendez pour demander au gouvernement et au président de créer un impot de solidarité (l église,les anciens chefs des gouvenements,et tous ceux qui se sont enrichi sur le dos du peuple libanais sont tres riches )pour gerer la crise du covid au lieu de mendier à OMS et ailleurs ? SI VOUS CONTINUEZ A RAPPELER LES MEMES AUTEURS VOUS PERDEZ VOTRE TEMPS LE PEULE NE VEUT PLUS D EUX
youssef barada
19 h 41, le 22 janvier 2021