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Politique - Éclairage

Sur la scène politique, 2022 est déjà dans toutes les têtes

Sur la scène politique, 2022 est déjà dans toutes les têtes

En octobre 2022, le chef de l’État Michel Aoun devra laisser son siège à un successeur. Photo Dalati et Nohra

L’année vient de commencer, mais personne ne se fait d’illusions : 2021 ne sera probablement pas le prélude d’un grand changement sur le plan politique. Pour l’establishment, c’est au cours de l’année 2022 que tout se jouera avec l’avènement de deux échéances majeures qui pourraient redessiner une partie du paysage politique : les législatives qui devront avoir lieu en mai, à moins que la classe politique ne soit tentée une fois de plus de proroger le mandat actuel de la Chambre ; puis, en fonction notamment de cette première échéance et de son bon déroulement, la présidentielle en octobre.

Les partis politiques préparent d’ores et déjà le terrain. Pour certains, il s’agit de préserver les acquis. Pour d’autres, et c’est le cas de la majorité des protagonistes, d’améliorer leur score et leur présence en espérant récupérer une partie de leur base que la révolution a séduite.

Beaucoup de choses se sont produites depuis les dernières législatives de mai 2018. L’humeur de la rue a foncièrement changé sous la pression de la triple crise économique, politique et sanitaire, un changement qui s’est notamment manifesté par le déclenchement d’une révolte populaire inédite, en octobre 2019, contre la classe politique. L’effondrement économique et les secousses cumulées ont érodé les alliances entre les forces politiques et plusieurs partenariats ont été mis à rude épreuve. Les cartes sont rebattues et les partenariats sont de nouveau en gestation. Pour l’ensemble des formations politiques, 2021 sera l’année des tests en laboratoire avant l’avènement des grandes échéances.

« Ce sera une année d’observation et de transition, où les uns et les autres vont continuer à se regarder en chiens de faïence et affûter leurs armes, au sens figuré au moins, pour préparer les grandes échéances à venir », commente Karim Émile Bitar, directeur de l’Institut des sciences politiques à l’USJ. Les enjeux sont d’autant plus complexes que les différentes formations politiques sont aujourd’hui radicalement divisées aussi bien concernant le calendrier des législatives que sur la loi à adopter pour ces élections.

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Les Forces libanaises et les Kataëb, qui pourraient sortir renforcés en cas d’élections anticipées, les réclament depuis un certain temps, en raison de l’effondrement du système en place. Ayant rejoint assez tôt, notamment en ce qui concerne les Kataëb, les rangs de l’opposition, les deux formations, qui n’ont pas été huées autant que les autres dans la rue, peuvent encore tabler sur leurs bases populaires respectives pour s’attirer des voix et récupérer une partie des déçus du aounisme.

Le Courant patriotique libre, justement, arrivé en tête en 2018, est sûrement la formation qui risquerait de perdre le plus de sièges en cas d’élections anticipées. C’est au président et à son parti qu’une large part de l’opinion publique fait assumer une grande partie de la responsabilité de la faillite du pays et de l’effondrement.

« Les autres partis ne veulent pas entendre parler d’élections législatives anticipées. La majorité d’entre eux ne veut même pas que les législatives aient lieu en 2022 et souhaite donc proroger le mandat actuel », confie un cadre des FL. Une situation qui pourrait arranger le CPL qui aurait avantage à ce que le successeur de Michel Aoun soit élu par la Chambre actuelle, dans laquelle les partis du 8 Mars ont la majorité.

La popularité de Saad Hariri

Officiellement, personne ne souhaite repousser les élections. Mais déjà les partis remettent sur la table l’épineuse question de la loi électorale, une façon plus ou moins subtile de repousser l’échéance du scrutin.

Dans leur ensemble, les partis chrétiens, que la loi de 2017 a largement favorisés, sont foncièrement opposés à toute nouvelle loi qui leur retirerait leurs acquis, à savoir une large frange de députés élus par leur communauté. Au total, près de 55 députés sur 64 ont été élus par des voix chrétiennes. Pour les FL notamment, la loi de 2017 est une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir. Or, et c’est précisément là où le bât blesse, aussi bien le courant du Futur que le mouvement Amal affirment à l’unisson vouloir en finir avec ce qu’ils dénoncent comme une culture de la « ghettoïsation confessionnelle » générée par la loi en vigueur. « Réduire l’élection des députés de la nation à un vote confessionnel va sans aucun doute à l’encontre de l’unité du pays », commente Moustapha Allouche, membre du bureau politique du courant du Futur dont les assises ont entamé des discussions et débats en vue de présenter une nouvelle loi électorale. Celle-ci est souhaitée comme un rectificatif aux déviations occasionnées par la loi en vigueur et « non pas parce qu’elle a été défavorable au Futur », assure M. Allouche. Sa formation avait perdu une douzaine de députés lors des législatives de 2018. Cet ancien député réfute toutefois que les pertes du groupe haririen soient dues aux écueils de la loi et admet qu’il faut plutôt les mettre sur le compte d’un « recul de la popularité de Saad Hariri à l’époque ».

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Les chances de voir une nouvelle loi adoptée sont toutefois d’autant plus minimes qu’il a fallu un marchandage corsé et des mois de tiraillements et de calculs d’épicier pour s’entendre sur la loi de juin 2017. « On voit mal comment ils pourraient s’entendre aujourd’hui. Tout au plus, il pourrait y avoir des amendements à introduire au texte en vigueur », note Karim Émile Bitar.

Quid de la présidentielle ?

Autant de variables qui rendent l’horizon de la présidentielle, un enjeu qui dépend étroitement de la prochaine majorité parlementaire et du rapport de forces internationales et régionales, encore plus imprévisible. « Il est encore trop tôt pour prédire les tendances de la présidentielle, ou encore le profil des candidats en lice », notent en chœur plusieurs responsables politiques. De tout temps, l’élection du président de la République a été le fruit d’un croisement entre la volonté intérieure et celle des puissances étrangères. D’ici à 2022, elle le sera encore plus tant les enjeux sont complexes et aléatoires. « Ce à quoi l’on assiste actuellement ne préfigure pas forcément de la campagne présidentielle », analyse Karim Bitar en allusion aux velléités attribuées à Gebran Bassil de vouloir briguer la première magistrature. « Il se passe tellement de choses dans le monde que les cartes vont être chamboulées plusieurs fois avant cette échéance », ajoute le politologue.

Un avis que partage Moustapha Allouche, qui laisse entendre que plusieurs autres personnalités peuvent émerger d’ici là. Outre les candidatures « naturelles » d’acteurs comme le chef des FL Samir Geagea, celui des Marada Sleiman Frangié, le commandant de l’armée Joseph Aoun, mais aussi celle du chef du CPL Gebran Bassil qui a vu ses chances se réduire comme peau de chagrin après les sanctions américaines à son encontre, de nouvelles figures pourraient apparaître. On évoque ainsi le nom de Michel Moawad qui entretient d’excellentes relations avec l’administration américaine, ou encore de personnalités moins voyantes issues de la société civile. « L’ère des présidents forts est révolue. La communauté internationale tend désormais à leur préférer des profils d’experts, comme ceux de Moustapha Adib, ancien candidat à la présidence du Conseil, et de Hassane Diab, le Premier ministre démissionnaire », commente un analyste proche du 14 Mars.

Bien que le Hezbollah soit un facteur déterminant dans la bataille présidentielle, Moustapha Allouche est convaincu que ce dernier ne restera pas nécessairement attaché à soutenir coûte que coûte Gebran Bassil. « Le Hezbollah a maintenu son alliance avec Michel Aoun par nécessité et non par conviction », dit-il.

L’année vient de commencer, mais personne ne se fait d’illusions : 2021 ne sera probablement pas le prélude d’un grand changement sur le plan politique. Pour l’establishment, c’est au cours de l’année 2022 que tout se jouera avec l’avènement de deux échéances majeures qui pourraient redessiner une partie du paysage politique : les législatives qui devront avoir lieu...

commentaires (7)

En 2022..il ne restera, mais alors vraiment rien de ce pauvre pays, au rythme ou on va. De l’insouciance et de l’égoïsme des dirigeants, à la lâcheté et l’apathie du peuple, très peu de gens ont mis vraiment le doigt dans la plaie et ont compris d’où vient le VRAI problème dont tout les autres découlent et comment le changer EN PROFONDEUR mais bon n’est pas HAKIM qui veut.

Liban Libre

13 h 08, le 18 janvier 2021

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Commentaires (7)

  • En 2022..il ne restera, mais alors vraiment rien de ce pauvre pays, au rythme ou on va. De l’insouciance et de l’égoïsme des dirigeants, à la lâcheté et l’apathie du peuple, très peu de gens ont mis vraiment le doigt dans la plaie et ont compris d’où vient le VRAI problème dont tout les autres découlent et comment le changer EN PROFONDEUR mais bon n’est pas HAKIM qui veut.

    Liban Libre

    13 h 08, le 18 janvier 2021

  • En espérant que le pays ne sera pas encore bloqué par les même personnages ou leurs dauphins pour qu'ils accèdent à ce siège . Siège d'un pays en faillite voire en mendicité. Aucun prestige d'ailleurs à occuper ce poste. Ni même aucun intérêt pour le candidat puisque "le pouvoir et centre de décisions" sont ailleurs.

    LE FRANCOPHONE

    12 h 50, le 18 janvier 2021

  • QUE VOUS LE VEUILLEZ OU NON 2022 EST AVANT TOUT DANS LES TETES DU BEAU-PERE ET DE SON GENDRE AVEC POUR BUT LA CHAISE MEME S,ILS FONT DE NOUVEAUX ACCORDS CHIFFONS AVEC LES MERCENAIRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 07, le 18 janvier 2021

  • JE VIENS D,ETRE CENSURE DE NOUVEAU PAR LES DEMOCRATES ET DEFENSEURS DE LA LIBRE EXPRESSION DE L,OLJ. A QUOI ME SERT-IL D,ETRE ABONNE A L,OLJ SI JE NE PUIS EXPRIMER LIBREMENT MON AVIS QUI N,INSULTE PERSONNE ET DE VOIR L,OLJ APPLIQUER LES MEMES METHODES DES INSTITUTIONS DE L,ETAT QUI CENSURENT ET PUNISSENT LA LIBRE EXPRESSION EUX QUI PRETENDENT LA DEFENDRE ET PUNISSENT LES INTERNAUTES DE LA LIBRE EXPRESSION EN CENSURANT ET NON PUBLIANT LEURS LIBRES AVIS. PLUS QU,UNE HONTE ! UN CRIME CONTRE LA LIBRE EXPRESSION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 39, le 18 janvier 2021

  • A force de ménager la chèvre et le chou nous allons directement à l’abattoir. Tous ces simagrées sont improductives. Une élection présidentielle se prépare des années avant et nous avons raté plus d’une occasion pour faire le ménage avant la date fatidique. Nous aurons le président que le HB, donc la Syrie et l’Iran choisissent et nous irons comme d’habitude pleurer dans les jupons des pays aidants qui n’en peuvent plus de notre mollesse, leur demander d’agir à notre place pour régler nos problèmes. Ou alors aux autres pays ennemis qui ont tout fait pour saboter les solutions les suppliant d’intervenir pour nous achever. Ils frappent aux mauvaises portes feignant trouver une solution qui ne fait que nous noyer dans l’abîme.

    Sissi zayyat

    11 h 05, le 18 janvier 2021

  • Il y a quelque chose d’anxiogène dans l’élection présidentielle, même si elle se déroule selon un agenda normal. On n’est pas à l’abri d’une bonne ou mauvaise surprise, une mort inopinée ou violente pour entamer de nouvelles élections. Au pays où l’on ne parvient pas à former un gouvernement en pleine crise sanitaire et économique, comment peut-on s’entendre sur un autre mode de scrutin, ou sur les noms des candidats. L’un brigue cette fonction depuis 40 ans et s’estime être bien placé pour l’emporter, mais il se fait rappeler dans la rue ou lors de l’une ou l’autre interview de son passé peu compatible avec la fonction suprême. L’autre s’estime fort par l’appui de la formation chiite, mais il s’est fait remis à sa place par une ambassadrice. Que vaut une candidature si elle n’a pas l’aval d’un Hezbollah par exemple qui a fait savoir que la page Aoun est tournée, et qu’il n’a d’objection à un autre candidat même du camp opposé. Des inconnus demeurent, si le futur président sera de la génération de la guerre, ou s’il échappe à l’emprise des formations pro-iraniennes ( pour donner une dimension internationale à cette élection), mais en attendant mieux vaut se faire vacciner contre la Covid.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    10 h 57, le 18 janvier 2021

  • Je relève quelques passages fort humoristiques de cet article: - unité d’une pays : c’est la plaisanterie du matin... unité ? Mais ou ce que vous la constatez, le pays est totalement déchiré et ne pourra être raccommodé - élection présidentielle, des noms circulent tels que.... : c’est à pouffer de rire notamment certains noms de clowns de la politique. En tous cas, président de quel pays, nous sommes devenus la république bananière la plus arriérée du monde, doté d’une monnaie de chimpanzé qui ne vaut même pas son pesant de papier, endetté jusqu’à l’an 2099 et gouverné par une crasse politique qui cherche encore les privilèges pour espérer voler les quelques miettes qui restent Quand est ce que tous ces brillants journalistes politiques comprendront que le Liban de 1943 n’existe plus et encore moins celui de Taef. Soit une nouvelle formule est trouvée soit on se dirige vers la disparition totale du pays

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 51, le 18 janvier 2021

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