Le journaliste Kassem Kassir se rétracte après avoir appelé le Hezbollah à se démarquer de l’Iran

L’analyste et journaliste Kassem Kassir, considéré comme proche du Hezbollah, a dû publier une mise au point dans laquelle il présente ses excuses pour des propos tenus le 6 janvier lors d’une émission télévisée au cours de laquelle il avait estimé que le Hezbollah devait se démarquer de l’Iran.

Lors de cette émission sur la NBN, chaîne considérée comme le porte-voix du président de la Chambre et chef du mouvement Amal Nabih Berry, il avait estimé que le Hezbollah avait « deux problèmes qu’il doit régler ». « Le premier est sa relation avec l’Iran, il doit devenir un parti libanais, il ne peut pas continuer à dire qu’il est au service du wilayet el-faqih (gouvernement du docte), c’est une question qu’il faut régler », avait-il dit. « Le second point est la question de la résistance : le Hezbollah ne peut pas continuer à rester le seul résistant, cela doit s’inscrire dans le cadre de la stratégie de défense », avait-il ajouté.

M. Kassir avait également estimé que si, au cours des dix dernières années, le Hezbollah avait « dû jouer un rôle à l’extérieur du pays », « il est temps pour le Hezbollah qu’il revienne au Liban ».

Les propos du journaliste qui d’habitude défend le Hezbollah avaient été vivement critiqués sur les réseaux sociaux par des partisans du parti pro-iranien.

Hier, M. Kassir, qui était injoignable, a publié un communiqué dans lequel il déclare : « Les sujets que j’ai évoqués au cours de l’entretien à la NBN, tout comme la façon de les mentionner et le timing, n’étaient pas appropriés, même si j’étais mû par l’intérêt de la résistance, du Liban et de tous les Libanais. »

Le journaliste a tenté de tempérer ses propos en affirmant qu’il n’avait « jamais mis en doute l’appartenance libanaise du Hezbollah ou de la résistance (...) mais dit que le parti au cours des dix dernières années s’est trouvé contraint de jouer un rôle hors du Liban pour des raisons géopolitiques (...) mais les circonstances ont changé aujourd’hui comme cela s’est déjà passé concernant son rôle en Irak et son retour de ce pays quand il n’a plus eu besoin d’y rester ».

Quant à la relation avec l’Iran, il rappelle qu’il l’a défendue pendant quarante ans, « mais les circonstances qui changent pourraient nécessiter une nouvelle approche qui serait conforme à ce qu’a annoncé le secrétaire général sayyed Hassan Nasrallah, selon lequel la décision au Liban relève du leadership de la résistance ».

« Je présente au public de la résistance que j’aime mes excuses si mon interview l’a heurté et je reste engagé dans la voie de la résistance », conclut le journaliste.

Selon des opposants chiites au Hezbollah, M. Kassir a été rappelé à l’ordre par la formation chiite qui ne tolère aucune critique dans ses cercles. Ils estiment que les propos exprimés par le journaliste reflètent une remise en question croissante depuis le soulèvement du 17 octobre 2019, au sein des milieux de cette communauté, de la mainmise de l’Iran au Liban, alors que Téhéran donne, selon eux, plus de marge de manœuvre à ses alliés en Irak.