Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

2021 : le monde sortira-t-il grandi de la pandémie ?

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, disait le philosophe allemand Friedrich Nietzsche. Cela ne s’applique malheureusement pas à plus de 1,8 million de personnes décédées du Covid-19. Il serait donc important pour les survivants de commencer en 2021 à créer un monde d’après-pandémie meilleur que celui d’avant.

Un premier constat : l’année 2020 a montré que l’espèce humaine s’était complètement trompée en ce qui concerne ses relations avec la nature. Nous sommes passés en quelques mois du statut d’espèce dominante de la planète à celui de proie devant se terrer. Nous qui croyions posséder une science capable de tout guérir en avons été réduits à utiliser les mêmes méthodes de protection que les victimes de la peste au Moyen Âge. Cette pandémie a aussi accéléré la multipolarisation du monde. De nombreux événements internationaux sont de moins en moins dépendants des États-Unis.

Un élan vers le futur

Côté positif, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance pouvant dépasser les 5,2 % du PIB mondial pour cette année. Cela viendra contrer la décroissance estimée à 4,4 % en 2020. De grandes structures mondiales se mettent aussi en place en 2021. Après sept années de négociations, l’Union européenne vient de conclure un accord global sur les investissements avec la Chine, ce qui devrait accroître les relations économiques internationales. Cette Europe devra aussi se repenser dans cette première année après le Brexit, conséquence du référendum de juin 2016 au Royaume-Uni. L’accord arraché le 24 décembre permet cependant de gérer les retombées de ce divorce avec plus d’espoir.

Il y a aussi la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui est entrée en vigueur le 1er janvier. Ratifiée par 34 pays, elle crée, avec son potentiel de 1,2 milliard d’habitants, la plus vaste zone de libre-échange au monde. Le FMI estime d’ailleurs que ce continent pourrait concentrer un tiers de la population mondiale en 2050. Il y a, de plus, de bonnes nouvelles pour l’Afrique francophone qui suscitera en 2021 de grandes convoitises économiques. Une autre bonne chose à tirer de cette terrible pandémie est qu’elle nous a fait comprendre à quel point nous sommes des systèmes ouverts, inséparables de notre environnement. C’est une chose qu’il devient de plus en plus important de bien saisir à mesure que les méfaits des changements climatiques détruisent les bases traditionnelles sur lesquelles nous appuyions collectivement notre survie.

Les ombres au tableau

En ce qui concerne les droits et libertés, il y a un important rattrapage à faire en 2021. La lutte contre la pandémie a restreint les libertés des citoyens dans le monde et permis aux gouvernements autoritaires de s’attaquer à leurs défenseurs. L’ONG International Idea affirmait fin novembre que plus de 60 % des pays du monde avaient adopté des mesures de lutte anti-Covid inquiétantes des points de vue de la démocratie et des droits humains. Beaucoup de pays, comme l’Algérie et la Guinée, se sont servis de la pandémie pour interdire les manifestations légitimes contre leur régime. D’autres pays, tels que la Bolivie, l’ont utilisée pour reporter leurs élections générales de plusieurs mois.

À Singapour, la lutte contre le Covid-19 a permis de mettre au point des systèmes de traçage individualisé dangereux pour les dissidents. Selon l’ONG Reporters sans frontières, des lois d’exception passées en raison de la pandémie ont augmenté les violations de la liberté de la presse et permis d’envoyer beaucoup de journalistes en prison parce qu’ils rapportaient ce qui se passait.

Un récent article dans Le Matin d’Algérie dénonçait d’ailleurs le fait que 93 détenus d’opinion étaient dans les prisons algériennes fin 2020. L’ONG américaine Freedom House affirme pour sa part que les conditions démocratiques et les droits humains se sont détériorés dans 80 pays pendant cette pandémie. L’emphase sur le télétravail et le commerce en ligne a, de plus, radicalement changé la donne en matière de sécurité cybernétique. Cela se fera pendant que se met en place sur la toile une nouvelle forme de guerre froide impliquant, entre autres, la Russie, la Chine, la Corée du Nord et les États-Unis.

L’humanité devra aussi en 2021 composer avec ses grands défauts. Nous sommes poussés par notre nature à privilégier notre petit bien-être personnel à celui plus général des autres. Il y a, de plus, la courte vue qui afflige beaucoup de politiciens du monde entier. Malgré le fait que l’on voie déjà la nature se déchaîner de plus en plus, peu de politiciens agissent réellement dans la bonne direction. Pourtant, plus d’un millier des meilleurs scientifiques du monde entier affirment depuis des années que le réchauffement climatique met en danger les générations futures.

Le monde sortira-t-il grandi de la pandémie ? C’est à nous de travailler pour que cela arrive.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, disait le philosophe allemand Friedrich Nietzsche. Cela ne s’applique malheureusement pas à plus de 1,8 million de personnes décédées du Covid-19. Il serait donc important pour les survivants de commencer en 2021 à créer un monde d’après-pandémie meilleur que celui d’avant. Un premier constat : l’année 2020 a montré que...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut