Le Hezbollah appelle Hariri à réactiver le dossier du gouvernement

Le groupe parlementaire du Hezbollah a exhorté jeudi le Premier ministre désigné Saad Hariri à réactiver la question de la formation du gouvernement, au point mort depuis plusieurs semaines, alors que le pays est sans cabinet depuis août. Les tiraillements politiques entre le président de la République Michel Aoun et son camp d'un côté, et Saad Hariri de l'autre, autour de la répartition des postes ministériels, bloquent le processus, au moment où le Liban continue de s'enfoncer dans une grave crise.

Dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion hebdomadaire, le groupe du parti chiite a "exhorté le Premier ministre désigné Saad Hariri à réactiver la question gouvernementale et à poursuivre les consultations pour parvenir à une formule qui pourrait renforcer la stabilité et la confiance dans la juste gestion des affaires du pays et la capacité à assumer les charges qui en découlent".

Le Premier ministre Hassane Diab avait démissionné le 10 août 2020, six jours après la gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth. Moustapha Adib avait été désigné pour lui succéder, mais il avait finalement jeté l'éponge faute d'avoir pu mettre sur pied une équipe. Saad Hariri a été nommé le 22 octobre dernier afin de constituer un gouvernement de "mission" formé d'"experts", dans l'esprit de la feuille de route annoncée le 1er septembre à Beyrouth par le président français Emmanuel Macron. Mais les tiraillements politiques entre le président Aoun et son camp d'un côté, et Saad Hariri de l'autre bloquent toujours cette formation. Certains observateurs évoquent également les circonstances régionales, voire internationales, pour expliquer ce retard.

Abordant la levée des subventions sur certains biens de consommation dans une économie en lambeaux, le groupe du Hezbollah a en outre renouvelé sa position en faveur d'une "rationalisation des subventions sans leur suppression totale", en insistant sur le soutien aux denrées alimentaires de base, aux fournitures médicales et aux médicaments génériques, au diesel et au gaz domestique. Le groupe parlementaire a également appelé à trouver "un mécanisme de subvention approprié de l'essence" et à fournir ces produits à tous les Libanais sans distinction. Les autorités planchent sur un mécanisme de subvention de certains biens de consommation et de denrées essentielles, afin de mieux cibler les Libanais les plus nécessiteux, face à une dégradation continue de la livre libanaise par rapport au dollar, le billet vert s'échangeant actuellement à 8.750 LL au marché noir.

Concernant enfin la pandémie du coronavirus, et alors que le Liban a entamé jeudi son premier jour de reconfinement, la formation chiite a estimé que "le bouclage total et temporaire (...) ne devrait pas servir d'expérimentation, ou faire l'objet de tergiversation", se disant en faveur d'une limitation des exemptions accordées. Et d'appeler au "strict respect des mesures sanitaires en plus des mesures liées au bouclage".