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Moyen-Orient - Commentaire

Golfe : une crise pour rien ?

Golfe : une crise pour rien ?

Le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane lors du sommet du CCG hier à al-Ula. Ahmed Yosri/Reuters

Le Qatar a remporté son bras de fer contre ses voisins du Golfe. Le petit émirat avait déjà gagné la bataille de la communication dès les premiers mois qui ont suivi la mise en place de l’embargo de l’axe saoudo-émirati en juin 2017. La majorité des observateurs y avaient vu une réaction juvénile et dangereuse visant à faire de Doha un vassal de Riyad et d’Abou Dhabi. Mais le temps jouait tout de même en faveur de l’Arabie saoudite et ses alliés. Le Qatar avait beau faire preuve de résistance face au blocus, développer son partenariat avec l’Iran et son alliance avec la Turquie, sa prospérité économique et politique passait nécessairement par une réconciliation avec ses voisins, ou au moins par une réouverture de sa frontière avec l’Arabie et de l’espace aérien saoudien. Il était d’autant plus important pour le riche émirat de régler la situation avant la Coupe du monde de football de 2022 qui doit se dérouler sur son sol.

Le Qatar a obtenu hier ce qu’il souhaitait sans pour autant céder aux treize conditions imposées par ses adversaires – parmi lesquelles la fermeture d’al-Jazeera – pour mettre fin au blocus. Riyad a été contraint de revoir ses ambitions à la baisse – au grand dam d’Abou Dhabi pour qui le conflit avec le Qatar est plus idéologique –, la crise du Golfe devenant un énième boulet à traîner pour le prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS). L’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden, qui devrait être plus exigeant que Donald Trump vis-à-vis de l’allié saoudien, a persuadé le royaume de mettre fin à la querelle familiale, même si les différends demeurent et que la crise pourrait ressurgir. Le prince héritier a besoin de redorer son image à Washington et a intérêt à favoriser l’émergence d’un front uni dans le Golfe contre l’Iran.

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L’axe saoudo-émirati n’a toutefois pas perdu sur tous les fronts. Le Qatar s’est montré effectivement plus discret sur la scène régionale au cours de ces dernières années, laissant son allié turc sur le devant de la scène. Doha a, de plus, certainement fait des concessions, encore tenues secrètes, par rapport aux exigences de ses voisins. Plus important, le contexte a beaucoup évolué depuis 2017, si bien que la brouille paraît moins prioritaire aux yeux de MBS – ce qui est moins vrai pour son homologue émirati Mohammad ben Zayed – et que le Qatar est moins enclin à entretenir des liens de proximité avec l’Iran. C’est au nom de l’unité des pétromonarchies du Golfe contre l’Iran que MBS a accueilli hier l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, lors d’un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à al-Ula. Le rapprochement des pays du Golfe avec Israël, la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine et la volonté de la Turquie de calmer le jeu avec l’Arabie replacent la question de l’unité du Golfe contre l’Iran en tête des priorités. Doha, qui accueille la plus grande base américaine de la région, ne devrait pas se tenir à l’écart de cette nouvelle dynamique, quitte à prendre ses distances avec Téhéran. Mais la réconciliation entre les pays du Golfe pourrait être fragilisée, voire remise en question, par d’éventuelles futures escalades entre la Turquie et l’Arabie saoudite.

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