Quand les gens meurent aux portes des hopitaux, que les malades n’ont pas accès à leurs médicaments, que les vieux sont abandonnés à leur sort, que les pauvres ne peuvent ni manger ni se vêtir, que les jeunes ne sont pas scolarisés, que le chômage fait rage et que la justice est viciée...
Quand les banques n’assurent plus leurs obligations, qu’ils confisquent l’argent des déposants fruit du labeur de toute une vie, que le dollar atteint des taux effarants et que l’État est en cessation de paiement...
Quand on assiste à la déconfiture de l’État provoquée par des vautours dépeçant les biens publics jusqu’au dernier os et des escrocs se gavant de pots-de-vin à chaque projet ou adjudication quand ils ne sont pas conclus de gré à gré...
Quand il y a un État dans l’État, que l’armée nationale n’est pas la seule à détenir des armes et n’a pas l’exclusivité de décider de la paix ou de la guerre...
Quand tous les agissements des politiciens sont mus par des volontés de domination ou de vengeance et n’ont d’autre but que de les mener à des postes de premier ordre et de placer leurs partisans à des fonctions-clés pour que tout le monde se remplisse mieux poches et besaces...
Quand la justice veut trouver les coupables de l’effroyable tragédie du 4 août et déterminer les responsabilités des auteurs de ce cataclysme, on voit des personnes qui sont censées diriger le pays et aider les enquêteurs se rebeller contre la justice en invoquant je ne sais quelle immunité ou se protéger derrière les griffes de leurs communautés respectives...
Quand il faut des mois pour former un gouvernement, des années pour élire un président de la République et que les séances du Parlement sont tributaires du bon vouloir de tel ou tel...
Quand notre nation inspire sympathie et compassion à plusieurs dirigeants du monde lorsqu’elle n’est pas la risée de la communauté internationale, du temps où le LIBAN était envié pour son secteur bancaire, ses services, ses universités, ses hôpitaux, son tourisme, son climat, sa nature, sa gastronomie, l’accueil de ses concitoyens...
Quand on assiste à ce degré d’effritement effroyable, de débâcle irréversible, de désastre terrifiant, nous atteignons un niveau de désespoir et de désolation qui nous amène à aliéner une certaine dose de liberté, d’autonomie et d’émancipation : en plein XXIe siècle pendant que les peuples aspirent à demander leur indépendance et que les États renforcent leur souveraineté, nous Libanais nous en venons à souhaiter un mandat ou un protectorat.
Bien qu’il y ait un potentiel humain des plus qualifiés pour diriger le pays, il semble que nous n’étions pas mûrs pour nous gérer ou que l’on ne nous laisse pas (pour être dans le vent) être autonomes.
Notre situation géopolitique est un grand handicap, nos voisins proches et lointains interviennent pour nous déstabiliser.
Nous implorons donc les pays amis du LIBAN et spécialement l’ONU de venir à notre rescousse soit par l’article 7 de la Charte des Nations unies, soit par n’importe quelle autre formule de protection, de nous secourir et nous sortir de cette impasse inextricable.
J’écris cela avec peine et amertume, mais je vous conjure de me donner d’autres solutions, je vous en serais entièrement reconnaissant.
En voyant le dernier soldat français quitter le Liban, mon père avait fondu en larmes. Je n’avais jamais compris sa réaction, aujourd’hui je sais qu’il n’avait pas tort.
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J'AVOUE A MON CORPS DEFENDANT QUE LE GN/DEPUTE J AL SAYED A CLOTURE SON TALK SHOW SUR LA LBC DE LA MEILLEURE FACON HONNETE POSSIBLE: RIEN A ESPERER .
10 h 35, le 30 décembre 2020