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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE

En Iran, l’exécution sommaire du journaliste Rouhollah Zam

Le dissident politique a été pendu samedi, après avoir été condamné en juin dernier pour « diffusion de la corruption dans le monde ».

En Iran, l’exécution sommaire du journaliste Rouhollah Zam

Rouhollah Zam lors de son procès devant la cour révolutionnaire de Téhéran, le 2 juin 2020. Photo AFP

La nouvelle est tombée samedi sur la chaîne de télévision publique iranienne, IRIB (Radio-télévision de la République islamique d’Iran). Le journaliste et dissident politique Rouhollah Zam a été pendu après avoir été condamné à mort par la cour révolutionnaire de Téhéran, en juin dernier, pour « diffusion de la corruption dans le monde ». Mais derrière la mise en cause officielle se trouve une charge très politique, estiment les observateurs. L’homme, qui était à la tête du média antipouvoir AmadNews, a été jugé pour son activité publique. Le site en ligne AmadNews, qui bénéficie de plus d’un million de followers via l’application Telegram, est accusé d’avoir diffusé des vidéos de manifestations antipouvoir et d’avoir révélé des informations concernant l’implication de plusieurs personnalités dans des affaires de corruption. D’après les médias locaux, dont l’agence semi-officielle Fars News Agency, les autorités ont également accusé le média « d’espionnage » pour la France et Israël, de « coopération avec un pays hostile, les États-Unis », de « crimes contre la sécurité nationale » et de « diffusion de propagandes contre le système ».

Au-delà des charges générales, le média est pointé du doigt pour sa participation aux manifestations antipouvoir de 2017-2018.

« AmadNews, qui peut parfois publier des informations inexactes, a joué un rôle décisif en encourageant le mouvement », remarque Tara Sepehri Far, chercheuse à Human Rights Watch. Les autorités nationales avaient déjà mis en cause des puissances extérieures telles que les États-Unis ou l’Arabie saoudite, rival régional de Téhéran, ainsi que des opposants iraniens basés à l’extérieur du pays d’avoir fomenté le mouvement de contestation nationale au cours duquel des centaines de personnes ont été arrêtées et 21 autres tuées, d’après des sources officielles. « Les autorités anticipent désormais les mouvements de grande ampleur en s’assurant de garder le contrôle sur ceux qui seraient en mesure de les déclencher », remarque Tara Sepheri Far.

Les conditions du jugement de Rouhollah Zam sont, elles, bien plus floues. En juillet, les autorités ont diffusé des images de l’homme confessant ses crimes lors d’un programme télévisé. Mais pour beaucoup d’observateurs extérieurs, l’affaire présente de nombreuses zones d’ombre. « Un cas parmi les plus inhabituels, où les autorités ont exécuté une personne, qui était à la tête d’un média, sur des charges vagues et non fondées », observe Tara Sepheri Far. La famille du détenu l’aurait visité pour la dernière fois en prison la veille de son exécution, affirmant que ni lui ni ses proches n’avaient été informés de la planification de l’exécution.

Questionnement sur le timing

Mais c’est surtout le timing de l’exécution qui a surpris. « Le jugement final a été annoncé puis exécuté entre mardi (8 décembre) et samedi (12 décembre), ce qui est particulièrement expéditif », affirme Tara Sepheri Far. « Très peu de cas vont de la condamnation à l’exécution du jugement en si peu de temps », estime l’avocat irano-américain Mani Mostofi, sur son compte Twitter. Pour certains observateurs, la précipitation du jugement aurait été motivée par la volonté d’éviter une campagne internationale en faveur du condamné. Mais la campagne n’aurait pas été un « facteur décisif de la décision », rétorque Tara Sepehri Far. Les « autorités au plus haut niveau » ont été mobilisées dans cette affaire afin qu’elle soit expédiée, estime cette dernière. Un procès politique « drapé sous le voile d’un procès juridique » davantage qu’une « véritable condamnation pénale », estime Mani Mostofi sur Twitter.

Rouhollah Zam s’était échappé d’Iran en 2009, suite aux manifestations qui ont émergé au lendemain des élections, afin de s’établir en France où il a demandé l’asile. Le militant aurait quitté la France en octobre 2019, selon le ministère français des Affaires étrangères. Il aurait ensuite été conduit en Irak, où il aurait été kidnappé par les gardiens de la révolution avec l’aide des services de renseignements irakiens, avant d’être ramené par la force en Iran où il a été détenu et torturé. Les circonstances et le lieu exact de sa détention demeurent flous. Mais d’après les informations communiquées par son père, le militant aurait été privé de contact avec sa famille et ses avocats pendant neuf mois. Le jeune homme n’aurait été autorisé à communiquer qu’avec un avocat attribué par la cour en présence des services de renseignements et de sécurité.

L’affaire replace la situation des droits de l’homme en Iran au cœur des préoccupations internationales. L’Union européenne a appelé samedi dans un communiqué les autorités iraniennes à « cesser l’usage des confessions à la télévision afin d’établir ou de promouvoir la culpabilité des personnes jugées », considérant la peine de mort comme « une peine inhumaine et cruelle ». En réponse aux réactions occidentales, les autorités iraniennes ont convoqué hier l’ambassadeur de France, ainsi que l’ambassadeur d’Allemagne, actuellement à la présidence de l’Union européenne.

De nombreuses organisations de défense des droits de l’homme ont également rappelé que l’usage de la peine de mort était illégal au regard du droit international, qui estime que la condamnation doit être réservée aux crimes les plus graves impliquant un meurtre intentionnel. « Un coup fatal porté à la liberté d’expression en Iran, qui montre toute l’ampleur de la brutalité des méthodes iraniennes », estime Amnesty international dans un communiqué.

L’Iran serait l’un des pays les plus répressifs à l’encontre des journalistes depuis 40 ans, d’après Reporters sans frontières, qui estime qu’au moins 860 journalistes ou citoyens-journalistes aurait été emprisonnés ou exécutés dans le pays depuis 1979. « L’Iran exécute des individus pour des crimes qui ne sont pas considérés comme les plus graves. Il s’agit parfois de mineurs. L’année dernière seulement, plus de 230 personnes ont été exécutées », dénonce Tara Sepheri Far.

La nouvelle est tombée samedi sur la chaîne de télévision publique iranienne, IRIB (Radio-télévision de la République islamique d’Iran). Le journaliste et dissident politique Rouhollah Zam a été pendu après avoir été condamné à mort par la cour révolutionnaire de Téhéran, en juin dernier, pour « diffusion de la corruption dans le monde ». Mais derrière la mise en...

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L horreur absolue en Iran ....et les mollahs diaboliques osent penser que les USA vont lever les sanctions......

HABIBI FRANCAIS

08 h 14, le 14 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • L horreur absolue en Iran ....et les mollahs diaboliques osent penser que les USA vont lever les sanctions......

    HABIBI FRANCAIS

    08 h 14, le 14 décembre 2020

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