Le Barreau de Beyrouth a apporté vendredi son soutien au procureur général près la Cour de justice, le juge Fadi Sawan, en charge de l'enquête sur la double explosion du 4 août au port de Beyrouth. Celui-ci fait l'objet de violentes critiques de la part de certains milieux politiques après avoir inculpé jeudi le Premier ministre démissionnaire et trois anciens ministres pour négligence. Le Barreau a appelé à poursuivre l'enquête et à "inculper d'autres acteurs politiques et sécuritaires".
"Ce que le juge Sawan a fait relève de ses fonctions de magistrat et cela ne peut en aucun cas être considéré comme une violation de la Constitution. Ce que nous demandons au procureur général près la Cour de justice, ce sont davantage d'accusations qui engloberaient tous les acteurs politiques, sécuritaires et autres", a affirmé le Barreau de Beyrouth, regrettant "le ciblage" dont M. Sawan fait l'objet depuis hier. "La loi et la jurisprudence permettent à l'enquêteur d'interroger qui il souhaite, sans que ne soit invoquée l'immunité constitutionnelle, juridique ou politique", a-t-il rappelé. "Toute attaque personnelle est une attaque contre le Barreau dans son ensemble", a-t-il poursuivi en signe de solidarité.
"La justice est pour tous et tous doivent s'y soumettre, surtout quand il s'agit de rendre justice à des milliers de citoyens, victimes du plus grand crime ayant secoué la nation", a souligné le Barreau, en approbation de la décision en ce sens publiée hier par le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf.
Le Barreau a ajouté qu'il suivait le rythme "des procédures judiciaires émises par l'enquêteur judiciaire Fadi Sawan et salué les mesures audacieuses qu'il a prises concernant la décision d'interroger certains responsables, pour parvenir à la vérité, abandonnant toutes les réserves confessionnelles, politiques et sécuritaires."
Il s'agit des premières inculpations de responsables politiques annoncées quatre mois après le drame qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, et détruit le port et plusieurs quartiers de Beyrouth. Selon une source judiciaire qui a requis l'anonymat citée par l'AFP, M. Diab ainsi que l'ancien ministre des Finances Ali Hassan Khalil, et les anciens ministres des Travaux publics Youssef Fenianos et Ghazi Zeaïter ont été inculpés pour "négligence et pour avoir provoqué la mort et des nuisances à des centaines de personnes".
Réagissant aux critiques de la présidence du gouvernement, le Conseil supérieur de la magistrature a aussi défendu la décision du juge Sawan, prise selon lui dans le respect des usages juridiques et scientifiques requis dans ce genre de crimes et à l’issue d’une enquête menée "avec minutie et prudence".
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