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Société - Explosion du 4 août

Reconstruction et planification urbaine vont de pair à Bourj Hammoud

La municipalité et UN-Habitat conjuguent leurs efforts pour sécuriser en priorité les habitations endommagées.

Reconstruction et planification urbaine vont de pair à Bourj Hammoud

La vie reprend progressivement à Nabaa et à Bourj Hammoud. Photo tirée du site officiel de UN-Habitat/ Synne Bergby

Les rues de Bourj Hammoud et de Nabaa sont de nouveau accessibles et certains commerces ont commencé à rouvrir leurs portes. La vie revient petit à petit dans ces deux quartiers populaires à l’entrée nord de Beyrouth, dévastés par la double explosion de nitrate d’ammonium le 4 août au port de Beyrouth. À l’instar de Gemmayzé, Mar Mikhaël, Saïfi et Achrafieh, Bourj Hammoud, qui est en même temps un quartier résidentiel, commercial et industriel, ainsi que Nabaa se remettent lentement de leurs blessures, grâce notamment aux efforts fournis par de très nombreuses associations libanaises et internationales et à la solidarité des habitants. Si la vie y renaît, tout est loin d’être rentré dans l’ordre. Plusieurs logements soufflés ou endommagés n’ont toujours pas été réparés et avec le début de la saison des pluies, le problème se pose avec acuité, d’autant qu’une partie seulement de la population a pu être relogée.

Et pour cause : la double explosion au port a fragilisé plusieurs constructions de Bourj Hammoud et Nabaa, dont le bâtiment de la municipalité. Ce cataclysme a mis en relief l’impératif de gestion des bâtiments et leur rénovation, d’autant qu’il affecte un rayon de 3 kilomètres densément peuplé, avec environ 77 000 appartements dans près de 10 000 bâtiments, occupés par des dizaines de milliers de personnes.

La municipalité de Bourj Hammoud, engagée depuis 2017 avec UN-Habitat dans un projet de gestion urbaine des deux quartiers, grâce à un financement de l’Agence italienne de coopération au développement (AICD), met aujourd’hui les bouchées doubles afin d’effacer le plus rapidement possible les stigmates de la tragédie du 4 août. À la demande du conseil municipal, UN-Habitat a répertorié rapidement les dégâts matériels dans le quartier, particulièrement dans les zones considérées comme étant vulnérables au plan socio-économique, et dont les habitants ont besoin d’une aide urgente afin d’être relogés. À cette fin, des bénévoles opérant avec des ONG qui s’étaient immédiatement investis sur le terrain, des universitaires et des agents municipaux ont été formés à remplir un « formulaire d’évaluation rapide de la sécurité », en vue d’une inspection des bâtiments, de l’établissement d’un ordre des priorités et d’un calendrier-programme des travaux. Le fait d’identifier l’état de chacun des bâtiments devrait permettre de donner à la municipalité la possibilité de renforcer les constructions fragiles et à un maximum de familles de regagner leurs domiciles dans des délais raisonnables.

Une application mobile mise en place

Ce formulaire a été mis à disposition des bénévoles via une application mobile, « The Geopal Mobile », afin de faciliter son utilisation, de centraliser et d’analyser les résultats : http://www.atcouncil.org/pdfs/ATC45Rapid.pdf.

Cette application est disponible depuis n’importe quel téléphone mobile. Elle permet à chacun d’avoir un support sur lequel il lui est possible de noter rapidement et de façon simplifiée les résultats de ses observations. Sur l’application, sont directement remplies les informations visuelles sur le bâti, à savoir l’examen de l’aspect extérieur du bâtiment, le sol et le trottoir autour du bâtiment (exemple : présence de fissure, mouvement de terrain, etc.). Par la suite, et lorsque cela est jugé nécessaire par l’observateur, l’application permet une évaluation de l’état de la structure intérieure. Tous les bâtiments dont l’état est douteux et qui peuvent présenter un danger doivent être signalés à travers elle. Ils feront ainsi l’objet d’une évaluation plus détaillée qui permettra de déterminer s’ils sont habitables ou pas. En cas de danger ou de même de doute, les bâtiments, s’ils sont encore occupés, doivent être évacués. Entre-temps, les résidents sont notifiés des sources de danger. La municipalité émet alors un avis d’évacuation et alerte le Haut Comité de secours.

Cette application a déjà permis de déterminer que sur le territoire dépendant de la municipalité de Bourj Hammoud, 55 % des 4 000 bâtiments inspectés avaient été endommagés par la double explosion. Les procédures ont été consécutivement lancées par le conseil municipal afin de signaler ces immeubles et de mobiliser les instances et les organismes qui participent et participeront à la reconstruction.

Il faut dire que la municipalité de Bourj Hammoud est engagée depuis plusieurs années avec UN-Habitat, dans la perspective d’un développement urbain réfléchi, d’autant que ce quartier surpeuplé a été confronté à des destructions lors de la guerre, avant d’accueillir des vagues de migrants et de réfugiés qui ont accentué les problèmes liés à une explosion urbaine non planifiée. En peu de temps, le nombre de logements a augmenté de façon considérable, répondant généralement à une situation d’urgence, sans suivre une stratégie de planification particulière. Beaucoup de bâtiments constitués à l’origine de logements en rez-de-chaussée ont vite pris de la hauteur. Avec l’arrivée massive de familles de réfugiés syriens, la population libanaise du quartier a progressivement migré, d’autant que la paupérisation alliée au développement vertical du bâti a en partie contribué à la dégradation du quartier.

C’est pour cette raison précise d’ailleurs que la municipalité de Bourj Hammoud a lancé, en 2017, avec UN-Habitat, une étude axée sur le quartier de Nabaa, afin d’établir une stratégie de planification incluant la gestion du bâti. Dans cette zone, des interventions ont été proposées pour améliorer notamment les conditions structurelles, les parties communes des bâtiments et leur accès. Le chantier en cours s’inscrit dans le prolongement de ce projet, mais il est évident qu’avec le cataclysme du 4 août et la crise socio-économique, qui aggrave l’urgence des travaux, c’est une véritable course contre la montre qui s’est engagée pour sécuriser les logements recensés et les rendre de nouveau habitables dans les délais les plus brefs.

*Président de Cités unies Liban, un réseau mondial de villes, gouvernements locaux, régionaux et métropolitains et leurs associations respectives, et directeur du Bureau technique des villes libanaises.

**Chargée de communication.

Les rues de Bourj Hammoud et de Nabaa sont de nouveau accessibles et certains commerces ont commencé à rouvrir leurs portes. La vie revient petit à petit dans ces deux quartiers populaires à l’entrée nord de Beyrouth, dévastés par la double explosion de nitrate d’ammonium le 4 août au port de Beyrouth. À l’instar de Gemmayzé, Mar Mikhaël, Saïfi et Achrafieh, Bourj Hammoud, qui...

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